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Commentaire de texte l'odeur de pension dans le père Goriot

Publié le 05/09/2018

Extrait du document

3/ Des objets reflet des êtres
· Les objets sont pour Balzac le reflet des êtres. 
· Ils annoncent la venue des pensionnaires et laissent pressentir une société misérable.
· Au fil du texte, ils sont même assimilés à des personnes. Cette personnification se développe à partir du mot « hospice » précisé par l’allusion à « l’hospice des Incurables », lieu par excellence de la misère et de l’exclusion.
· Ainsi, les « chaises » sont «estropiées », les « paillassons piteux », les « chaufferettes misérables », « les charnières défaites ».
· Finalement le mobilier est carrément assimilé, en une accumulation hallucinante d’adjectifs, à un moribond : « ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant ». La bouffonnerie grisante de cette énumération produit un effet comique d’humour noir.
· Le spectacle s’est peu à peu mué en une vision d’apocalypse : la salle à manger prend la forme d’un monde humain dérisoire. Le mot « apocalypse » veut d’ailleurs dire « révélation » et ce décor révèle bien les êtres !
· Dépossédés de leur valeur décorative et utilitaire, les objets sont réduits à leur fonction symbolique. Leur laideur, leur hétérogénéité, leur mauvais goût deviennent métaphoriquement les signes tangibles de la déchéance et de la médiocrité d’un groupe social à la dérive. 
Conclusion
· En conclusion, cet extrait n’est pas simplement l’évocation d’un lieu.
· Balzac écrira plus loin à propos de Mme Vauquer : « toute sa personne explique la pension comme la pension implique sa personne ».
· A travers le décor, Balzac laisse donc également pressentir la misère des pensionnaires. Les objets sont traités comme un terrain d’investigation sociologique.
· Mais la réalité n’est pas seulement l’occasion d’un documentaire, elle est transfigurée par l’imagination d’un poète qui déchiffre les données visibles en les projetant dans une perspective épique et symbolique.

« Etude I/ L’odeur du salon 1/ Une évocation réaliste · Le début du texte est une tentative d’objectivité. · Le choix du conditionnel « Il faudrait » (l.1) au lieu d’un indicatif reflète l’absence de parti pris · Les expressions de présentation adoptent également la rigueur scientifique : elles sont neutres, à la forme passive ou impersonnelle : « Cette salle...fut jadis », « Elle est plaquée de buffets », « dans un angle est p^lacée... », « Il s’y rencontre des meubles ». · La périphrase « l’odeur de pension » écrite en italique est explicite pour le lecteur du XIX ème siècle ou du début du XX ème siècle.

Dans un tout autre contexte, nous serions réceptifs au message d’un narrateur qui évoquerait aujourd’hui l’odeur du métro. 2/ Une écriture anti -idéaliste · Cette description est réaliste dans la mesure où Balzac se refuse à idéaliser la réalité à la manière des romantiques. · Il cherche à reproduire les objets tels qu’ils sont, y compris dans leur abjection. · Pour nous faire découvrir ces lieux pouilleux et misérables, il adopte la position d’un visiteur qui les découvrirait pour la première fois. · Cet aspect se révèle dans la tonalité péjorative des caractérisations juxtaposées : « elle sent le renfermé, le moisi, le rance ».

Le mot sans doute le plus juste « elle pue » à une connotation d’un réalisme agressif. · Balzac fait ce que l’on appelle au XIX ème siècle un physiologie c’est-à-dire une description réaliste presque clinique en soulignant volontairement les aspects les plus médicaux, les humeurs et les sécrétions. · Cette investigation méthodique emprunte aussi un vocabulaire de la chimie et de la médecine, elle débouche sur une hypothèse de travail : « Peut-être pourrait-elle se décrire si l’on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu’y jettent les « atmosphères catarrhales et.

sui generis de chaque pensionnaire ». · L’odeur se présente ainsi comme un produit chimique dont le narrateur-enquêteur cherche à déchiffrer la formule. 3/ La sensation physique des lieux · Balzac veut que nous ayons la sensation physique des lieux qu’il écrit. · La vue joue un rôle primordial : les objets sont recensés par un regard d’une acuité extrême.

· Tout est indiqué : couleur, matière première, origine de fabrication.

La salle à manger est « entièrement boisée », les « assiettes en porcelaine épaisse, à bords bleus » ont été fabriquées « à Tournai » ; le « cartel » est « en écaille incrustée de cuivre » etc. · Balzac a un souci d’exhaustivité, un désir de reproduire la totalité du réel, comme en témoigne la longue liste finale : « un baromètre », « des gravures », « un cartel », « des chaises », « des paillasses », « des chaufferettes ».

Ce bric à brac de mauvais goût, où s’entassent des objets hétéroclites, nous donne une sensation de vertige et de malaise. · Par l’odorat qui des cinq sens celui qui nous immerge le plus profondément au cœur des choses et des êtres, nous pénétrons dans l’intimité des de cet endroit : nous en saisissons l’unité organique.

Le visiteur est en effet agressé par une odeur fétide et nauséabonde qui est comme l’essence des lieux, avant même leur découverte. · Les éléments de la description, disparates sur le plan visuel, sont reliés par des sensations tactiles d’humidité, de crasse et de graisse : odeur « humide au nez », « buffets gluants », « poussière » qui « se combine avec l’huile », « toile cirée grasse ».. »

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