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Commentaire entièrement rédigé de l'assomoir

Publié le 05/09/2018

Extrait du document

Enfin, à l’admiration s’adjoint un sentiment proche de la vénération car le forgeron prend une couleur mythique, comme s’il figurait une image sainte. C’est à proprement parlerl’apothéose dont il s’agit. La gradation de la ligne 18 est révélatrice de ce point culminant du texte : « il devenait beau, tout puissant, comme un Bon Dieu ». Le forgeron finit donc même par être comparé à Dieu : Le lecteur ne peut donc nier que cette perception surréaliste du personnage ne peut être que celle de la femme amoureuse qu’est Gervaise.
Dans les yeux de Gervaise, Goujet devient donc un héros d’épopée, galant de l’amour courtois, qui réalise un exploit pour sa belle, à la fois fort et délicat : il rassemble toutes les vertus de ce héros fantasmé.


* * *

Le texte mène donc Gervaise et le lecteur en visite dans un atelier de boulonnerie et l’on est ainsi pénétré de respect et d’admiration pour le travail du forgeron grâce à la précision documentaire de Zola. Cependant, il faut noter que nous nous trouvons insensiblement plongés dans un portrait magnifié par le regard amoureux de Gervaise qui, bouleversée par ses émotions ne peut brosser de l’ouvrier qu’un portrait magnifié. Nous aboutissons enfin à une atmosphère fantastique, en contemplation devant un être exceptionnel, héroïque : La Gueule d’or est assimilé à un héros épique, exceptionnel, presque divin. Un tel texte montre à lui seul combien les détracteurs du naturalisme ont eu tort en reprochant notamment à Zola de se complaire dans l’échec, la crasse et le sordide.

« D’abord, le regard de Gervaise présente un portrait physique magnifié de la « Gueule d’Or ».

L’héroïne ne cache pas son intérêt pour le l’aspect physique de cet homme de chair et d’os comme le souligne la forte présence du champs lexical du corps avec « cou », « muscles », « poitrine » cheveux », » tempes » « épaules ».

Gervaise est sensible à chaque détail physique et sensible à sa « poitrine vaste » (l.15).

La Gueule d’or n’est plus un ouvrier fabriquant un banal boulon, ce qui prouve à quel point Gervaise est séduite par le corps de la Gueule d’or. De plus, cette fascination pour le corps de la Gueule d’or est confirmée et amplifiée avec une approche sensuelle, voire érotique.

La poitrine « vaste, large, à y coucher une femme en travers..

» (L.15) est une expression très suggestive de l’acte sexuel.

Cette interprétation se vérifie par l’allusion aux « coups répétés » (L.8), à la respiration « à chaque coup » L.20, mais aussi par « les muscles qui se gonflent » et « la chair qui durcit » (L.17) Le tout se passe dans une forge ou la chaleur est intense et propice à la montée du désir. Cette perception est toujours celle de Gervaise qui est troublée par cet homme et projette ses aspirations plus ou moins conscientes sur le spectacle qui lui est offert. Néanmoins, le lecteur prend conscience des commentaires maladroits de Gervaise et comprend, de ce fait, que le portrait est perçu avant tout, à travers le prisme de son regard.

En effet, le style de Zola reproduit par ses répétitions ou ses commentaires maladroits ou familiers l’expression d’une fascination qui ne trouve pas vraiment ses mots comme l’expression « sans mentir », ou la métaphore « une vraie figure d’or », ou encore la comparaison « des épaules et des bras sculptés qui paraissaient copiés sur ceux d’un géant dans un musée » (l.14).

C’est donc plus la voix de Gervaise que celle de l’auteur qui est entendue et elle aiguise l’esprit critique du lecteur. Ainsi, le regard valorisant et trompeur de Gervaise mène peu à peu le texte dans une nouvelle direction : le personnage de la Gueule d’or prend alors la dimension d’une vision épique. * * * De fait, la lumière est projetée sur l’ouvrier, qui est ainsi mis en valeur comme un personnage épique.

Eclairé par la flamme de la forge, la tête de l’ouvrier capte donc l’attention de la jeune femme.

La métaphore de la ligne 11 : « ses cheveux…sa belle barbe jaune aux anneaux tombants s’allumaient, lui éclairaient toute la figure de leurs fils d’or… », « Il faisait de la clarté autour de lui » transforme le personnage.

La référence à l’or et par là même au surnom « Gueule d’or » le rangent dans la catégorie des personnages héroïques, exceptionnels.

Bien des éléments concourent à l’explosion visionnaire finale : les feux de la forge, endroit chargé de mystère, sont propices, par leur éclat intermittent et leur jeu d’ombres et de lumière à une transfiguration des formes. Dès lors, on quitte le réel pour l’exagération épique.

L’hyperbole « quand il prenait son élan, on voyait des montagnes de chair roulant et durcissant sur la peau » introduite cette exagération et son cou est comparé «à une colonne » ou une statue que l’on érigerait à l’honneur d’un héros mythique.

L’allégorie du marteau prend une importance toute particulière dans ce portrait héroïque.

Le marteau porte en effet un prénom et semble indissociable de son maître comme c’était le cas pour les chevaliers qui donnaient un nom à leurs épées.

C’est à ce genre de personnage que le forgeron est étonnamment assimilé Enfin, à l’admiration s’adjoint un sentiment proche de la vénération car le forgeron prend une couleur mythique, comme s’il figurait une image sainte.

C’est à proprement parler l’apothéose dont il s’agit.

La gradation de la ligne 18 est révélatrice de ce point culminant du texte : « il devenait. »

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