COMPRENDRE L'ÎLE DES ESCLAVES
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
La diversité des références
II ne faudrait pas s'y perdre. Marivaux situe prudemment
l'action de sa pièce dans l'Antiquité. Certains personnages
viennent d'Athènes et portent des noms d'origine grecque
(Iphicrate, Euphrosine et Cléanthis). Arlequin et Cléanthis sont
des « esclaves « ; Trivelin veille au respect des lois de la
« république « et fait des naufragés des « citoyens «.
Mais cette Antiquité paraît bien conventionnelle. Les
références à la réalité du temps abondent. Dans les portraits
que les valets font de leurs maîtres, les spectateurs de 1725
pouvaient reconnaître les moeurs de leur époque : les allusions
aux pratiques de la mondanité, les détails très quotidiens
(usages des visites, vêtements féminins), la peinture des
rapports entre maîtres et valets, par exemple, procuraient
certainement un « effet de réel «. Les personnages de la pièce
sont bien des figures du xviii e siècle.
Enfin, Marivaux n'hésite pas à utiliser la tradition italienne.
Trivelin et Arlequin sont des noms de valets de la commedia
dell'arte. Les plaisanteries d'Arlequin, son goût pour la boisson,
ses rappels des coups de bâton marquent, dans le texte, cette
origine italienne.
Une volonté de dépaysement
II semble, en fait, qu'en amalgamant diverses références,
Marivaux entende transposer dans un ailleurs fictif une peinture
bien réelle du temps. Certains metteurs en scène du XXe siècle
ont été sensibles à cette volonté de « dépaysement «. Beaucoup
«
PREMIÈRE APPROCHE
littérature.
Sa collaboration avec les comédiens-italiens, de
retour à Paris en 1716, commence par deux comédies : l'Amour
et la Vérité et Arlequin poli par l'amour, dont seule la seconde
a du succès.
Sa tragédie la Mort d'Annibal, jouée par les
comédiens-français, est un échec.
1721-1724.
Marivaux journaliste : dans les publications échelonnées du
Spectateur français, il observe la vie quotidienne, alternant tous
les tons.
Son activité théâtrale se poursuit : la Surprise de
l'amour (1722), la Double Inconstance (1723), le Prince travesti et
la Fausse Suivante (1724) sont joués par les comédiens-italiens.
Échec du Dénouement imprévu, au Théâtre-Français.
Sa femme
meurt en 1723.
1725.
Le 5 mars est créée l'île des esclaves au Théâtre-Italien.
Énorme
réussite : vingt et une représentations.
La pièce est jouée
devant la cour le 13 mars et est publiée en avril.
Moindre
succès pour l'Héritier de village.
1726-1730.
Une comédie, la Seconde Surprise
de l'amour, et un nouvel écrit
journalistique, l'Indigent philosophe
(1727).
Marivaux exploite à nou-
veau l'idée de « l'île utopique »
dans l'île de la raison (Théâtre-
Français, 1727) et la Nouvelle Colonie
ou la Ligue des femmes (de cette
pièce, créée au Théâtre-Italien en
1729, ne subsiste aujourd'hui
qu'une version en un acte, publiée
Mme de Tencin.
en 1750).
1730.
Marivaux fréquente les salons littéraires : il est assidu chez
Mme de Lambert.
On le verra ensuite chez Mmc de Tencin et
UNE VIE POUR L'ÉCRITURE
Mme du Deffand.
Il se rendra chez Mme Geoffrin après la
mort de Mme de Tencin en 1749.
Le Jeu de l'amour et du hasard
est une comédie créée au Théâtre-Italien et très appréciée à
la cour.
1731-1741.
Le romancier travaille beaucoup : la publication de la Vie de
Marianne ou les Aventures de Madame la Comtesse de ...
s'étend
sur dix ans.
En 1734 et 1735 paraît le Paysan parvenu.
Marivaux
n'en néglige pas pour autant le journalisme {le Cabinet du
philosophe, 1734), et encore moins le théâtre : il écrit au moins
une pièce par an, dont le Triomphe de l'amour, les Serments
indiscrets (1732) et les Fausses Confidences (1737).
1742.
Marivaux est élu à l'Académie française.
Il y lira régulièrement
des « réflexions » sur des sujets philosophiques, moraux et
littéraires.
Il retouche une comédie de Rousseau : Narcisse.
1744.
Il habite vraisemblablement avec Mlle de Saint-Jean, avec qui
il sera lié jusqu'à sa mort.
Création de la Dispute, sans succès.
1746.
Sa fille entre au couvent, protégée par le duc d'Orléans.
1747-1760.
Alors qu'une traduction de certaines de ses pièces paraît en
Allemagne, Marivaux ne compose plus que quelques comédies
et écrits de réflexion.
1763.
Malade depuis 1758, il meurt sans aucune fortune.
6
7.
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