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CONON DE BÉTHUNE : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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CONON DE BÉTHUNE (milieu du XIIe-1219). Trouvère de la fin du xiie siècle appa.iènté à la famille de Hainaut. Conon de Béthune est lTn des modèles du trouvère-chevalier, dont l’ambition est à la fois de passer, au regard de l'aristocratie — à laquelle il appartient —, pour un grand poète et d’incarner les valeurs auxquelles la poésie courtoise confère une dignité nouvelle.

 

Conon vient à la cour de France vers 1180, sans doute à l’occasion du mariage de Philippe Auguste : le roi et la reine mère, Alix de Champagne, demandent à l’entendre. Il participe à la troisième et à la quatrième croisade, illustrant ainsi l’alliance des lettres et des armes, idéal de toute courtoisie. Villehardouin, qui lui témoigne de l’estime, cite le discours que notre trouvère fit en réponse au messager de l’empereur de Constantinople Alexis. Aux talents du poète s’ajoutent donc ceux du négociateur.

 

Quatorze chansons lui ont été attribuées, mais cette attribution est parfois douteuse. Dix d’entre elles, au plus, seraient réellement de Conon. Il s’agit de chansons courtoises et de chansons de croisade. L’attribution de ces dernières est certaine. Les chansons d’amour développent les thèmes de la lyrique traditionnelle, mais en les épurant; jamatS n'apparaît le thème de la possession physique de la dame. Diatribes contre les faux amants, désespoir d'avoir été délaissé, pudeur et timidité retardant l'aveu ou même l’éludant, débat spirituel entre une dame et un chevalie» : telle est la matière des chansons de Conon. Le ton va du sarcasme à la lamentation, de la véhémence à la déclaration d'amour discrète mais décidée.

 

Les deux chansons de croisade sont d’un style mâle et vigoureux. Les chansons courtoises sont d’un style limpide, réaliste et gracieux, et le sentiment semble

« moins convenu que dans la production lyrique contem­ poraine; au milieu des lieux communs obligés se glisse parfois une allusion nettement biographique : nous apprenons ainsi que ses royaux auditeurs lui ont reproché indélicatement, devant témoins et, surtout, devant la dame de ses pensées -qui pourrait bien être Marie de Champagne -, son accent arrageois.

Confidence inté­ ressante, qui nous confirme qu'à cette époque le francien commençait à être considéré comme la référence du bon langage.

Les vers le plus fréquemment utilisés sont le décasyl­ labe et le vers de sept syllabes, parfois les vers de quatre ou six syllabes.

La césure du décasyllabe se place après le quatrième pied, et l'on trouve quelques exemples de césure lyrique ( « Quant la dame/se tient cointe et atome » = 4 + 6).

La strophe comporte ordinairement huit vers, parfois sept.

Plusieurs chansons possèdent la même structure strophique, fait relativement rare alors, et proscrit par les troubadours du pays d'oc.

Le nombre des strophes varie de deux à six, et celles-ci s'unissent généralement deux à deux par la rime, que le trouvère préfère à 1 'assonance.

Par la virtuosité de sa technique, la fermeté de son style, qui ignore la monotonie, Conon de Béthune est l'un de nos plus grands trouvères; par sa verve très per­ sonnelle, par l'ardeur qu'il introduit dans le lyrisme, par l'intrusion de sa vie réelle dans sa poésie, il se distingue de la plupart de ses contemporains.

BIBLIOGRAPHIE Édition.

-Axel Wallensktild, Helsingfors, 1891; Poèmes d'amour des xr. »

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