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CORBIÈRE (Édouard, dit Tristan)

Publié le 21/02/2019

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CORBIÈRE (Édouard, dit Tristan), poète français (Coat-Congar 1845 - Morlaix 1875). « On m'a manqué ma vie », écrit celui qui dès l'adolescence fut voué par la maladie (rhumatisme aigu, peut-être tuberculose) à l'infirmité, à la difformité, à la mort précoce. Pires, la vie rognée par l'insomnie, et surtout, brusquement brisés, les rêves si vastes de naviguer, de dominer. Quelques mois en Italie, quelques séjours à Paris, une passion éphémère et mauvaise, des farces de rapin à Roscoff, cette résidence obligée pour son climat si doux : pitre et bourreau de soi-même, Corbière est rivé au dérisoire. « Je suis là mais comme une rature... », écrit-il face au père puissant, Édouard (1793-1875), brillant auteur du Négrier, navigateur et notable, qui jamais, dit-on, ne lira la grande œuvre de Tristan, à lui dédiée, jamais n'entendra ce rire jaune des Amours jaunes (1873) qui séduisit Verlaine, Laforgue et Breton. Il ne restait plus au poète qu'à détruire le monde, à le mettre à mal par le biais du langage, dans une antipoésie, un. antilyrisme, une dislocation du vers, un style-épitaphe ; à le rebaptiser aussi comme il se rebaptise (Tristan ou Triste), comme il rebaptise la femme aimée (Armida Cuchiani, devenue Marcelle). Or le pseudonyme et le néologisme sont à la fois la marque et l'envers de la dissolution. Entre la densité et le néant surgit l'espace précaire de la création : « Manque de savoir-vivre extrême — il survivait/Et — manque de savoir mourir — il écrivait. »

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