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CORNEILLE Thomas, dit Corneille de l'isle : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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CORNEILLE Thomas, dit Corneille de l'isle (1625-1709). Frère de Pierre, de dix-neuf ans son cadet, totalement éclipsé aujourd’hui par la gloire de son aîné, il tint en son temps une place de premier rang parmi les poètes dramatiques. Sa tragédie de Timocrate (1656), avec quatre-vingts représentations successives, fut le plus grand succès du siècle.

 

Le fait le plus connu de son existence — hormis son intimité avec son frère, dont il épousa une belle-sœur — demeure son élection à l'Académie française, au fauteuil de son frère, occasion pour Racine de prononcer l’éloge, devenu célèbre, de Pierre Corneille.

 

Après des études de droit à Rouen, Thomas se tourne, dès l’âge de vingt-deux ans, vers le théâtre et donne une série de comédies très gaies, presque toutes adaptées du théâtre espagnol, mais variées et dont chacune cherche à piquer diversement l’intérêt du public. Les Engagements du hasard (1647) exploitent le thème de la belle inconnue qui ne se montre que voilée; dans le Feint Astrologue (1648), un faux astrologue, pris à son propre jeu, est forcé de continuer des prédictions — qui se réalisent! Don Bertrand de Cigarral (1650), outre un caractère intéressant de gentilhomme avare, offre une série de ces rendez-vous nocturnes à quiproquos dont raffolait le public de l’épcque; dans l'Amour à la mode (1651), un jeune homme fait la cour à trois jeunes filles à la fois; le Berger extravagant (1653) est une adaptation du roman de Sorel tandis que, la même année, le Charme de la voix repose sur une intrigue trop peu vraisemblable pour être théâtrale; le Geôlier de soi-même (1655), souvent appelé Jodelet prince, met en valeur le talent du célèbre acteur comique; les Illustres Ennemis (1656) terminent la série. Plus tard, Thomas Corneille donnera, dans le même genre, le Galant doublé (1659), pièce assez plate, mais aussi le Baron d’Albikrac (1668) qui nous renvoie à la grosse gaieté des vieilles tantes amoureuses et des nobliaux de province. De même, un marquis prétentieux et sot donne vivacité et relief à la Comtesse d'Orgueil (1670), pièce qui fut souvent reprise.

 

Mais la comédie, en ce milieu du siècle, demeure un genre mineur, et Thomas, vingt ans après son frère, se lance lui aussi dans la tragédie avec ce fameux Timocrate, qualifié de tragi-comédie à cause de son dénouement heureux, mais en fait tragédie véritable, un peu compliquée et un peu statique, dont le succès nous étonnerait si nous ne songions que Pierre n’avait rien donné depuis l’échec de Pertharite et que Timocrate ne manque ni d’habileté, ni de fermeté, ni d’originalité.

 

Les tragédies ultérieures sont également des œuvres de qualité. Après une Bérénice (1657) assez médiocre, la Mort de l'empereur Commode est une pièce vigoureuse, encore que la découverte des tablettes où l’empereur a consigné ses noirs desseins soit un procédé plus comique que tragique. Mais, après Darius (1659), Stilicon (1660), où un père se résout à commettre un crime pour donner le trône à son fils, multiplie les effets dramatiques et pathétiques.

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« Thomas Corneille écrivit d'autre part, avec la collabo­ ration de Donneau de Visé, plusieurs pièces, parfois bril­ lantes : Circé (1673), tragédie à machines, l'Inconnu ( 1675), comédie à intermèdes et divertissement, la Pierre philosophale (1681 ), l'Usurier ( 1685) et surtout la Devi­ neresse ( 1679), jouée plusieurs mois d'affilée : cette évo­ cation des sortilèges de la Voisin, dont on faisait alors le procès, était remarquable par ses « effets spéciaux », très poussés et sans doute fort réussis.

Les auteurs avaient eu soin d'éviter toute allusion aux crimes de l'empoison­ neuse, et leur devineresse, Mm• Jobin, n'est qu'une illu­ sionniste, dont les fantasmagories truquées ne dupent que les sots.

On a trop dit que Thomas Corneille n'avait fait qu'imi­ ter son frère, Scarron, Quinault, Racine ...

En fait, ces imitations évidentes, qui ne choquaient guère en leur temps, n'empêchent pas, dans les comédies comme dans les tragédies, le développement d'une dramaturgie libre et variée, très vivante, très humaine, où la feinte joue un rôle capital, où les héros sont souvent pris à leur propre piège.

li est regrettable que son discours dramatique ne soit pas à la hauteur de son imagination théâtrale ni de son sens de l'intrigue et demeure facile et plat.

C'est probablement son principal défaut.

A son activité dramatique, Thomas Corneille ajouta celle de journaliste au Mercure galant, dont il deviendra copropriétaire en 168 1.

C'est aussi un lexicographe de qualité.

Académicien, il publia des Notes sur les remar­ ques de Vaugelas (1687), un Dictionnaire des termes d'art.

et de sciences (1694) et enfin, malgré une cécité complète, un an avant sa mort, un Dictionnaire universel géographique et historique.

Il faisait partie de l' Acadé­ mie des inscriptions depuis 1701.

BIBLIOGRAPHIE Poèmes dramatiques de Thomas Corneille, nouv.

édition, revue.

corrigée et augmentée, Paris.

Osmont, 1706, 5 vol.

in-12.

Rééditions nom breu ses au xvm• siècle: celle de Paris, 1758, a été réimprimée par Slatkine, Genève.

1970, les 9 vol.

in-12 en 1 vol.

in-4°.

Le Dictionnaire des arts et des sciences a également été réimprimé par Slatkine, Genève, 1968, l'éd.

de 1694 en 2 vo l.

in-f, celle de 1695 en 4 vol.

in-F.

Quelques pièces ont été réédi ­ tées : Ti mocrate, par Y.

Giraud, Droz, 1970; Stilicon, par C.J.

Oros sip , Droz, 1973; l'Amour à la mode, parC .

Cosnier, Nizet, 1969.

Dans le tome II du Thél/tr e du xvtr" siècle (Pléiade, 1986) on trouvera : Timocrate et Ariane.

JI ex is t e peu de tra vau x pu bli és sur Thomas Corneille.

ll faut t oujou rs se reporter à Gustave Rég nier, Th.

Corneille, sa vie, son œuvre, thèse, Paris, 1893.

et, pour l'étude détaillée des pièces.

à H.

Carrington Lancaster, A History of French Dramatic Litera­ ture in the xvmh Century, Baltimore, The John Hopkins Univer­ sity Pre ss, 1929.. »

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