COURTILZ DE SANDRAS Gatien de : sa vie et son oeuvre
Publié le 22/11/2018
Extrait du document
«
brité,
il a en effet « emprunté », intégralement sinon litté
ralement, les Trois Mousquetaires aux Mémoires que
Courtilz avait prêtés à un certain M.
d'Artagnan.
Cet écrivain sans nom se faisait appeler Sandras, du
nom de sa mère.
Il est né probablement à Montargis, où
il acquit, en l689, le qomaine du Verger.
Il fit des études
à Paris.
Destiné à l'Eglise ou à la robe, il se retrouve
cadet et fait carrière dans les armes, successivement cor
nette au Royal-Étranger, lieutenant puis capitaine au
régiment de Beaupré-Choiseul.
Cassé en 1679, après la
paix de Nimègue, il s'installe en Hollande, se marie
avec la fille d'un libraire, dont il aura huit enfants, et
commence à écrire.
Ses multiples productions, annales,
biographies, Mémoires, mettent en œuvre une seule
recette, qu'il exposera ainsi, dans une préface de 1712:
« Ceux qui prendront la peine de les lire y trouveront
bien des particularités très curieuses, tant par rapport à
la Politique qu'à la Galanterie et à la Guerre ».
Courtilz
est l'inventeur d'une formule, destinée à faire fortune,
qui mêle à un cadre dont les événements et les personna
ges sont connus le piment d'invérifiables anecdotes gri
voises.
Quand ses héros ne sont pas des hommes de
guerre, ce sont des diplomates ou des agents secrets.
Courtilz est l'écrivain des dessous d'un siècle qui, chez
lui, perd toute grandeur.
Cromwell, Colbert ont réussi
par l'hypocrisie et l'intrigue, les cours ne sont que lieux
de corruption, nids d'espions et théâtres de débauches.
Contre 1 'historiographie et les gazettes officielles, bien
séantes et courtisanes, il prétend >.
Ses écrits sont d'abord des libelles politiques: His
toire des promesses illusoires depuis la paix des Pyré
nées (1684).
Voltaire, lui prêtant peut-être plus de
cynisme qu'il n'en avait, lui attribue la Réponse publiée
en réplique à ce libelle.
Pamphlet encore l'Histoire de la
guerre de Hollande de 1672 à 1677 (1689).
En 1686,
Courtilz fonde à La Haye le premier et qui deviendra
le plus important des Mercures, revues méthodiques et
mensuelles des nouvelles publiées par les célèbres
Gazettes de Hollande : le Mercure historique et politi
que, « contenant 1' état présent de l'Europe, ce qui se
passe dans toutes les cours, l'intérêt des princes, leurs
brigues et généralement tout ce qu'il y a de curieux,
lJ! tout accompagné de réflexions politiques sur chaque
Etat», qui paraîtra régulièrement jusqu'en 1782.
Cour
tilz ne le dirige que quelques années, ayant été arrêté à
Paris et mis à la Bastille en 1693.
Il avait, auparavant, trouvé la formule de ses plus
grands succès avec le genre des Mémoires apocryphes.
Un personnage réel est censé rédiger ses Mémoires.
En
1687 paraissent les Mémoires de M.L.C.D.R.
(M.
le
comte de Rochefort, qui fut agent secret de Richelieu
puis de Mazarin et fit une carrière militaire avec
Turenne).
A sa sortie de la Bastille, Courtilz accumule
les publications de ce genre, exploitant sans vergogne, à
diverses reprises, les mêmes faits et les mêmes événe
ments.
Ainsi les Mémoires de J.-B.
de La Fontaine, aven
turier connu à la Bastille, marié, en Angleterre, à une
dame maîtresse de l'ambassadeur de France, M.
de Bor
deaux, sont composés en même temps que les Mémoires
de M.
de Bordeaux, publiés, il est vrai, de façon pos
thume en 1758.
Les Mémoires de M.
d'Artagnan, mille
huit cents pages en trois volumes, dont la saisie lui vau
dra son second séjour à la Bastille, paraissent en 1700,
suivis des Mémoires du marquis de Montbrun et de ceux
de la marquise de Fresne, en 1701.
Cette dame, vendue
par un mari jaloux à un pirate qui se fera moine pour ses
beaux yeux, montre la dimension romanesque recherchée
par Courtilz à l'intention d'un public d'autant plus friand
de ces situations qu'elles lui sont présentées comme
vécues par des personnages réels.
Dans les œuvres sui
vantes, le narrateur a tendance, cependant, à s'effacer
598 -----·------------·------··
-
derrière un prudent anonymat.
Ce sont la Guerre d'Italie
ou Mémoires du comte D ...
(1702), la Guerre d'Espagne,
de Bavière et de Flandre ou Mémoires du marquis D ...
Puis Courtilz revient aux initiales déchiffrables avec les
Mémoires de M.
de B., secrétaire de M.L.C.D.R.
(1711).
La postérité a vu en lui un romancier, Courtilz préten
dait faire de l'histoire immédiate.
Quoi qu'il en soit, sa
plume alerte, à la fois insolente envers les puissants et
complaisante envers les goûts les moins avouables du
grand public, trace, avec des couleurs cmes, un portrait
peu flatteur de son époque.
[Voir aussi MÉMOIRES, ROMAN
HISTORIQUE].
BIBLIOGRAPHIE Les Œuvres de Courtilz, maintes fois rééditées au xvn• et au
xvm• siècle, ne sont plus guère accessibles, sauf les Mémoires de
Charles Batz Caste/more, comte d'Artagnan, accompagnés d'un
«Essai sur les mousquetaires » de P.
Mac Orla n, Paris, le Laurier
no ir, 1947.
Mémoires de M.
d'Artagnan, chevalier de Batz Cas
te/more, édition abrégée, préface deR.
Dumay.
Paris, Club fran
çais du Livre, 1955 (les suppressions concernent « d'innombra
bles et interminables développements d'h is t o ir e générale»).
Cette édition Du may a été reprise à Paris, B ib li ot hèq ue mondiale,
1958.
A consulter.
-E.
Hatin, les Gazettes de Hollande et la Presse
clandestine, Paris, 1865; B.M.
Woodb ridg e, Gatien de Courtilz.
sieur du Verger, étude sur un précurseur du roman réaliste,
Paris, P.U.F., 1925; J.
Lo mb ard , «le Personnage de Mémoires
apocryphes chez Courtilz de Sandras », dans le numéro spécial,
m ai-ao ût 1977, de la Revue d'histoire littéraire de la France,
c on sa c ré au Roman au xvu• siècle, Paris, A.
Colin; J.
Lombard,
Courtilz de Sandras ou l'Aventure littéraire sous le règne de
Louis XIV, thèse de lettres, un iv ers ité Paris IV, 1978, P.U.F.,
1980..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Courtilz de Sandras (Gatien de), 1644-1712, né à Paris, écrivain français.
- BONNETAIN Paul : sa vie et son oeuvre
- ZÉVACO Michel : sa vie et son oeuvre
- WEYERGANS François : sa vie et son oeuvre
- VIE DE SAINT LOUIS de Jean, sire de Joinville (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)