Devoir de Philosophie

COURTOIS D'ARRAS : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

Extrait du document

COURTOIS D'ARRAS (xiiie siècle). Longue de 664 vers dans l’édition d’Edmond Faral, transmise par quatre manuscrits, celte œuvre arrageoise de la première moitié du xme siècle, écrite par un auteur inconnu qu’il semble hasardeux d’identifier à Jean Bodel, contient plusieurs passages narratifs. Aussi des critiques (E. Faral, W. Noo-men) y ont-ils vu un monologue dramatique. En fait, il s’agit bien, à l’origine, d’une œuvre proprement théâtrale, adaptée par la suite, tant bien que mal, pour la récitation d’un seul jongleur (car la vie des troupes, même petites, était très difficile) ou pour être consignée dans un recueil destiné à la lecture. De là, dans le manuscrit A, le titre, peut-être parodique, de li Lais de Courtois.

 

Drame profane pour Faral et Noomen, religieux pour Groult, il est l’un et l’autre, annonçant la moralité, puisque c’est la mise en théâtre de la parabole de 1'Enfant prodigue (Luc, xv), transportée à Arras, et que c’est une actualisation très laïcisée de l’Évangile : si le jeune Courtois reprend le rôle de l’enfant prodigue (il se compare même au Christ quand il proclame, tombé dans le dénuement, « Moût chi a peneuse semaine », vers 518), la taverne, à peine mentionnée par l’apôtre Luc, occupe la moitié de la pièce : on y crie le vin, on y goûte aux plaisirs de la vie et de la société; deux catins y trompent le malheureux paysan qui ne songe qu’à son confort : c’est ce qui le fait retourner vers son père qui ne le reconnaîtra pas d’abord, tellement il a changé. Dans sa faiblesse et son erreur, l’homme est plus vrai et plus émouvant que son modèle. « Libéré de l’emprise de l’Église, le théâtre va s’acheminer vers la cité des hommes » (L. Rorrero).

Liens utiles