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de Gaulle : Appel du 18 juin 1940 à la BBC (analyse)

Publié le 23/09/2010

Extrait du document

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Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres. Général de Gaulle

 

 

  1. Dégagez la progression logique de ce discours.
  2. Sur quels arguments logiques, empiriques et sentimentaux l'orateur joue-t-il pour convaincre ?
  3. Comment s'établit la communication ? Autrement dit, qui parle ? A qui ? De quoi ?
  4. Quelles fonctions du langage l'orateur exploite-t-il ? Il. Travaux d'écriture

  1. Quelles sont, d'après de Gaulle, les erreurs commises par le gouvernement de Pétain ? Qu'aurait-il fallu faire ? Vous produirez une réponse construite, en trente lignes environ, en vous appuyant sur le texte.
  2. Résumez ce texte en 50 mots, + ou — 10 %.

Ce discours fut prononcé sur Radio-Londres car les Anglais n'ont jamais renoncé à combattre pour la liberté contre le fascisme. Exploitez, vous aussi, ce type de médias : imaginez que vous lancez un appel, sur le sujet qui vous intéresse, sur une radio de votre choix.

 

 

• Après la défaite et l'exode de 1940, un débat oppose les partisans de l'armistice qui acceptent la défaite et les tenants de la résistance qui veulent poursuivre le combat. Le général de Gaulle reproche au gouvernement de Pétain de n'avoir pas su s'adapter à la situation vécue. Ce maréchal fait partie des « chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises « (1. 1). Traduisons : ce vieillard a réuni des hommes politiques faibles, qui cèdent immédiatement devant la menace ennemie. Ainsi, « alléguant la défaite de nos armées «, ils semblent se saisir d'un prétexte pour ne pas poursuivre le combat. Ils se trouvent privés de légitimité parce qu'ils ne résistent pas et subordonnent toute leur action à une défaite militaire. En effet, ils se soumettent à un état de fait et, donc, ne respectent pas les lois de la République française qui affirment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

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« L'appel s'achève sur l'argument le plus fort qui constitue l'invitation à la résistance avec un effet d'insistance quipasse par la polyptote (voir encadré p.

42) : « la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et nes'éteindra pas.

» L'orateur annonce qu'il va mettre en pratique ses propos : « Demain, comme aujourd'hui...

» Qui parle? Le général de Gaulle.

C'est l'émetteur. A qui? Aux auditeurs de Radio-Londres.

Ce sont les destinataires. De quoi? De la nécessité de poursuivre la lutte et de résister à l'Allemagne nazie C'est le contenu du message. Par quel moyen ? Par le biais des ondes sonores émises de Radio-Londres.

C'est le canal de l'information. Comment ? En utilisant le code verbal. En fonction de quel référent ? De Gaulle prend en considération la signature de l'armistice par Pétain. Question 4: Quelles fonctions du langage l'orateur exploite-t-il? • La fonction poétique renvoie à l'exploitation des procédés linguistiques conférant au message émis la plus grandevaleur stylistique.

La fonction expressive insiste sur la personne du locuteur : « moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France ».

La fonction conative « Croyez-moi » — exploite les modalités affectives (exclamations et interrogations).

La fonction métalinguistique commente le contenu du discours: « Non ! » constitue une réponse donnée à ce qui vient d'être dit.

La fonction phatique désigne tout ce qui noue et maintient le contact ; il peut s'agir de mots ou bien de gestes ; à l'extrême limite, nous pouvons inclure dans cettecatégorie l'annonce finale : « Demain, comme aujourd'hui.

» Mais c'est par extension du sens de l'adjectif « phatique ».

La fonction référentielle regroupe tout ce qui fait allusion à la situation immédiate. 1.

Quelles sont, d'après de Gaulle, les erreurs commises par le gouvernement de Pétain? Qu'aurait-il fallu faire? Vousproduirez une réponse construite, en trente lignes environ, en vous appuyant sur le texte. • Après la défaite et l'exode de 1940, un débat oppose les partisans de l'armistice qui acceptent la défaite et lestenants de la résistance qui veulent poursuivre le combat.

Le général de Gaulle reproche au gouvernement de Pétainde n'avoir pas su s'adapter à la situation vécue.

Ce maréchal fait partie des « chefs qui, depuis de nombreusesannées, sont à la tête des armées françaises » (1.

1).

Traduisons : ce vieillard a réuni des hommes politiquesfaibles, qui cèdent immédiatement devant la menace ennemie.

Ainsi, « alléguant la défaite de nos armées », ilssemblent se saisir d'un prétexte pour ne pas poursuivre le combat.

Ils se trouvent privés de légitimité parce qu'ils nerésistent pas et subordonnent toute leur action à une défaite militaire.

En effet, ils se soumettent à un état de faitet, donc, ne respectent pas les lois de la République française qui affirment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.Quant aux militaires, ils se signalent par leur passivité et leur imprévoyance.

De Gaulle insiste sur le fait que leschefs dirigent l'armée « depuis de nombreuses années ».

Ce faisant, il sous-entend que sa sclérose aveugle l'état-major, incapable de distinguer ce qui relève de l'armement de ce qui concerne la tactique proprement dite : leschefs réagissent en fonction de théories dépassées.

L'impéritie de l'armée induit une absence de stratégie quiimplique une défaite tactique : « Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs.

»(1.

10).

Ainsi, sur terre (« les chars ») et dans les airs (« les avions »), l'ennemi a su prendre le dessus sur l'armée française.

En effet, on se rappelle que, durant laphase européenne de la Deuxième Guerre mondiale, « l'idée du front fixe et continu » (Charles de Gaulle, Mémoiresde guerre : L'Appel, 1940-1942) oriente et détermine les prévisions françaises.

Après une attente de sept moisdevant la ligne Siegfried, la « drôle de guerre » se solde par l'offensive allemande et la débâcle des forcesfrançaises.

Pour de Gaulle, les militaires français n'ont su utiliser ni leurs armes ni leurs troupes.Plus profondément, menés par Pétain, le vainqueur de Verdun, les gouvernants ont confondu les objectifs de l'arméeet les moyens de la politique (voir premier paragraphe).

A cause de ce brouillage, ils n'ont pas compris que seule unecoalition solidaire pouvait orienter la stratégie militaire : ils ont inversé les perspectives en se contentant de prendreacte de la défaite des armées.D'après de Gaulle, en effet, les données traditionnelles doivent être révisées : un État moderne ne peut plus seconsidérer comme limité à son seul territoire.

Il doit tenir compte de l'internationalisation du conflit, qui résulte del'interdépendance étroite des différents pays.

« Cette guerre n'est pas limitée au territoire de notre pays » (1.

25).Il convient de mobiliser toutes les forces démocratiques contre l'ennemi : pour de Gaulle, la lutte, idéologique, nesaurait se réduire à un conflit traditionnel entre deux États — d'autant que la France n'a pas encore perdu sonempire colonial.

N'oublions pas, en outre, que le 28 mars 1940, elle avait signé un accord avec l'Angleterreinterdisant une paix séparée...

Les hommes politiques n'ont pas réalisé que leur rôle consistait à maintenir leursalliances vivantes.. »

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