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DENISOT Nicolas : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DENISOT Nicolas, dit comte d'Alsinoys (1515-1559). Denisot fait partie de ces écrivains qui ont dû avoir beaucoup de charme, de conviction et de fougue, mais qui laissent si peu que l’on comprend mal ce qui leur a valu tant d’hommages de leurs contemporains.

 

Né au Mans, dans un milieu aisé, il fut avant tout un peintre, d’autant plus remarquable qu’« il n’en faisoit pas profession » : Ronsard, Du Bellay et leurs amis disent admirer les portraits qu’il fait de leurs maîtresses. En 1537, il commet l’erreur de prendre parti en mauvais latin pour Sagon contre Marot; ridiculisé par des calembours faits sur son nom, il préfère le pseudonyme ana-grammatique de Comte d Alsinoys, sous lequel il signe un premier recueil de Noelz (1545). Il s’illustre en même temps comme cartographe (il nous reste de lui une carte du Pérou). Officier du roi, il est aimé d’une grande dame, s’exile (?) en Angleterre, y enseigne le latin pendant deux ans aux jeunes demoiselles Seymour, filles de l’aristocratie anglaise. Il leur en apprit assez pour qu’à elles trois, elles écrivent un recueil de vers latins pour la mort de la sœur de François Ier. Déjà rentré à Paris, Denisot fait immédiatement publier ce Tombeau de Marguerite de Navarre (1550) par lequel il acquiert une grande réputation, instaurant un genre nouveau; pour la seconde édition de 1551, il obtient la contribution de Ronsard, de Du Bellay et de Baïf {le Tombeau de Marguerite de Valois, royne de Navarre, faict premièrement en distiques latins par les Trois Sœurs Princesses en Angleterre. Depuis traduietz en grec, italien et françois par plusieurs excellens poètes de la France). Sa vie se confond alors pendant quelques années avec la vie littéraire la plus brillante : il est une des « étoiles » de la Pléiade. En 1556-1557, on le retrouve espion dans Calais, où il relève le plan des fortifications ennemies, est pris par les Anglais, délivré par sa geôlière, sauvé par une jeune paysanne à qui il fait donner une bonne éducation dit-on; c’est alors qu’il meurt.

 

Proche de la pédagogie conquérante du collège de Boncourt (Jodelle, Muret, Belleau), il a, avec eux, rallié le groupe de Coqueret, où il oppose avec bienveillance à l’esthétique quelque peu difficile de la Brigade l’idée d’une poésie chrétienne — et catholique, sans doute — qui fuirait le discours second de la mythologie païenne, alors en pleine explosion, pour une expression plus sincère subordonnant toute référence mythologique à la vérité. Loin de mépriser cette voie nouvelle, Ronsard, qui a d’ailleurs laissé Denisot annoter ses Odes de 1552 et qui se plaît à le représenter un peu à l’écart avec « une moue sur la joue », suit son conseil dans l’« Hercule chrestien » : mais il a été précédé par Jodelle et Du Bellay, qui apprécient fort ces thèses. Assez modeste

« ment, Denisot dit, dans ses Cantiques de 1552 : « Il me suffisoit de donner envie à ceulx que je voudrois imiter en la poësie, de l'exercer en la chose qui devroit (à la mienne volunté) estre le seul exercice d'un chrestien ».

Un joli poème.

dans lequel il décrit une Nativité qu'il a pu ou voulu peindre, est assez dig n e de cette envie.

BIBLIOGRAPHIE Les Noe/z ont été réédités par A.

Clinchamp.

Le Mans.

1847; Comiques du premier advénement de Jésus-Christ, Paris, 1552.

On trouve beaucoup de renseignements sur Denisot dans Clé­ ment Juge, Nicolas Denisot du Mans (1515-1559), Paris, 1907; Marcel Raymond.

/'1nfluence de Ronsard sur la poésie française, Paris.

1927, passim; Guy Demerson, la Mythologie classique dans l'œuvre de la Pléiade, Genève, Droz, 1972, p.

257-261 et passim; Enea Balmas.

Un poeta del Rinascimento Francese, Étienne Jodelle, Florence.

Olschki, 1962, p.

143 et suiv.

Une étude très complète par V.

Koechlin-Schwartz a été publiée dans le Bull.

de la ScJC.

Hist.

et archéologique de l'Orne.

t.

XCV.

1977, p.

47-71.. »

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