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Dernières Heures d'un condamné

Publié le 15/03/2011

Extrait du document

Ce personnage, qui restera tout au long de ces pages anonyme aux lecteurs est condamné à mort. Emporté par ses sentiments, son débordement intérieur, son mal, sa peine, sa rage contre le système, il nous livre, à travers ce journal ses impressions, ses points de vue, et nous rapporte son séjour à la prison, une semaine avant l’exécution.  Son journal a été retrouvé dans sa cellule, juste après sa mort.    Lundi 28 Novembre 1869…Dans la cellule 20:36    La sentence est levée. Mon exécution aura lieu dans une semaine… bientôt.  Ma plume glisse entre ma main moite et hésitante. Tout mon esprit est débordé. Je suis tout en émoi, et c’est ainsi que j’entreprends d’écrire ce journal pour qu’on sache peut être un jour … la souffrance que je vis.  Condamné à l’échafaud.  Assis là dans la solitude, je me livre à des pensées macabres et morbides. Je suis seul. Seul au monde et désespéré avec pour seul compagnon, mon encrier, mes plumes, mes feuilles, et mes pensées.  Mon âme, mon corps, mon esprit palpitent. Mes réflexions tumultueuses se bousculent, s’agitent, et dans ce comble de déraison, tout s’assombrit : la nuit étale son voile ravisseur.   

« Le surveillant, assis au bout du corridor, entendit ce bruit, et tout à coup, pris de panique, croyant à une éventuelletentative de suicide, accourut à ma cellule.D'emblée, il ouvrit la porte de mon cachot.Au contact de l'air frais je me suis évanoui.Condamné à mort. Plus tard. J'étais allongé sur un lit.

Les tendres couvertures sentant la savonnette étaient douces.Je m'endormis enfin.J'éprouvais en ce moment là un grand élan d'affection pour ce surveillant.

Il a eu la bienveillance de me conduire àl'infirmerie en demandant qu'on s'occupât de moi.Il m'a traité comme un hôte.C'était un homme bon après tout. Lorsque j'ouvris les yeux, une forte lumière m'éblouit.

On avait ouvert les fenêtres qui donnaient sur la placepublique où sera fêté bientôt mon exécution.Le soleil me manquait, sa douce chaleur et son éclat aussi.

Je me levai.Debout dans cette chambre, je la scrutais de fond en comble tout en examinant les moindres recoins.Elle ressemblait beaucoup à une chambre d'hôpital.

Tout en blanc.

Elle renvoyait même les rayons du soleil.

Elle étaiton ne peut plus étroite, comportant deux lits, une commode et une table.

Décorée à la spartiate certes mais trèsdouillette.

Je m'y plaisais.Mon regard se posa soudain sur la porte.

Toute l'excitation, tout l'empressement, toute cette euphorie qui résidaienten moi canalisés, explosèrent.Je m'approchai, je respirai un coup, je priai dieu un instant puis je mis ma main sur le poignet.La porte ne s'ouvra pas.J'étais à nouveau pris au piège.Condamné à la guillotine. Mercredi 30 De retour à mon havre de paix.Je sentais la rage m'envahir.

La colère me rongeait de partout.Seigneur j'y étais presque.

Pourquoi a-t-il fallu une serrure à la porte.

Je déteste les serruriers.Ma cellule sentait le renfermé.

Une odeur putride planait dans l'air.Comme elle me manquait l'infirmerie.Je remarquai pour la première fois, un rat caché sous mon lit.

Mon compagnon de cellule avait peur.

Mais de quoi ?Pauvre petite bête naïve.

Misérable, certes, vivant dans ce trou, mais je l'enviais quand même.J'enviais un rat.Je n'avais plus de dignité, plus de mérite.

Je me suis rabaissé à un tel point que je conversais avec une bête.

Léséau plus profond de mon être, je me sentais misérable.Croyez-moi que je n'avais plus le courage de me regarder en face.

On frappa à ma porte.C'était Germain.

Le surveillant des corridors.

En fait, j'ai su son nom lorsque je traversais le couloir._Que voulez-vous ?Il ouvrit la porte, jeta un regard furtif au bout du couloir et entra.

Il referma la porte.Nous étions seuls.

Il rompit le silence en demandant de mes nouvelles.Il semblait inquiet de ma santé.

Bizarre.Nous avons causé toute l'après-midi; il me parlait de la prison, et de la compagnie des geôliers, des torturesaffligées aux détenus ainsi que de sa condition à lui.

C'était un nouveau.

Un « novice », comme on dit.Bien évidemment, la prison le répugnait.

Il n'était pas habitué à voir des condamnés enchaînés, frappés, des cris quile menaçaient de mort.Parfois même, il s'évanouissait à la vue de corps pendus, sans tête…C'est affreux ! disait-il. Ses belles paroles retombèrent sur moi comme une eau glaciale.

Ma mort sera une fête nationale.

J'étais perdu.Condamné à mort. Germain ne pouvait croire qu'on puisse à ce jour pratiquer de tels actes de barbarie.

Je sentais dans ses paroles unair révolté, même s'il essayait de le cacher.Il insultait cette politique.

Il méprisait les juges corrompus et les bourreaux abrutis.Ses études en droit, abandonnés certes, avaient allumé en lui la flamme de la révolution.Il attendait ce jour où il devrait faire ses preuves et montrer ainsi, à tous, qu'il était capable de grandes choses.Liberté… Equité… Droits ne demeuraient que des mots griffonnés sur le papier… de simples doctrines oubliées…Il était en colère.

Ses mains tremblaient.

Il se leva d'un coup et partit. Jeudi 1er Décembre.

La nuit. Je repensais aux paroles de Germain.

Bon sang ! Qu'est-ce qu'un type comme lui vient faire ici.

Je me le demandais.. »

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