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DETREZ (Conrad)

Publié le 10/03/2019

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DETREZ (Conrad), écrivain belge de langue française (Roclenge 1937 - Paris 1985). Depuis son premier récit, Ludo (1974), histoire d'une enfance hallucinée par le feu et l'eau, l'interrogation de Detrez a porté sur trois dimensions de la destinée humaine : politique, religieuse et sexuelle. Il a poursuivi les étapes de ce « roman de formation »

 

avec les Plumes du coq (1975) et l'Herbe à brûler (1978). Si la Lutte finale (1980) ne retient que la corrélation du politique et du sexuel dans une république bana-nière et picaresque — atmosphère que l'on retrouve dans la Ceinture du feu (1984) dont l'action se déroule au Nicaragua —, le Dragueur de Dieu (1981) unit l'acidité du conte voltairien à la lumière des peintres mystiques, tandis que les Noms de la tribu (1981) ont une résonance plus autobiographique.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)DETREZ Conrad (1937-1985).

Né dans un village situé près de Liège, il est l'un des rares écrivains belges (natu­ ralisé français en 1982) à réussir avec brio, dans son écriture, la réconciliation entre un discours gavé par son lieu d'origine et un discours nourri par des expériences à travers le monde.

De son enfance dans une Belgique dévastée par la Seconde Guerre mondiale, Detrez évoque surtout les premières années dans Ludo (1974).

Ce sont des années de jeux rarement innocents et aussi un temps où l'enfant pa">sionné voyage entre des terreurs et des affections sauvages.

Lieu d'une imagerie symbolique, puisée au plus concret de la réalité, le récit se termine sur la description d'un village inondé par une rivière en crue.

C'est encore la Belgique qui est épinglée au cœur de son second roman, les Plumes du coq, publié l'année suivante (1975 ).

Cette fois, cependant, la politique se fait plus présente : Detrez narre son instruction dans un collège catholique, évoque la « Question royale >>, décrit des manifestations ouvrières.

L'apprentis�age de ce qui constitue une vie, sa vie, sera le thème de l'Herbe à brûler (1978) qui valut à l'auteur le prix Renaudot.

Reprenant le thème de l'en­ fance, temps de l'innocence bafouée, abordant l'ambi­ guïté des relations à la mère (une femme envahissante comme les plantes qu'elle dispose dans la maison), Conrad Detrez décrit dans des scènes cocasses et burles­ ques la querelle des Wallons et des Flamands, les bagar­ res dans les rues de Louvain entre étudiants des deux bords.

La Belgique, avec ses querelles-tempêtes-dans­ un-verre-d'eau, est bien présente.

L'auteur a des comptes à régler avec ce pays qui 1' exaspère et 1' intéresse, comme tout écrivain belge qui a compris que son pays possède un charme fait de démence et de fragilité, charme qu'il faut bien fuir pour sauver sa peau, quitte à se perdre pour d'autres cause�;.

Le personnage de l'Herbe à brûler part donc à la découverte du monde.

Ce sera le Brésil, et une dictature sanglante, la torture, les arrestations arbitraires, les inégalités sociales, la misère (en témoignent des essais, Pour la libération du Brésil, avec C.

Marighela, 1970; les Mo;�vements révolutionnaires en Amérique latine, 1972; er des traductions de textes brésiliens libé­ rateurs : les Pâtres de la nuit, de Jorge Amado, un roman de Callado, Mon pays en croix, 1971, et un essai de dom Helder Camara).

Ce sera l'engagement, le militantisme, l'arrestation et la torture.

Ce sera aussi, dans ce pays sensuel, la découverte d'une sexualité qui, pour être mar­ ginale, ne sera plus honteuse.

Les mêmes thèmes sont repris dans la Lutte finale ( 1980).

Cette fois, 1' auteur se tourne résolument vers la cocasserie, la démystification des militants de gauche, de la religion, de l'amour.

C'est qu'après le Brésil, Detrez a vécu.

Difficilement.

En Algérie, puis au Portugal, la leçon qu'il tire de cette expérience, c'est que tout amour, toute révolution sont décevants.

Les héros de la Lutte finale se retrouvent à un colloque dans un pays d'Afrique du Nord, désorientés par les bavardages des intellectuels.

Ils feront l'amour à deux journalistes françaises qui répondent aux noms bien parisiens de «Telle>> et de « Quelle >> ...

Au bout du chemin, Detrez et ses héros qui lui ressem­ blent ont perdu beaucoup d'illusions.

Dieu, l'amour, la politique restent à inventer.

L'auteur éprouve le senti­ ment amer. »

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