Dictionnaire: HAGIOGRAPHIE.
Publié le 20/02/2012
Extrait du document
n. f (du grec hagios, «saint« et graphein, « écrire «). Récit qui relate la vie d'un saint, dans le but d'édifier les lecteurs. Par extension, biographie extrêmement élogieuse d'un personnage dont l'auteur veut faire un héros. Une hagiographie du général de Gaulle. Ce n'est plus de l'histoire objective, c'est une hagiographie !
«
au tor siecle), dont les romantiques
s'inspireront au axe siecle.
Les croisades ant egalement ete
relatees par les Arabes, a travers des
epopees et des biographies, mais aussi
sous forme de chroniques,
contemporaines des europeennes, avec
naturellement une autre optique : ainsi
en va-t-il des oeuvres d'Ibn al-Qalanisi
(v.
1073-1160), d'Ibn al-Athir (1160-
1233), d'Ibn Wasil (1208-1298), d'Ab0
al-Mahasin (1411-1469), chez lesquels
la compilation, ('ambition d'ecrire des
histoires universelles, le travail litteraire
et le souci de la veracite se combinent
differemment.
Plus tardive et augment& jusqu'au
xixe siecle, la Chronique abregee
ethiopienne, de source ecclesiastique et
litteraire, &made a l'origine des temps.
LA PLACE DE LA CHRONIQUE DANS
CHISTORIOGRAPHIE ET LA LITTERATURE Les chroniques se distinguent des
annales, dans lesquelles elles puisent
souvent; les annales participent aussi
de la litterature historiographique, main
elles enregistrent les faits armee apres
armee, dans des contextes souvent limites, et dependent largement des
calendriers, des genealogies, qu'elles
servent, a des fins souvent
institutionnelles et sans objectif a long
terme.
Parmi les plus
celebres,
mentionnons
les Annales de
Incite (v.
55-
v.
120), recits
A forte
connotation
morale.
Contemporaines des croisades, les
chroniques voisinent egalement avec
d'autres recits «historiques», les
«gestes», de dimension plus
biographique, relatant les hauts faits
d'un prince ou d'une famille, au service
du royaume et de Dieu.
Les chroniques
entretiennent aussi des points
communs avec les romans de
chevalerie, qui mettent en scene les
heros luttant contre les sarrasins.
En
effet, marquant, apres les annales, les
debuts en fitterature de nombreuses
civilisations, les chroniques ne sont pas
depourvues d'une certaine tendance
au romanesque.
Ainsi Le Roman de Brut, ecrit par
Robert Wace vers 1155, reprend
l'Historia regum Britanniae de Monmouth en mettant en avant le roi
Arthur; on lui doit probablement 'Invention de la Table ronde, et il
inspirera de nombreuses fictions du
Moyen Age et de la Renaissance.
La difficulte recurrente rencontree
par les chroniqueurs du Mayen Age,
et qui se resout progressivement, est
la hierarchie entre les evenements
rapportes : decreter des importances
plus ou mains grandes entre les faits
et les paroles ne va pas de soi.
L'implication souvent directe de l'auteur dans l'histoire ne facilite pas
sa tache, comme le revelent des traits
autobiographiques frequents.
L'amplitude temporelle constitue un
autre probleme : taut -il raconter le present a partir de l'origine du monde?
Se contenter d'evoquer un regne, ou
une histoire tres locale? Des actes
herotques sont souvent mis en valeur,
si bien que les chroniques peuvent
aussi etre rapprochees des memorablesn, consacres a un fait
determinant pour nourrir Ia memoire
collective.
Les chroniques ant servi les
historiens, mais aussi les auteurs de
fiction.
En temoignent la Chronique
indiscrete des mandarins de Wu Jingzi,
roman chinois du winkle, le romantisme
europeen qui
s'empare de
l'Histoire, les
Chroniques
italiennes de Stendbal (1783-
1842) ou, au
xxe siècle, la science-fiction de Ray
Bradbury (ne en 1920) qui joue sur une chronologie
d'anticipation
(Chroniques
martiennes,
1950), ou encore
la Chronique
d'une mart
annoncee (1981) de Gabriel Garcia
Marquez (ne en 1928), qui donne a
l'histoire anecdotique une temporalite
tragique.
Le chroniqueur doit
effectivement rapporter des
evenements dont il fut potentiellement
temoin, en les rendant vivants : d'ou Ia «chronique» journalistique et la derive
romanesque.
Dire l'histoire est aussi rapporter la
vie des saints, dans des recits qui ant
une importance cultuelle, sociale et
litteraire fondamentale.
Plusieurs
oeuvres se situent a la croisee des
genres : par exemple, la Chronique
de Nestor (1113), mais aussi, d'une
certaine maniere, Mistake de Saint
Louis par Joinville.
LES HAGIOGRAPHIES
DEFINITIONS Une hagiographie au sens strict est
le recit (du grec graphein = ecrire)
d'une vie de saint (hagios = sac*,
redige selon des methodes
historiographiques.
Mais le mot
designe egalement toute vie de saint,
avec le culte qui s'y rattache, parfois
sur un mode merveilleux, au point
que son sens figure renvoie a une
biographie elogieuse.
Suivant ('exemple des Romains, qui
prenaient des repas sur la tombe de
leurs heros, les chretiens ant
commence a se reunir aupres de celles
de leurs martyrs des le milieu du
Ile siecle, en Orient Considerant que LA LEGENDE DOREE
Ce recit redige en latin (Historiae ou
Legenda Sanctorum) par le dominicain
italien lacopo da Varazze - le
bienheureux Jacques de Voragine
(v.
1230-1298), beatifie en 1816 -
compile de maniere tres complete
des vies de saints a celebrer selon
le calendrier.
Melant l'authentique
- ce qui est reconnu par l'Eglise -et
le merveilleux, ce recueil, parmi les
premiers ouvrages imprimes, connut
un tres grand succes, d'oit de
nombreuses reeditions, et fut maintes
foie illustre.
LES « HAGIOGRAPHES
Les «hagiographesD sont les livres
bibliques de l'Ancien Testament
constituant, apres la Thorah ou Loi
(Pentateuque chez les chretiens) et les
Prophetes, la troisieme partie du
canon juif ; its comprennent entre
autres les Chroniques.
Saint Jerome les
a ainsi appeles en traduisant le mot
hebreu Ketubim, qui signifie «edits«.
les hommes marts pour leur foi
devaient rappeler le sacrifice du Christ,
les chretiens ant fait d'eux des
modeles, a celebrer par la veneration
de reliques, de lieux, mais aussi
travers des ceremonies, et donc aussi
par des textes.
Les eveques ont ete habilites a
proclamer la saintete d'un personnage
jusqu'au xne siecle - Ulric, eveque
d'Augsbourg, fut le premier canonise
en 993.
Puis ce fut un privilege papal,
selon des regles toujours plus strides.
Le saint est celui dont la vie semble
a rtglise - ou parfois a certains
theologiens, qui ne reconnaissent pas
tour a l'institution ce privilege -
susceptible, par ses merites, de
participer de la saintete divine : il est
fondamentalement un exemple, et
l'hagiographie, entre theologie et
litterature, est donc, par nature, un
genre edifiant.
Elle prend parfois des
formes developpees, proches soft de
repopee, snit de la chronique.
LA LITURGIC Le plus ancien calendrier des saints
date de 354, et il a servi de base au
calendrier liturgique romain jusqu'a la reforme de 1969; il existe des
calendriers locaux (diptyques des cathedrales), regionaux et universels
sont inscrits les actes de piste a rendre
aux saints.
Les martyrologes de l'Eglise
d'Occident et les menees de l'Eglise
d'Orient sont des catalogues de
martyrs; par extension, le mot
martyrologe designe le livre liturgique
qui repertorie les saints a celebrer dans
l'ordre du calendrier, en general
I'anniversaire de leur mort; le plus
ancien, faussement attribue a saint
Jerome, date de la fin du vie siecle.
Le
Martyrologe romain est le plus celebre,
qui fut revu par Baronius en 1586.
Ces textes ant servi de support aux
hagiographies, et leurs extraits se
confondent parfois avec elles.
Les Actes des martyrs, melant le souci
historique et I'effet litteraire,
generalement plus sobres que les vies
de saints, renvoient a des ecrits
syriaques : ces recits anonymes sont,
pour certains, rediges au ve siecle et
relatent les souffrances endurees par
les martyrs sous les regnes de Dece et
de Diocletien; d'autres actes, rediges
entre les iv et vir siecles, rapportent les
persecutions rubies par les chretiens
en Perse.
LES ACTA SANCTORUM
Les Acta sanctorum, entrepris en 1607
par le jesuite et historien hollandais
Heribert Rosweyde (1569-1629) et
poursuivis a partir de 1630 par le
jesuite Jean Bolland (1596-1665), dit Bollandus, recueillent des vies de saints
suivant le calendrier de leur fete; ces recits revelent un souci d'historien chez
le theologien moraliste et savant, qui
s'adresse a un public populaire.
LES BOLLANDISTES
La societe scientifique initiee par
Bollandus, composee de
« bollandistes», continue cette oeuvre
jusqu'au xxe siecle.
En 1882 a ete
fond& une revue, les Analecta
bollandania ; a partir de 1886, les
Subsidia hagiographica regroupent
des repertoires et des etudes, tandis
que la Bibliographica hagiographica
latina (1949), la Bibliographica
hagiographica Graeca (1958) et
la Bibliographica hagiographica
Orientalis (1910) sont des
bibliographies de manuscrits.
LES VIES DE SAINTS Les premieres vies de saints
apparaissent en Orient vers le milieu
du Iv siecle.
En 356,
l'eveque saint
Adman ecrit
en grec la Vie
de saint
Antoine, grand
ascete, peu
apres la mart
de celui-ci, et propose ainsi une forme
d'ecriture influente.
Ces recits historiques et narratifs
sont en general composes longtemps
apres la mort du personnage celebre,
contrairement aux miracula, plus
souvent notes sur le vif.
Pendant une
assez longue periode, les
hagiographes, - animes par la foi,
soucieux d'edifier moralement leur
public, et dans un contexte o0 le
realisme au sens moderne n'existe pas
encore - recourent au folklore et au
merveilleux.
Leurs oeuvres sont
motivees par la veneration qu'ils
estiment due aux saints, consideres
comme des intercesseurs privilegies
avec Dieu, et vouees a accrottre leur
gloire.
Parfois encore, des saints peu
connus sont dotes de legendes, pour
justifier des pelerinages; dans les
deux car, ces hagiographies, passant
progressivement du latin aux langues
vernaculaires, servent au culte que
I'on rend aux saints.
Le lecteur moderne, devant ces textes
souvent anonymes, a (au mains
jusqu'au tar siecle) du mal a identifier
les noms de personnes et de lieux
evoques, et la critique de ce genre
litteraire releve de ('erudition.
L'ascese mire en valeur par saint
Athanase se retrouve, comme modele
de vie, dans I'ambitieuse Vie de Paul,
le premier ermite, l'un des premiers
ouvrages de saint Jerome (v.
347-
419/420), ecrit a la fin des annees 370,
et qui connut un grand succes (Jerome
composera aussi une Vie d'Hilarion et
une Vie de Malchus).
Paul, que l'on
peut supposer imagine par le saint
theologien, est presents comme celui
qui fut un grand ermite, avant Antoine,
dont le personnage est tout autant
comments.
Ce texte riche en elements
merveilleux propose mains un modele
qu'une idealisation.
Poeme en vers compose au xis siecle
par un clerc normand ou anglo-
normand, d'apres un texte latin, Ia Vie de saint Alexis constitue l'un des
plus vieux tortes litteraires francais
(en langue plusieurs foil
remanie aux siecles suivants; it narre
('existence miserable du saint, depuis
sa naissance, puis sa fuite lors de sa
nuit de notes, et ses tribulations
jusqu'a sa mart, a Rome.
Vers 1170, Guillaume de Berneville
compose une Vie de saint Gilles, elle
aussi &rite d'apres un original latin; mais elle s'en distingue radicalement par
('utilisation de la langue vernaculaire,
par une narration qui tend parfois au
romanesque, et donc par une vraie
incarnation du personnage, a des fins
exemplaires.
Linfluence de la chanson
de geste, genre contemporain, y est
sensible; un vrai souci de vraisemblance
se fait jour, qui revele le desk de
rapprocher le saint du fidele.
Guernes de Pont-Sainte-Maxence,
clerc itinerant, redige en 1174 une Vie
de saint Thomas Becket (1118-1170)
consacree au celebre chancelier
d'Angleterre et archeveque de
Canterbury qui osa excommunier
Henri II Plantagenet et finit assassins
sur ordre de celui-ci.
L'auteur, en bon
chroniqueur, s'est servi de documents
et de temoignages : des papiers
officiels et des lettres soot inseres
dans le recit, egalement ponctue
de considerations morales et de
jugements admiratifs.
Sainte Marie l'Egyptienne a inspire
plusieurs poetes, dont le fameux
Rutebeuf, qui redige sa Vie as
xwe siècle.
LES GENRES LITTERAIRES PROMS Les recits hagiographiques ant en
commun avec les «exempla »,
(rapportant des actions dignes d'être
imitees et souvent presentees tors de
predications) la volonte edifiante.
Par ailleurs, ils sont a comparer avec
la legende, terme fonds sur le latin
legenda, qui signifie («hoses a lire« et
renvoie a ('office chretien des matines
pendant lequel est evoquee, sous
forme de lecon exemplaire, la vie du
saint dont on celebre la fete.
Tres vite, on a recueilli ces recits
visee edifiante, qui se sont enrichis de
merveilleux, pour frapper l'imaginaire
des fideles, puis le genre de la legende
s'est progressivement &gage de
son contexte chretien.
Le roman de
chevalerie lui a aussi prete certains
procedes et themes.
La litterature moderne a developpe
des viesimaginaires,
inspirees du
genre
hagiographique,
parfois parodie;
Flaubert (1821-
1880), dans ses
Trois Conies (1877), a merle repris
des personnages de saints.
au w siècle), dont les romantiques s'inspireront au XIX' siècle.
• les croisades ont également été relatées par les Arabes , à travers des
épopées et des biographies, mais aussi sous forme de chroniques, contemporaines des européennes, avec naturellement une autre optique : ainsi en va-t-il des œuvres d'Ibn ai-Qalanisi (v.
1073-1160) , d'Ibn ai-Athir (1160- 1233), d 'Ibn Wàsil (1208-1298), d'Abû ai-Mahasin (1411-1469), chez lesquels la compilation, l'ambition d'écrire des histoires universelles, le travai l littéraire et le souci de la véracité se combinent différemment.
• Plus tardive et augmentée jusqu 'au XIX' siècle, la Chronique abrégée éthiopienne, de source ecclésiastique et littéraire , démarre à l'origine des temps.
LA PLACE DE LA CHRO N IQUE DA N S t'HISTORIOGRAPHIE ET LA LITTÉRAT URE • les chroniques se distinguent des annales, dans lesquelles elles puisent souvent; les annales participent aussi de la littérature historiographique , mais elles enregistrent les faits année après année, dans des contextes souvent limité s, et dépendent largement des calendriers, des généa logies, qu'elles serven t, à des fins souvent institutionnelles et sans objectif à long terme .
• Parmi les plus célèbres, mentionnons les Annales de Tacite (v.
55- v.
120) , récits à forte connotation morale.
• Contemporaines des croisades , les chroniques voisinent également avec d'autres récits« historiques», les «gestes », de dimension plus biographique , relatant les hauts faits d 'un prince ou d'une famille , au service du royaume et de Dieu .
les chroniques entretiennent aussi des points communs avec les romans de chevalerie , qui mettent en scène les héros luttant contre les sarrasins.
En effet, marquant, après les anna les, les débuts en litt érature de nombreuse s civilisations, les chroniques ne sont pas dépourvues d'une certaine tendance au romanesque .
• Ainsi Le Roman de Brut, écrit par Robert Wace vers 1155, reprend l'Historia regum Britanniae de Monmouth en mettant en avant le roi Arthur; on lui doit probab lement l'invention de la Table ronde , et il inspirera de nombreu ses fiction s du Moy e n Âge et de la Renai ssance.
• la difficulté récurrente rencontr ée p a r les chroniqueurs du Moyen Âge, et qui se résout progressivement, est la hiérarchie entre les événements rapportés : décréter des importances plus ou moins grandes entre les faits et les paroles ne va pas de soi.
t:implication souvent directe de
l'auteur dans l'histoire ne facilite pas sa tâche, comme le révèlent des traits autobiographiques fréquents .
• t:amplitude temporelle constitue un autre problème : faut -il raconter le présent à partir de l'origine du monde? Se contenter d'évoquer un règne , ou une histoire très locale? Des actes héroïques sont souvent mis en valeur, si bien que les chroniques peuvent aussi être rapprochées des «mémorables», consacrés à un fait déterminant pour nourrir la mémoire collective.
LA LlCENDE DOR l E
Ce récit rédigé en latin (Historiae ou Legenda Sanctorum) par le dominicain italien Iacopo da Varazze -le bienheureux Jacques de Voragine (v.
1230-1298), béatifié en 1816- compile de manière très complète des vies de saints à célébrer selon le calendrier.
Mêlant l'authentique -ce qui est reconnu par l'Église -et le merveilleux, ce recueil, parmi les premiers ouvrages imprimés, connut un très grand succès, d'où de nombreuses rééditions, et fut maintes fois illustré .
Bolland us, recueillent des vies de saints de saint Alexis constitue l'un des suivant le calendrier de leur fête; ces plus vieux textes littéraires français récits révèlent un souci d'historien chez (en langue d 'o '1l), plusieur s fois le théologien moraliste et savant, qui remanié aux siècles suivants; il narre s'adresse à un pub lic populaire .
l'existence misérable du saint , depuis
LEs BOLlANDISTE S la société scientifique initiée par Bollandus , composée de «bollandistes », continue cette œuvre jusqu'au XX' siècle.
En 1882 a été fondée une revue, les Ana/edo bollondonio ; à partir de 1886 , les Subsidio hogiogrophica regroupent des répertoires et des études, tandis
sa naissance, puis sa fuite lors de sa nuit de noces , et ses tribulation s jusqu'à sa mort , à Rome .
• les chroniques ont servi les historiens, mais aussi les auteurs de fiction.
En témoignent la Chronique indiscrète des mandarins de Wu Jingzi , roman chinois du XVIII' siècle, le
f---------- --___, que la Bibliogrophica hagiogrophica
• Vers 1170, Guillaume de Berneville compose une Vie de saint Gilles, elle aussi écrite d'après un original latin; mais elle s'en distingue radicalement par l'utilisation de la langue vernaculaire, par une narration qui tend parfois au romanesque, et donc par une vraie incarnation du personnage, à des fins exemplaires.
t:influence de la chanson de geste, genre contemporain , y est sens ible; un vrai souci de vraisemblance se fait jour, qui révèle le désir de rapprocher le saint du fidèle .
romantisme européen qui s'empare de l'Histoire, les Chroniques italiennes de Stendhal {1783- 1842) ou, au XX' siècle, la science-fiction de Ray B radbury (né en 1920) qui joue sur une chronologie d'anticipation (Chroniques martiennes , 1950), ou encore la Chronique d'une mort annoncée (1981) de Gabriel Garcia Marquez (né en 1928) , qui donne à
l ' histoire anecdotique une temporalité tragique .
le chroniqueur doit effectivement rapport e r des événements dont il fut potentiellement témoin, en les rendant vivants : d'où la «chronique» journalistique et la dérive romanesque.
• Dire l'histoire est aussi rapporter la vie des saints, dans des récits qui ont une importance cultuelle, sociale et littéraire fondamenta le.
Plusi eurs œuvres se situent à la croisée des genres : par exemple, la Chronique de Nestor (1113), mais aussi, d 'une certaine manière , l'Histoire de Saint Louis par Joinville.
LES HAGIOGRAPHIES
D ÉFINITIONS • Une hagiographie au sens strict est le récit (du g rec grophein ; écrire)
d ' une vie de saint (hogios ; sacré), rédigé selon des méthodes historiographiques .
Mais le mot désigne également toute vie de saint, avec le culte qui s'y rattache, parfois sur un mode merveilleux , au point que son sens figuré renvoie à une biographie élogieuse.
• Suivant l'exemple des Romain s, qui prenaient des repas sur la tombe de leur s héro s, les chrétiens ont commencé à se réunir auprès de celles de leurs martyrs dès le milieu du u• siècle, en Orient.
Considérant que
les homme s morts pour leur foi devaient rappeler le sacrifice du Christ , les chrétiens ont fait d 'eux des modèles , à célébrer par la vénération de relique s, de lieux , mais aussi à traver s des cérémonies, et donc aussi par des textes.
• les évêques ont été habilités à proclamer la sainteté d 'un personnage jusqu'au xu• siècle-Ulric, évêque d'Augsbourg , fut le premier canonisé en 993.
Puis ce fut un privilège papal, selon des règles toujour s plus strictes.
le saint est celui dont la vie semble à l'Église-ou parfois à certains théolo giens, qui ne reconnaissent pas tous à l'institution ce privilège
s usceptible, par ses mérites, de participer de la sainteté divine : il est fondamentalement un exemple, et l'hagiographie , entre théologie et littérature , est donc , par nature, un genre édifiant.
Elle prend parfoi s des forme s développ ées, proches soit de l'épo pée, soit de la chronique .
LA LITUR GIE • le plus ancien calendrier des saints date de 354, et il a servi de base au calendrier liturgique romain jusqu 'à la réforme de 1969 ; il existe des calendriers locau x (dipty ques des cathédrales), régionaux et universels où sont inscrits les actes de piété à rendre aux saints .
• les martyrologe s de l'Église d'Occ ident et les ménées de l'Église d'Orient sont des catalogues de martyrs; par extension, le mot martyrologe désigne le livre liturgique qui répertorie les saints à célébrer dans l'ordre du calendrier , en général à l'anniver saire de leur mort; le plus ancien, faussement attribué à saint J érôme , d ate de la fin du VI' siècle.
le Martyrologe romain est le plus célèbre, qui fut revu par Baroniu s en 1586 .
Ces textes ont servi de support aux hagiographies , et leurs extraits se confondent parfois avec elles .
• les Ade s des martyrs , mêlant le souci historique e t l'effet littéraire, gén érale m e nt plus sobres que les vies de saints, renvoient à des écrits syriaque s : ces récits anonymes sont, pour certains, rédigés au V' siècle et relatent les souffrances endurées par les martyrs sous les règnes de Dèce et f------------ _, de Dioclétien ; d'autres actes, rédigés LES «HAGIOGRAPHES » les «hagiog raphes» sont les livres bibliques de l'Ancien Testament constituant, après la Thorah ou loi (Pen tateuque chez les chr é tiens) et les Prophètes, la troisième partie du canon juif ; il s comprennent entre autres les Chroniques .
Saint Jérôme les a ainsi appe lés en traduisant le mot hébre u Ketubim, qui signi fie «écrits».
entre les IV' et vu• siècle s, rapportent les persécution s subies par les chrétien s
e n Perse.
LES AerA SANCTORUM les Ado sanctorum , entrepris en 1607 par le jésuite et historien hollandais Héribert Rosweyde (1569 -1629) et poursuivis à partir de 1630 par le jésuite Jea n Bolland (1596 -1665) , dit
latina {1949), la Bibliogrophica hogiographica Graeca (1958) et la Bibliogrophico hagiogrophico Orientolis (1910) sont des bibliographie s de manuscrits .
LES VIES D E SAINT S • les premières vies de saints apparaissent en Orient vers le milieu du IV' siècle .
En 356 , l'évêque sain t Athanase écrit en grec la Vie de saint Antoine , grand ascète, peu après la mort de celui-ci, et propose ainsi une forme d'écriture influente.
• Ces récits historiques et narratifs sont en général composés longtemps après la mort du personna ge célébré, contrairement aux mirocu/a , plus souvent notés sur le vif.
Pendant une assez longue période, les hagiographes , -animés par la foi, soucieux d'édifier moralement leur public, et dans un contexte où le réalisme au sens moderne n'existe pas encore -recourent au folklore et au merveilleux .
leurs œuvres sont motivée s par la vénération qu'il s estiment due aux saints, considérés comme des intercesseurs privi légiés avec Dieu, et vouées à accroître leur gloire.
• Parfois encore, des saints peu connus sont dotés de légendes , pour justifier des pèlerinages; dans les deux cas, ces hagiographies , passant progr essiveme nt du latin aux langues vernaculaires, servent au culte que l'on rend aux saints.
• le lecteu r moderne , devant ces textes souvent anonymes, a (au moin s jusqu 'au xu• siècle) du mal à identifier les noms de personnes et de lieux évoqués, et la critique de ce genre littéraire relève de l'érudition .
• t:ascèse mise en valeur par saint Athanase se retrouve, comme modèl e de vie, dans l'ambitieuse Vie de Paul , le premier ermite, l'un des premier s ouvrages de saint Jérôme (v.
347- 419/420), écrit à la fin des années 370, et qui connut un grand succès (Jérôme composera aussi une Vie d 'Hilarion et une Vie de Malchus).
Paul, que l'on peut suppo ser imaginé par le sain t théologien , est présenté comme celui qui fut un grand ermite, avant Antoine, dont le personnage est tout autant comment é .
Ce texte riche e n éléme nts merveilleu x propose moin s un modèle qu'une idéali sation .
• Poème en vers composé au X l' siècle par un clerc normand ou anglo normand , d'après un texte latin, la Vie
• Guernes de Pont -Sainte-Maxence , clerc itinérant, rédige en 1174 une Vie de saint Thomas Becket (1118-1170)
consacrée au célèbre chancelier d'Angleterre et archevêque de Canterbury qui osa excommunier Henri Il Planta genêt et finit assassiné sur ordre de celui -ci.
t:auteur , en bon chroniqueur, s'est servi de documents et de témoignages : des papiers officiels et des lettres sont insérés dans le récit , également ponctu é de considérations morales et de jugements admiratifs .
• Sainte Marie l'Égy ptienne a inspiré plusieurs poètes , dont le fameux Rutebeuf, qui rédige sa Vie au Xlii' siècle .
LES GENRES LITTÉRAIRE S PROCH ES • les récits hagiographiques ont en commun avec les « exempla », (rap portant des actions dignes d 'être imitées et souvent présent ées lors de prédications) la volonté édifiante.
• Par ailleurs, ils sont à comparer avec la légende, term e fondé sur le latin legenda , qui signifie «choses à lire» et renvoie à l'office chrétien des matines pendant lequel est évoquée, sous forme de leçon exemplaire , la vie du saint dont on célèbre la fête.
• Très vite, on a recueilli ces récits à visée édifiante, qui se sont enrichis de merveilleux, pour frapper l'imaginaire des fidèle s, puis le genre de la légende s'est progres siveme nt dégagé de son contexte chrétien.
le roman de chevalerie lui a aussi prêté certains procédés et thème s.
• la littérature moderne a développé des vies imagin aires, inspirées du genre hagio graphique, parfoi s parodié ; Raube rt(1821- ._...__ ....
_ __.
1880) , dans ses Trois Contes (1877), a m ê me repri s des personnages de saints ..
»
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