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Dictionnaire: HAGIOGRAPHIE.

Publié le 20/02/2012

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n. f (du grec hagios, «saint« et graphein, « écrire «). Récit qui relate la vie d'un saint, dans le but d'édifier les lecteurs. Par extension, biographie extrêmement élogieuse d'un personnage dont l'auteur veut faire un héros. Une hagiographie du général de Gaulle. Ce n'est plus de l'histoire objective, c'est une hagiographie !

« au tor siecle), dont les romantiques s'inspireront au axe siecle.

Les croisades ant egalement ete relatees par les Arabes, a travers des epopees et des biographies, mais aussi sous forme de chroniques, contemporaines des europeennes, avec naturellement une autre optique : ainsi en va-t-il des oeuvres d'Ibn al-Qalanisi (v.

1073-1160), d'Ibn al-Athir (1160- 1233), d'Ibn Wasil (1208-1298), d'Ab0 al-Mahasin (1411-1469), chez lesquels la compilation, ('ambition d'ecrire des histoires universelles, le travail litteraire et le souci de la veracite se combinent differemment. Plus tardive et augment& jusqu'au xixe siecle, la Chronique abregee ethiopienne, de source ecclesiastique et litteraire, &made a l'origine des temps. LA PLACE DE LA CHRONIQUE DANS CHISTORIOGRAPHIE ET LA LITTERATURE Les chroniques se distinguent des annales, dans lesquelles elles puisent souvent; les annales participent aussi de la litterature historiographique, main elles enregistrent les faits armee apres armee, dans des contextes souvent limites, et dependent largement des calendriers, des genealogies, qu'elles servent, a des fins souvent institutionnelles et sans objectif a long terme. Parmi les plus celebres, mentionnons les Annales de Incite (v.

55- v.

120), recits A forte connotation morale. Contemporaines des croisades, les chroniques voisinent egalement avec d'autres recits «historiques», les «gestes», de dimension plus biographique, relatant les hauts faits d'un prince ou d'une famille, au service du royaume et de Dieu.

Les chroniques entretiennent aussi des points communs avec les romans de chevalerie, qui mettent en scene les heros luttant contre les sarrasins.

En effet, marquant, apres les annales, les debuts en fitterature de nombreuses civilisations, les chroniques ne sont pas depourvues d'une certaine tendance au romanesque.

Ainsi Le Roman de Brut, ecrit par Robert Wace vers 1155, reprend l'Historia regum Britanniae de Monmouth en mettant en avant le roi Arthur; on lui doit probablement 'Invention de la Table ronde, et il inspirera de nombreuses fictions du Moyen Age et de la Renaissance. La difficulte recurrente rencontree par les chroniqueurs du Mayen Age, et qui se resout progressivement, est la hierarchie entre les evenements rapportes : decreter des importances plus ou mains grandes entre les faits et les paroles ne va pas de soi. L'implication souvent directe de l'auteur dans l'histoire ne facilite pas sa tache, comme le revelent des traits autobiographiques frequents.

L'amplitude temporelle constitue un autre probleme : taut -il raconter le present a partir de l'origine du monde? Se contenter d'evoquer un regne, ou une histoire tres locale? Des actes herotques sont souvent mis en valeur, si bien que les chroniques peuvent aussi etre rapprochees des memorablesn, consacres a un fait determinant pour nourrir Ia memoire collective.

Les chroniques ant servi les historiens, mais aussi les auteurs de fiction.

En temoignent la Chronique indiscrete des mandarins de Wu Jingzi, roman chinois du winkle, le romantisme europeen qui s'empare de l'Histoire, les Chroniques italiennes de Stendbal (1783- 1842) ou, au xxe siècle, la science-fiction de Ray Bradbury (ne en 1920) qui joue sur une chronologie d'anticipation (Chroniques martiennes, 1950), ou encore la Chronique d'une mart annoncee (1981) de Gabriel Garcia Marquez (ne en 1928), qui donne a l'histoire anecdotique une temporalite tragique.

Le chroniqueur doit effectivement rapporter des evenements dont il fut potentiellement temoin, en les rendant vivants : d'ou Ia «chronique» journalistique et la derive romanesque. Dire l'histoire est aussi rapporter la vie des saints, dans des recits qui ant une importance cultuelle, sociale et litteraire fondamentale.

Plusieurs oeuvres se situent a la croisee des genres : par exemple, la Chronique de Nestor (1113), mais aussi, d'une certaine maniere, Mistake de Saint Louis par Joinville. LES HAGIOGRAPHIES DEFINITIONS Une hagiographie au sens strict est le recit (du grec graphein = ecrire) d'une vie de saint (hagios = sac*, redige selon des methodes historiographiques.

Mais le mot designe egalement toute vie de saint, avec le culte qui s'y rattache, parfois sur un mode merveilleux, au point que son sens figure renvoie a une biographie elogieuse. Suivant ('exemple des Romains, qui prenaient des repas sur la tombe de leurs heros, les chretiens ant commence a se reunir aupres de celles de leurs martyrs des le milieu du Ile siecle, en Orient Considerant que LA LEGENDE DOREE Ce recit redige en latin (Historiae ou Legenda Sanctorum) par le dominicain italien lacopo da Varazze - le bienheureux Jacques de Voragine (v.

1230-1298), beatifie en 1816 - compile de maniere tres complete des vies de saints a celebrer selon le calendrier.

Melant l'authentique - ce qui est reconnu par l'Eglise -et le merveilleux, ce recueil, parmi les premiers ouvrages imprimes, connut un tres grand succes, d'oit de nombreuses reeditions, et fut maintes foie illustre. LES « HAGIOGRAPHES Les «hagiographesD sont les livres bibliques de l'Ancien Testament constituant, apres la Thorah ou Loi (Pentateuque chez les chretiens) et les Prophetes, la troisieme partie du canon juif ; its comprennent entre autres les Chroniques.

Saint Jerome les a ainsi appeles en traduisant le mot hebreu Ketubim, qui signifie «edits«.

les hommes marts pour leur foi devaient rappeler le sacrifice du Christ, les chretiens ant fait d'eux des modeles, a celebrer par la veneration de reliques, de lieux, mais aussi travers des ceremonies, et donc aussi par des textes.

Les eveques ont ete habilites a proclamer la saintete d'un personnage jusqu'au xne siecle - Ulric, eveque d'Augsbourg, fut le premier canonise en 993.

Puis ce fut un privilege papal, selon des regles toujours plus strides.

Le saint est celui dont la vie semble a rtglise - ou parfois a certains theologiens, qui ne reconnaissent pas tour a l'institution ce privilege - susceptible, par ses merites, de participer de la saintete divine : il est fondamentalement un exemple, et l'hagiographie, entre theologie et litterature, est donc, par nature, un genre edifiant.

Elle prend parfois des formes developpees, proches soft de repopee, snit de la chronique. LA LITURGIC Le plus ancien calendrier des saints date de 354, et il a servi de base au calendrier liturgique romain jusqu'a la reforme de 1969; il existe des calendriers locaux (diptyques des cathedrales), regionaux et universels sont inscrits les actes de piste a rendre aux saints.

Les martyrologes de l'Eglise d'Occident et les menees de l'Eglise d'Orient sont des catalogues de martyrs; par extension, le mot martyrologe designe le livre liturgique qui repertorie les saints a celebrer dans l'ordre du calendrier, en general I'anniversaire de leur mort; le plus ancien, faussement attribue a saint Jerome, date de la fin du vie siecle.

Le Martyrologe romain est le plus celebre, qui fut revu par Baronius en 1586. Ces textes ant servi de support aux hagiographies, et leurs extraits se confondent parfois avec elles.

Les Actes des martyrs, melant le souci historique et I'effet litteraire, generalement plus sobres que les vies de saints, renvoient a des ecrits syriaques : ces recits anonymes sont, pour certains, rediges au ve siecle et relatent les souffrances endurees par les martyrs sous les regnes de Dece et de Diocletien; d'autres actes, rediges entre les iv et vir siecles, rapportent les persecutions rubies par les chretiens en Perse. LES ACTA SANCTORUM Les Acta sanctorum, entrepris en 1607 par le jesuite et historien hollandais Heribert Rosweyde (1569-1629) et poursuivis a partir de 1630 par le jesuite Jean Bolland (1596-1665), dit Bollandus, recueillent des vies de saints suivant le calendrier de leur fete; ces recits revelent un souci d'historien chez le theologien moraliste et savant, qui s'adresse a un public populaire. LES BOLLANDISTES La societe scientifique initiee par Bollandus, composee de « bollandistes», continue cette oeuvre jusqu'au xxe siecle.

En 1882 a ete fond& une revue, les Analecta bollandania ; a partir de 1886, les Subsidia hagiographica regroupent des repertoires et des etudes, tandis que la Bibliographica hagiographica latina (1949), la Bibliographica hagiographica Graeca (1958) et la Bibliographica hagiographica Orientalis (1910) sont des bibliographies de manuscrits. LES VIES DE SAINTS Les premieres vies de saints apparaissent en Orient vers le milieu du Iv siecle. En 356, l'eveque saint Adman ecrit en grec la Vie de saint Antoine, grand ascete, peu apres la mart de celui-ci, et propose ainsi une forme d'ecriture influente. Ces recits historiques et narratifs sont en general composes longtemps apres la mort du personnage celebre, contrairement aux miracula, plus souvent notes sur le vif.

Pendant une assez longue periode, les hagiographes, - animes par la foi, soucieux d'edifier moralement leur public, et dans un contexte o0 le realisme au sens moderne n'existe pas encore - recourent au folklore et au merveilleux.

Leurs oeuvres sont motivees par la veneration qu'ils estiment due aux saints, consideres comme des intercesseurs privilegies avec Dieu, et vouees a accrottre leur gloire.

Parfois encore, des saints peu connus sont dotes de legendes, pour justifier des pelerinages; dans les deux car, ces hagiographies, passant progressivement du latin aux langues vernaculaires, servent au culte que I'on rend aux saints. Le lecteur moderne, devant ces textes souvent anonymes, a (au mains jusqu'au tar siecle) du mal a identifier les noms de personnes et de lieux evoques, et la critique de ce genre litteraire releve de ('erudition.

L'ascese mire en valeur par saint Athanase se retrouve, comme modele de vie, dans I'ambitieuse Vie de Paul, le premier ermite, l'un des premiers ouvrages de saint Jerome (v.

347- 419/420), ecrit a la fin des annees 370, et qui connut un grand succes (Jerome composera aussi une Vie d'Hilarion et une Vie de Malchus).

Paul, que l'on peut supposer imagine par le saint theologien, est presents comme celui qui fut un grand ermite, avant Antoine, dont le personnage est tout autant comments.

Ce texte riche en elements merveilleux propose mains un modele qu'une idealisation.

Poeme en vers compose au xis siecle par un clerc normand ou anglo- normand, d'apres un texte latin, Ia Vie de saint Alexis constitue l'un des plus vieux tortes litteraires francais (en langue plusieurs foil remanie aux siecles suivants; it narre ('existence miserable du saint, depuis sa naissance, puis sa fuite lors de sa nuit de notes, et ses tribulations jusqu'a sa mart, a Rome.

Vers 1170, Guillaume de Berneville compose une Vie de saint Gilles, elle aussi &rite d'apres un original latin; mais elle s'en distingue radicalement par ('utilisation de la langue vernaculaire, par une narration qui tend parfois au romanesque, et donc par une vraie incarnation du personnage, a des fins exemplaires.

Linfluence de la chanson de geste, genre contemporain, y est sensible; un vrai souci de vraisemblance se fait jour, qui revele le desk de rapprocher le saint du fidele.

Guernes de Pont-Sainte-Maxence, clerc itinerant, redige en 1174 une Vie de saint Thomas Becket (1118-1170) consacree au celebre chancelier d'Angleterre et archeveque de Canterbury qui osa excommunier Henri II Plantagenet et finit assassins sur ordre de celui-ci.

L'auteur, en bon chroniqueur, s'est servi de documents et de temoignages : des papiers officiels et des lettres soot inseres dans le recit, egalement ponctue de considerations morales et de jugements admiratifs.

Sainte Marie l'Egyptienne a inspire plusieurs poetes, dont le fameux Rutebeuf, qui redige sa Vie as xwe siècle. LES GENRES LITTERAIRES PROMS Les recits hagiographiques ant en commun avec les «exempla », (rapportant des actions dignes d'être imitees et souvent presentees tors de predications) la volonte edifiante. Par ailleurs, ils sont a comparer avec la legende, terme fonds sur le latin legenda, qui signifie («hoses a lire« et renvoie a ('office chretien des matines pendant lequel est evoquee, sous forme de lecon exemplaire, la vie du saint dont on celebre la fete.

Tres vite, on a recueilli ces recits visee edifiante, qui se sont enrichis de merveilleux, pour frapper l'imaginaire des fideles, puis le genre de la legende s'est progressivement &gage de son contexte chretien.

Le roman de chevalerie lui a aussi prete certains procedes et themes.

La litterature moderne a developpe des viesimaginaires, inspirees du genre hagiographique, parfois parodie; Flaubert (1821- 1880), dans ses Trois Conies (1877), a merle repris des personnages de saints. au w siècle), dont les romantiques s'inspireront au XIX' siècle.

• les croisades ont également été relatées par les Arabes , à travers des épopées et des biographies, mais aussi sous forme de chroniques, contemporaines des européennes, avec naturellement une autre optique : ainsi en va-t-il des œuvres d'Ibn ai-Qalanisi (v.

1073-1160) , d'Ibn ai-Athir (1160- 1233), d 'Ibn Wàsil (1208-1298), d'Abû ai-Mahasin (1411-1469), chez lesquels la compilation, l'ambition d'écrire des histoires universelles, le travai l littéraire et le souci de la véracité se combinent différemment.

• Plus tardive et augmentée jusqu 'au XIX' siècle, la Chronique abrégée éthiopienne, de source ecclésiastique et littéraire , démarre à l'origine des temps.

LA PLACE DE LA CHRO N IQUE DA N S t'HISTORIOGRAPHIE ET LA LITTÉRAT URE • les chroniques se distinguent des annales, dans lesquelles elles puisent souvent; les annales participent aussi de la littérature historiographique , mais elles enregistrent les faits année après année, dans des contextes souvent limité s, et dépendent largement des calendriers, des généa logies, qu'elles serven t, à des fins souvent institutionnelles et sans objectif à long terme .

• Parmi les plus célèbres, mentionnons les Annales de Tacite (v.

55- v.

120) , récits à forte connotation morale.

• Contemporaines des croisades , les chroniques voisinent également avec d'autres récits« historiques», les «gestes », de dimension plus biographique , relatant les hauts faits d 'un prince ou d'une famille , au service du royaume et de Dieu .

les chroniques entretiennent aussi des points communs avec les romans de chevalerie , qui mettent en scène les héros luttant contre les sarrasins.

En effet, marquant, après les anna les, les débuts en litt érature de nombreuse s civilisations, les chroniques ne sont pas dépourvues d'une certaine tendance au romanesque .

• Ainsi Le Roman de Brut, écrit par Robert Wace vers 1155, reprend l'Historia regum Britanniae de Monmouth en mettant en avant le roi Arthur; on lui doit probab lement l'invention de la Table ronde , et il inspirera de nombreu ses fiction s du Moy e n Âge et de la Renai ssance.

• la difficulté récurrente rencontr ée p a r les chroniqueurs du Moyen Âge, et qui se résout progressivement, est la hiérarchie entre les événements rapportés : décréter des importances plus ou moins grandes entre les faits et les paroles ne va pas de soi.

t:implication souvent directe de l'auteur dans l'histoire ne facilite pas sa tâche, comme le révèlent des traits autobiographiques fréquents .

• t:amplitude temporelle constitue un autre problème : faut -il raconter le présent à partir de l'origine du monde? Se contenter d'évoquer un règne , ou une histoire très locale? Des actes héroïques sont souvent mis en valeur, si bien que les chroniques peuvent aussi être rapprochées des «mémorables», consacrés à un fait déterminant pour nourrir la mémoire collective.

LA LlCENDE DOR l E Ce récit rédigé en latin (Historiae ou Legenda Sanctorum) par le dominicain italien Iacopo da Varazze -le bienheureux Jacques de Voragine (v.

1230-1298), béatifié en 1816- compile de manière très complète des vies de saints à célébrer selon le calendrier.

Mêlant l'authentique -ce qui est reconnu par l'Église -et le merveilleux, ce recueil, parmi les premiers ouvrages imprimés, connut un très grand succès, d'où de nombreuses rééditions, et fut maintes fois illustré .

Bolland us, recueillent des vies de saints de saint Alexis constitue l'un des suivant le calendrier de leur fête; ces plus vieux textes littéraires français récits révèlent un souci d'historien chez (en langue d 'o '1l), plusieur s fois le théologien moraliste et savant, qui remanié aux siècles suivants; il narre s'adresse à un pub lic populaire .

l'existence misérable du saint , depuis LEs BOLlANDISTE S la société scientifique initiée par Bollandus , composée de «bollandistes », continue cette œuvre jusqu'au XX' siècle.

En 1882 a été fondée une revue, les Ana/edo bollondonio ; à partir de 1886 , les Subsidio hogiogrophica regroupent des répertoires et des études, tandis sa naissance, puis sa fuite lors de sa nuit de noces , et ses tribulation s jusqu'à sa mort , à Rome .

• les chroniques ont servi les historiens, mais aussi les auteurs de fiction.

En témoignent la Chronique indiscrète des mandarins de Wu Jingzi , roman chinois du XVIII' siècle, le f---------- --___, que la Bibliogrophica hagiogrophica • Vers 1170, Guillaume de Berneville compose une Vie de saint Gilles, elle aussi écrite d'après un original latin; mais elle s'en distingue radicalement par l'utilisation de la langue vernaculaire, par une narration qui tend parfois au romanesque, et donc par une vraie incarnation du personnage, à des fins exemplaires.

t:influence de la chanson de geste, genre contemporain , y est sens ible; un vrai souci de vraisemblance se fait jour, qui révèle le désir de rapprocher le saint du fidèle .

romantisme européen qui s'empare de l'Histoire, les Chroniques italiennes de Stendhal {1783- 1842) ou, au XX' siècle, la science-fiction de Ray B radbury (né en 1920) qui joue sur une chronologie d'anticipation (Chroniques martiennes , 1950), ou encore la Chronique d'une mort annoncée (1981) de Gabriel Garcia Marquez (né en 1928) , qui donne à l ' histoire anecdotique une temporalité tragique .

le chroniqueur doit effectivement rapport e r des événements dont il fut potentiellement témoin, en les rendant vivants : d'où la «chronique» journalistique et la dérive romanesque.

• Dire l'histoire est aussi rapporter la vie des saints, dans des récits qui ont une importance cultuelle, sociale et littéraire fondamenta le.

Plusi eurs œuvres se situent à la croisée des genres : par exemple, la Chronique de Nestor (1113), mais aussi, d 'une certaine manière , l'Histoire de Saint Louis par Joinville.

LES HAGIOGRAPHIES D ÉFINITIONS • Une hagiographie au sens strict est le récit (du g rec grophein ; écrire) d ' une vie de saint (hogios ; sacré), rédigé selon des méthodes historiographiques .

Mais le mot désigne également toute vie de saint, avec le culte qui s'y rattache, parfois sur un mode merveilleux , au point que son sens figuré renvoie à une biographie élogieuse.

• Suivant l'exemple des Romain s, qui prenaient des repas sur la tombe de leur s héro s, les chrétiens ont commencé à se réunir auprès de celles de leurs martyrs dès le milieu du u• siècle, en Orient.

Considérant que les homme s morts pour leur foi devaient rappeler le sacrifice du Christ , les chrétiens ont fait d 'eux des modèles , à célébrer par la vénération de relique s, de lieux , mais aussi à traver s des cérémonies, et donc aussi par des textes.

• les évêques ont été habilités à proclamer la sainteté d 'un personnage jusqu'au xu• siècle-Ulric, évêque d'Augsbourg , fut le premier canonisé en 993.

Puis ce fut un privilège papal, selon des règles toujour s plus strictes.

le saint est celui dont la vie semble à l'Église-ou parfois à certains théolo giens, qui ne reconnaissent pas tous à l'institution ce privilège ­ s usceptible, par ses mérites, de participer de la sainteté divine : il est fondamentalement un exemple, et l'hagiographie , entre théologie et littérature , est donc , par nature, un genre édifiant.

Elle prend parfoi s des forme s développ ées, proches soit de l'épo pée, soit de la chronique .

LA LITUR GIE • le plus ancien calendrier des saints date de 354, et il a servi de base au calendrier liturgique romain jusqu 'à la réforme de 1969 ; il existe des calendriers locau x (dipty ques des cathédrales), régionaux et universels où sont inscrits les actes de piété à rendre aux saints .

• les martyrologe s de l'Église d'Occ ident et les ménées de l'Église d'Orient sont des catalogues de martyrs; par extension, le mot martyrologe désigne le livre liturgique qui répertorie les saints à célébrer dans l'ordre du calendrier , en général à l'anniver saire de leur mort; le plus ancien, faussement attribué à saint J érôme , d ate de la fin du VI' siècle.

le Martyrologe romain est le plus célèbre, qui fut revu par Baroniu s en 1586 .

Ces textes ont servi de support aux hagiographies , et leurs extraits se confondent parfois avec elles .

• les Ade s des martyrs , mêlant le souci historique e t l'effet littéraire, gén érale m e nt plus sobres que les vies de saints, renvoient à des écrits syriaque s : ces récits anonymes sont, pour certains, rédigés au V' siècle et relatent les souffrances endurées par les martyrs sous les règnes de Dèce et f------------ _, de Dioclétien ; d'autres actes, rédigés LES «HAGIOGRAPHES » les «hagiog raphes» sont les livres bibliques de l'Ancien Testament constituant, après la Thorah ou loi (Pen tateuque chez les chr é tiens) et les Prophètes, la troisième partie du canon juif ; il s comprennent entre autres les Chroniques .

Saint Jérôme les a ainsi appe lés en traduisant le mot hébre u Ketubim, qui signi fie «écrits».

entre les IV' et vu• siècle s, rapportent les persécution s subies par les chrétien s e n Perse.

LES AerA SANCTORUM les Ado sanctorum , entrepris en 1607 par le jésuite et historien hollandais Héribert Rosweyde (1569 -1629) et poursuivis à partir de 1630 par le jésuite Jea n Bolland (1596 -1665) , dit latina {1949), la Bibliogrophica hogiographica Graeca (1958) et la Bibliogrophico hagiogrophico Orientolis (1910) sont des bibliographie s de manuscrits .

LES VIES D E SAINT S • les premières vies de saints apparaissent en Orient vers le milieu du IV' siècle .

En 356 , l'évêque sain t Athanase écrit en grec la Vie de saint Antoine , grand ascète, peu après la mort de celui-ci, et propose ainsi une forme d'écriture influente.

• Ces récits historiques et narratifs sont en général composés longtemps après la mort du personna ge célébré, contrairement aux mirocu/a , plus souvent notés sur le vif.

Pendant une assez longue période, les hagiographes , -animés par la foi, soucieux d'édifier moralement leur public, et dans un contexte où le réalisme au sens moderne n'existe pas encore -recourent au folklore et au merveilleux .

leurs œuvres sont motivée s par la vénération qu'il s estiment due aux saints, considérés comme des intercesseurs privi légiés avec Dieu, et vouées à accroître leur gloire.

• Parfois encore, des saints peu connus sont dotés de légendes , pour justifier des pèlerinages; dans les deux cas, ces hagiographies , passant progr essiveme nt du latin aux langues vernaculaires, servent au culte que l'on rend aux saints.

• le lecteu r moderne , devant ces textes souvent anonymes, a (au moin s jusqu 'au xu• siècle) du mal à identifier les noms de personnes et de lieux évoqués, et la critique de ce genre littéraire relève de l'érudition .

• t:ascèse mise en valeur par saint Athanase se retrouve, comme modèl e de vie, dans l'ambitieuse Vie de Paul , le premier ermite, l'un des premier s ouvrages de saint Jérôme (v.

347- 419/420), écrit à la fin des années 370, et qui connut un grand succès (Jérôme composera aussi une Vie d 'Hilarion et une Vie de Malchus).

Paul, que l'on peut suppo ser imaginé par le sain t théologien , est présenté comme celui qui fut un grand ermite, avant Antoine, dont le personnage est tout autant comment é .

Ce texte riche e n éléme nts merveilleu x propose moin s un modèle qu'une idéali sation .

• Poème en vers composé au X l' siècle par un clerc normand ou anglo ­ normand , d'après un texte latin, la Vie • Guernes de Pont -Sainte-Maxence , clerc itinérant, rédige en 1174 une Vie de saint Thomas Becket (1118-1170) consacrée au célèbre chancelier d'Angleterre et archevêque de Canterbury qui osa excommunier Henri Il Planta genêt et finit assassiné sur ordre de celui -ci.

t:auteur , en bon chroniqueur, s'est servi de documents et de témoignages : des papiers officiels et des lettres sont insérés dans le récit , également ponctu é de considérations morales et de jugements admiratifs .

• Sainte Marie l'Égy ptienne a inspiré plusieurs poètes , dont le fameux Rutebeuf, qui rédige sa Vie au Xlii' siècle .

LES GENRES LITTÉRAIRE S PROCH ES • les récits hagiographiques ont en commun avec les « exempla », (rap portant des actions dignes d 'être imitées et souvent présent ées lors de prédications) la volonté édifiante.

• Par ailleurs, ils sont à comparer avec la légende, term e fondé sur le latin legenda , qui signifie «choses à lire» et renvoie à l'office chrétien des matines pendant lequel est évoquée, sous forme de leçon exemplaire , la vie du saint dont on célèbre la fête.

• Très vite, on a recueilli ces récits à visée édifiante, qui se sont enrichis de merveilleux, pour frapper l'imaginaire des fidèle s, puis le genre de la légende s'est progres siveme nt dégagé de son contexte chrétien.

le roman de chevalerie lui a aussi prêté certains procédés et thème s.

• la littérature moderne a développé des vies imagin aires, inspirées du genre hagio graphique, parfoi s parodié ; Raube rt(1821- ._...__ ....

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1880) , dans ses Trois Contes (1877), a m ê me repri s des personnages de saints .. »

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