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DIOP Cheikh Anta : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DIOP Cheikh Anta (1923-1986). L’œuvre du Sénégalais Cheikh Anta Diop se place au cœur des sciences dites à juste titre « humaines » : ethnologie, histoire, linguistique, et pose la question de la subjectivité qui les marque, et partant de leur honnêteté même. On s’est hâté de le traiter de fantaisiste pour ne pas avoir à examiner les preuves qu’il apportait de toutes les malveillantes falsifications qui ont marqué l’élaboration d’une « connaissance » de l’Afrique par la science européenne du xvie au xxc siècle. Cette science, produit d’une société esclavagiste et colonisatrice, a toujours œuvré, imbue de sa bonne foi et de sa bonne conscience, à fournir cette même société de structures d’interprétation racistes. L’ère du soupçon est inaugurée par Cheikh Anta Diop. Il montre sur quels a priori, sur quelle ignorance se sont fondées les thèses du primitivisme qui a servi à expliquer tout ce qu’on ne comprenait pas, tout ce qu’on voulait surtout ne pas comprendre. L’exemple des explications avancées par les experts à propos des langues dites « à classe » est décrit ainsi par Cheikh Anta Diop : « On a décrété que ces articles correspondaient à des classes mystérieuses entre lesquelles la mentalité nègre, prélogique sui generis, répartissait les êtres et les choses... Dire que ces classes relèvent d’une mentalité impénétrable par l’esprit occidental n’est qu’une façon de bloquer les recherches par des formules plus impénétrables encore à l’esprit humain ». En 1954, l’Université rejeta la thèse de doctorat que présentait ce jeune barbare présomptueux; en 1959, il publia un ouvrage sur l’Afrique noire précoloniale dédié à Bachelard et à Leroi-Gourhan : Elude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique de l'Antiquité à la formation des États modernes, qui présente une version édulcorée de sa pensée. L’hypothèse qu’il y avance d’une opposition entre sociétés à structure de castes et sociétés à structure de classes lui a été bien souvent empruntée depuis.

 

Mais sa grande œuvre est bien Nations nègres et culture (1954, réédité en 1978), travail foisonnant dans lequel, culbutant idées reçues et prétentions savantes, il ouvre hardiment les voies d’une révolution culturelle. De même que le postulat du foyer indo-européen a structuré la connaissance des langues et des civilisations européennes dans leur diversité, de même le postulat d’un foyer de civilisation dans la haute vallée du Nil, produisant aussi bien la civilisation égyptienne que les autres cultures qui se répandent vers le sud, le centre et l’ouest de l'Afrique, est fondateur d’une véritable archéologie africaine. 

« NATIONS NÈGRES ET CULTI.JRE C HEIKH ANrA DIOP.

Essai, 1955.

Essai d'anthropologie culturelle, Nations nègres et Culture se distingue par le caractère militant de la thèse qu'il défend.

Publiant ce livre en pleine époque des luttes anticolonialistes, Cheikh Anta Diop (1923-1986) a, en effet, deux objectifs.

Le premier est de prouver l'origine noire de la civilisation égyptienne antique, et par là même de dégager •l'étendue et l'ancienneté du substratum • noir de l'humanité.

Ce premier objectif s'inscrit en faux contre les idées les plus courantes sur la question, idées répandues, selon Diop, par les historiens blancs de l'époque moderne afin de contribuer en quelque sorte à l'effort d'asservisse­ ment culturel où les Européens cherchent à maintenir les Africains.

Le second objectif est.

d'une part, de mon­ trer les liens profonds qui, unissant les langues africaines entre elles, sont comparables à ceux généralement reconnus entre les langues de la famille dite • inde-européenne •.

Et.

d'autre part, cet objectif est d'indiquer comment les langues africaines, elles aussi.

peuvent exprimer les notions les. »

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