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DISSERTATION LES FLEURS DU MAL et la mélancolie

Publié le 04/11/2022

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« “Je dédis ces fleurs maladives” déclarait Baudelaire dans sa dédicace du roman Les fleurs du Mal à son ami Théophile Gautier paru en 1857.

L’auteur va même considérer son œuvre comme un “misérable dictionnaire de mélancolie”.

La notion de mélancolie est très ancienne.

Sophocle l’utilisait déjà pour désigner la toxicité mortelle du sang de l’Hydre de Lerne dans lequel Héraclès a trempé ses flèches.

Au sens littéraire, la mélancolie signifie la tristesse.

La mélancolie « c’est le bonheur d’être triste » déclarait Victor Hugo.

De nombreux auteurs à travers les siècles s’en sont inspirés comme Lamartine, Musset, Chateaubriand qui parlera même du « mal du siècle ».

Au XX ème siècle Jean Paul Sartre publiera la Nausée, François Sagan Bonjour Tristesse… De nos jours, la mélancolie est souvent associée à l’état dépressif.

En revanche, en remontant dans le passé, dans la culture occidentale, la mélancolie était considérée comme une “maladie sacrée”.

En effet, paradoxalement elle était vecteur de fertilité, de lucidité et de clairvoyance ou bien elle était rapprochée au désespoir.

Certains la considéraient comme une source de génie et de folie méliorative à l’esprit tandis que d’autres la faisait correspondre à une tristesse ou à un dégoût de la vie.

On retrouve ce paradoxe chez Baudelaire car quelques fois la mélancolie lui permet de s’élever spirituellement mais la mélancolie pourra également provoquer sa chute.

En employant, l’adjectif “misérable” dans sa dédicace, Baudelaire accentue le côté dramatique des Fleurs du mal.

Il fait un parallèle entre le “dictionnaire” et le recueil de poèmes ce qui révèle l’étendue de sa mélancolie.

Ainsi, nous nous demanderons : Dans quelle mesure, en écrivant sa mélancolie, Baudelaire parvient-il à la combattre, « à habiter poétiquement le monde » - selon la belle expression du poète allemand Friedrich Hölderlin - ? Mais même en cherchant à idéaliser le monde ou en se faisant alchimiste pour transformer la boue en or, Baudelaire ne parvient pas par sa sensibilité exacerbée à lutter contre sa mélancolie puisqu’après l’échec de l’idéal, ce sera la victoire du Spleen. Les Fleurs du mal vont permettre à Baudelaire d’exprimer sa mélancolie et de la combattre. Le Spleen est évidemment négatif, cependant, en faisant naitre la tristesse, le sentiment de malheur, le regret nostalgique, il est un élément nécessaire au poète qui lui permet d’exprimer sa révolte contre la société et la cruauté des hommes.

Par exemple, dans le poème, « les bohémiens », Baudelaire exprimera de la compassion pour ce peuple malmené et menant une existence difficile ( comme le poète ).

Pourtant Baudelaire n’est pas Émile Zola, ou Victor Hugo, il ne s’est jamais investi dans le combat des inégalités.

S’il décrit les bas fonds de Paris dans les Fleurs du Mal et le Spleen de Paris c’est avant tout parce que ceux-ci offrent des sujets de représentation poétique saisissant ( la dépravation, la prostitution ).

La mélancolie du poète permet également de critiquer l’évolution de la société et la révolution industrielle par exemple dans les « Tableaux Parisiens » et le poème « À une passante ».

Baudelaire critique Paris qui se transforme par les aménagements du baron Haussmann.

En effet, la ville n’est plus un lieu de rencontre et de communication mais un lieu de passage. Par ailleurs, en écrivant sur sa mélancolie, Baudelaire est appelé à vivre dans un monde idéal ce qui lui procure un bien être et une satisfaction.

C’est ce qui transparait dans le poème « Correspondances » car le poète entrevoit un monde céleste qui comblerait ses désirs.

Ainsi, par ces poèmes mélancoliques, Baudelaire percevrait les mystères du monde comprenant par exemple le langage des fleurs et des choses muettes.

Dans « correspondances », Baudelaire écrit «Les parfums, les couleurs, et les sons se répondent ».

Ce vers est l’indice que le poète était peut-être affecté de synesthésie, un processus neurologique qui conduit à associer les sensations, issus de différents sens.

Les poèmes des Fleurs du mal vont permettre à Baudelaire de redéfinir la beauté.

Il reproche aux écrivains romantiques une quête de l'absolu et de la beauté.

Selon lui, la littérature et la poésie se suffisent à ellesmêmes.

Baudelaire va notamment emprunter cette idée au mouvement parnasse. En effet, les parnassiens valorisent l’impersonnalité et le travail de la forme.

On pourrait considérer l'auteur comme un romantique frustré car il est à la croisée de trois mouvements littéraires ( le romantisme, le symbolisme et le parnasse ), ainsi, il crée une nouvelle esthétique.

Les thèmes majeurs poétiques qu’il développe ont souvent un traitement original mais provoque une polémique plus ou moins importante.

En effet, quelques mois après la parution de ce recueil de poèmes, l’œuvre a été condamnée pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs car Charles Baudelaire y expose une vision provocante, péjorative et à contrecourant de la société du XIXème siècle. Ainsi, Baudelaire change la conception de la beauté et oriente le regard sur la réalité.

Par exemple dans les « tableaux parisiens » il contribue à faire de la ville un sujet poétique notamment dans « les petites vieilles ».

Il dresse des portraits traditionnellement rejetés et s’émancipe de la morale en peignant ou décrivant la misère, la perversion et la décrépitude des corps.

Ainsi, la poésie de Baudelaire interroge la place de l’homme dans le monde, le bouleverse et tente de le corriger. Enfin, la souffrance de Baudelaire et sa solitude notamment évoqué dans « l’albatros » va amener le poète à sublimer la réalité, mais n’est-ce pas l’essence même de la poésie ? En effet, Marguerite Yourcenar indiquait dans Mémoires d’Hadrien : « Les poètes nous transposent dans un monde plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui qui nous est donné, différent par là même et en pratique presque inhabitable.

» Cependant, même si par sa poésie, Baudelaire accède à un certain idéal, sa mélancolie le rattrape pour finalement l’atteindre au plus profond de son être.

On peut relever dans plusieurs poèmes les thèmes récurrents de la mort et de la prostitution.

De la même manière, il se désintéresse de ses principales inspirations : la nature et les femmes.

Dans le poème “Obsession” on entend un cri de haine contre la nature et il délaisse ainsi le mouvement romantique.... »

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