Devoir de Philosophie

DOCTES (les)

Publié le 10/03/2019

Extrait du document

DOCTES (les). Le triomphe, au XVIIe s., d'une conception mondaine et aristocratique de la littérature a fait du terme qui désignait les spécialistes, les savants, une injure et un synonyme de pédant ou de cuistre. L'histoire littéraire dénonce les doctes comme les grincheux responsables de la « querelle du Cid », et le moindre écolier sait les dépister derrière les Vadius et les Trissotin de Molière. Pourtant les doctes ont été, de Ménage à Chapelain, des frères Dupuy à Costar, de La Mesnardière à d'Aubignac, les vrais théoriciens de l'esprit classique. Les doctes sont les héritiers de l'humanisme de la Renaissance qui se fonde à la fois sur l'érudition du philologue et sur la conception morale du rôle de l'orateur et de l'écrivain : c'est dire qu'ils appartiennent à la caste parlementaire et gallicane. Le goût littéraire s'est d'abord formé à travers les jugements critiques de l'érudit, attentif au choix des mots et à leur propriété expressive, travaillant sur les textes antiques par la méthode philologique de Yemendatio et de la restitutio. Le classicisme a porté à sa maturité une éthique de la forme née au parlement de Paris, dès le Moyen Âge, avec le Stilus Curie Parlamenti de Guillaume du Breuil (xive s.) et la Rhetorica (1471) de Guillaume Fichet. Budé a inspiré Rabelais et Montaigne, comme la génération de Michel de L'Hospital a fait le succès de Ronsard. Conscient d'appartenir à la « République des Lettres », les magistrats français de la seconde moitié du xvie s. n'ont pas seulement cherché chez Plutarque,