Devoir de Philosophie

Don Juan V

Publié le 08/11/2012

Extrait du document

don

Le Spectre, en femme voilée Dom Juan n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel ; et s'il ne se repent ici, sa perte est résolue. Sganarelle Entendez-vous, Monsieur ? Dom Juan Qui ose tenir ces paroles ? Je crois connaître cette voix. Sganarelle Ah ! Monsieur, c'est un spectre : je le reconnais au marcher. Dom Juan Spectre, fantôme, ou diable, je veux voir ce que c'est. Le Spectre change de figure, et représente le temps avec sa faux à la main. Sganarelle Ô Ciel ! voyez-vous, Monsieur, ce changement de figure ? Dom Juan Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec mon épée si c'est un corps ou un esprit. Le Spectre s'envole dans le temps que Dom Juan le veut frapper. Sganarelle Ah ! Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir. Dom Juan Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi. *** La Statue Arrêtez, Dom Juan : vous m'avez hier donné parole de venir manger avec moi. Dom Juan Oui. Où faut-il aller ? La Statue Donnez-moi la main. Dom Juan La voilà. La Statue Dom Juan, l'endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l'on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre. Dom Juan Ô Ciel ! que sens-je ? Un feu invisible me brûle, je n'en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent. Ah ! Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Dom Juan ; la terre s'ouvre et l'abîme ; et il sort de grands feux de l'endroit où il est tombé. Sganarelle Ah ! mes gages ! mes gages ! Voilà par sa mort un chacun satisfait : Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. Il n'y a que moi seul de malheureux. Mes gages ! Mes gages ! Mes gages ! Molière, Dom Juan, acte V, scènes 5-6. N.B. : dans le commentaire, les lignes correspondent au livre Dom Juan, édition Bordas (Univers Des Lettres), n°210.   Situation :   Dans la scène 3 de l'acte V, Dom Juan a dit à Dom Carlos que le Ciel lui a demandé de changer de vie : il ne peut plus se marier avec Elvire et le Ciel ne veut pas qu'il se batte en duel. Les scènes 4-5-6 sont courtes : l'intrigue s'accélère depuis que D.J. joue le faux dévot → c'est ce qui va déclencher l'intervention divine qui mettra un terme à cet abus. Dans les 2 scènes que nous allons étudier, Molière a rajouté la présence du spectre par rapport à la version originale espagnole.   Le commentaire : ___I)__Une scène de dénouement. _____1)__Un dénouement qui respecte la logique de la pièce. _______a)__Le personnage de Dom Juan. Il reste conforme à ce qu'on a vu : ___- il ne se repend pas ___- il est incrédule. Il a une attitude de défi face : ___- au spectre : il veut tirer son épée et le frapper ___- à la statue : il lui donne la main comme il le ferait à n'importe qui, il n'est pas surpris, cela lui est normal. Il dit qu'il n'a pas peur (l.1810-1811). Dans le registre tragique, le héros prend conscience qu'il est impuissant face à des forces supérieures. Ici il ne reconnaît pas ce statut d'infériorité face au spectre, qui est une force supérieure. On retrouve le même procédé que dans la scène 2 de l'acte V : D.J. rabaisse le spectre à l'état de chose : « rien «, « un corps ou un esprit « (l.1810-1811). Il est toujours incrédule : il répète « non « (l.1810 et 1816) : il est catégorique. l.1816-1817 : il refuse de croire, de se repentir → il continue dans son impiété. Il ne dit pas « il ne sera pas dit que je me repente « mais « il ne sera pas dit que je sois capable de me repentir « : ça ne lui vient même pas à l'idée, il nie toute possibilité de se repentir, il est encore plus catégorique et incrédule. De plus, il exprime l'impossibilité totale en disant « quoi qu'il arrive « → c'est impossible à tout niveau qu'il puisse rentrer dans les règles de la religion. Dans la scène 6, il désacralise la statue : ça paraît normal de la suivre. En plus, il la touche, il lui donne la main. l.1826 : « O Ciel ! « : c'est une marque religieuse. On croit qu'il se rend compte que Dieu le punit. Mais ensuite il décrit ce qu'il ressent et il semble qu'il ne sait pas ce qui lui arrive. En fait « O Ciel « est une interjection, il n'y a pas de côté religieux. Ça prend du coup un...

don

« Dom Juan Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec mon épée si c'est un corps ou un esprit. Le Spectre s'envole dans le temps que Dom Juan le veut frapper.

Sganarelle Ah ! Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir. Dom Juan Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir.

Allons, suis-moi. *** La Statue Arrêtez, Dom Juan : vous m'avez hier donné parole de venir manger avec moi. Dom Juan Oui.

Où faut-il aller ? La Statue Donnez-moi la main. Dom Juan La voilà.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles