Don Ruy Gomez, Hernani de Victor HUGO

Criminel, don Ruy Gomez l’est doublement. Il l’est d’abord politiquement-en organisant un complot.contre, don Carlos. Sous la monarchie aussi bien française qu’espagnole, le régicide est l’un des plus grands forfaits qui soient. Même s’il ne parvient pas à ses fins, son crime reste entier. La seule pensée du régicide suffit à le rendre coupable. Don Carlos lui rappelle que c’est une « félonie », une « haute trahison » (IV, 4, v. 1713-1715), passible de la mort. ,

Criminel, don Ruy Gomez l’est aussi moralement. S’il ne tue pas directement Hernani et dona Sol, il n’en est pas moins pleinement responsable de leur mort. Un mot de lui suffirait à enrayer la catastrophe. Ce mot, il ne le prononcera jamais.

Un perdant

Ses crimes ne lui permettent même pas de réussir. Ils se retournent en effet contre lui et sont autant d’échecs. Sa conspi-ration échoue. Informé, le roi la déjoue. La clémence impériale contraste avec la haine et la noirceur du conspirateur. En forçant Hernani à se tuer, don Ruy Gomez espérait contraindre dona Sol à revenir vers lui. Là aussi, il échoue. En provoquant la mort d’Hernani, il provoque celle de dona Sol. « Moi seul, je reste condamné » (IV, 4, v. 1786),