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DONNEAU DE VISÉ Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DONNEAU DE VISÉ Jean (1638-1710). Parisien ambitieux et de bonne famille, il préférera à une carrière ecclésiastique la poursuite de la gloire littéraire. Il publia d'abord, en 1663, des Nouvelles nouvelles, mi-romanesques, mi-réalistes, où il aborde volontiers des sujets littéraires d’actualité : il y prononce sur rÉcole des femmes un jugement nuancé et attaque avec force la Sophonisbe de Corneille, dont il publiera une Défense quelques mois plus tard. Mais c'est en entrant le premier en lice contre Molière, avec Zélinde ou la Véritable Critique de « r École des femmes » et la Critique de la Critique (1663), qu’il se fera connaître. L’œuvre est assez fielleuse; l’année suivante, après l'impromptu de Versailles, il reviendra à la charge avec la Vengeance des marquis. Cependant, si ses Diversités galantes (1664) contiennent encore une Lettre sur les affaires du théâtre attaquant violemment Molière, il se réconciliera bientôt avec celui-ci, et on lui attribue souvent les deux apologies que sont la Lettre sur la comédie du « Misanthrope » (1666) et la Lettre sur « l'imposteur » (1667). Molière, il est vrai, avait joué en 1666 sa Mère coquette. Donneau de Visé donnera en 1667 son agréable comédie de la Veuve à la mode, dancourade avant la lettre, suivie, fin octobre, d’une pastorale, Délie, remplie d’allusions flatteuses pour le roi, et, en novembre, d’une farce, l'Embarras de Godard. Il faut encore relever parmi ses œuvres les deux comédies du Gentilhomme guespin (1670) et des Intrigues de la loterie (1670), et deux tragédies à machines, les Amours de Vénus et d'Adonis et les Amours du Soleil (1670 et 1671).
 
L’œuvre capitale de Donneau de Visé commence cependant en 1672, par la publication d’un recueil de lettres fictives, en prose, sur les événements du jour, intitulé le Mercure galant. Six mois plus tard paraissent simultanément le deuxième et le troisième volume : le journal — ou plutôt la revue — a déjà sa physionomie presque définitive; on y trouve des articles d’information sur la politique, la vie à la Cour et à l’armée, des nouvelles des cours étrangères, des poèmes, des articles de mode, des nouvelles romanesques, des informations théâtrales, sans oublier quelque publicité pour les œuvres de l'auteur. Les livraisons s’interrompent en décembre 1673 pour reprendre en 1677, après cession du privilège, dans le même esprit. Le Mercure galant se targue de publier volontiers les envois de ses lecteurs, et même les sollicite. Il promet un « extraordinaire » trimestriel. En 1661, Visé s’associera officiellement Thomas Corneille,


« qu i était déjà son collaborateur, et consacrera désormais au Mercure son activité principale, jusqu'à sa mort.

Avec le même Corneille il écrivit des pièces diverses : Circé, tragédie à machines, 1 'Inconnu, comédie à divertisse­ ment et intermèdes, la Pierre philosophale (1681), l'Usurier (1685), les Dames vengées (1695) dont offi­ ciellement il est le seul auteur.

Leur plus grand succès fut la Devineresse (1 679); Visé en au ra it conçu l'idée et les prin cip ale s scènes à effe t, Thomas Corneille les organisa.

Jouissant depuis 1684 d'u ne pension du roi de 6 000 1 iv res, puis de 12 000 li v res à partir de 1691 , Don­ neau de Visé mourut quelques mois avant son colla­ borateur.

Ambitieux et assez peu scrupuleux, ne reculant pas devant les compromissions, les flagorneries et les palino­ d ie s, mais travailleur acharné, actif, attentif à l'actualité et doué d'un grand sens de la publici té , fondateur du plus important périodique de l'Ancien Rég im e, il mérite d'être considéré comme le prototype parfait du jo urn a­ liste.

[Voir MERCURE DE FRANCE).

BIBLIOGRAPHIE Les Nouvelles nouvelles ont paru à Paris, chez P.

Bienfaict, en 1663, les Diversités galantes à Paris.

chez Ribou, en 1664; elles contiennent la Vengeance des marquis; les autres pièces de théâtre ont été publiées séparément, celles écrites en collabora­ tion avec Thomas Corneille se trouvent dans les œuvres de ce dernier.

Le Mercure galant a paru d'abord chez Barbin (1-IV), puis chez Loyson (Y-YI), enfin chez B1ageart.

Rééd.

de la Veuve à la mode, in Théâtre du XVIf siècle, II, « Pléiade>>, 1986, éd.

J.

Truchet.

A consulter.

-P.

Mélèse, Un homme de lettres au temps du grand roi, Donneau de Visé, Paris, Droz, 1936, et M.

Vincent, Donneau de Visé et Le Mercure galant, Aux Amateurs de livres, Paris, 1987, 2 vol.. »

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