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Douceur - Eugène GUILLEVIC

Publié le 25/02/2011

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Douceur

Je dis : douceur. Je dis : douceur des mots Quand tu rentres le soir du travail harassant Et que les mots t'accueillent Qui te donnent du temps. Car on tue dans le monde Et tout massacre nous vieillit. Je dis : douceur, Pensant aussi A des feuilles en voie de sortir du bourgeon, A des cieux, à de l'eau dans les journées d'été, A des poignées de main. Je dis : douceur, pensant aux heures d'amitié, A ces moments qui disent Le temps de la douceur venant pour tout de bon. Cet air tout neuf, Qui pour durer s'installera. Eugène GUILLEVIC (né en 1907), Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui « p. 135-136. Vous ferez un commentaire composé de ce texte, fragment d'un poème intitulé Exposé et publié en 1952 dans le recueil Terre à Bonheur. Vous pourrez par exemple étudier comment le poète fait de la « douceur « le remède à la dureté du monde présent et la promesse d'un monde meilleur. Ces indications ne sont pas contraignantes et vous avez toute latitude pour orienter votre lecture à votre gré. Vous vous abstiendrez seulement de présenter un commentaire linéaire ou une division artificielle entre le fond et la forme.   

« Curieusement, le poète n'est pas présent dans ces trois vers, du moins directement.

Guillevic a posé dès le départ lapremière personne : « Je dis ».

Ce procédé permet de ne pas privilégier le foyer par rapport aux autres « secteurs »de la vie ; la courte indépendante rythme chaque début de strophe. - Puis le domaine du malheur s'élargit au monde entier.

De plus, le pronom « on » généralise ; il a pour fonctiond'assurer une certaine indétermination qui prouve que le malheur peut s'abattre n'importe où : l'adjectif indéfini «tout » va dans le même sens puisqu'il signifie « n'importe quel ». - Comment comprendre « nous » (v.

7) ? Compte tenu de la deuxième strophe, on pourrait croire qu'il s'agit de l'homme et de la femme.

Aragon n'écrivait-ilpas : « Il n'y a pas d'amour heureux.

» La souffrance des autres interpelle les amants et lui ôte sa fraîcheur, sajeunesse.

Mais pour aller dans le sens de l'élargissement qui caractérise Je mouvement du texte, il semble plus crédible depenser que le pronom représente les hommes, les lecteurs. - L'unité L'auteur relie ces deux domaines par la conjonction de coordination « car ».

Il établit un lien causal un peu étonnantau premier abord mais bien explicable si l'on pense que Guillevic relie très fortement les différents domaines de la vie: il n'existe pas de cloisonnement et tout nous touche et nous blesse. b) Les sources de la douleur Dans ce paragraphe aussi, il faudrait souligner la progression du texte.

On passe du « travail » à « tout massacre »en quelques lignes.

L'adjectif « harassant » (v.

3) marque une fatigue très forte.

On notera de plus dans ce vers laprésence de sons graves, [an] et [a] qui contrastent avec les dentales douces du vers précédent. Ici, le travail représente le monde extérieur, lieu de l'effort par opposition au foyer, havre de douceur. Autre contrainte : l'absence de temps.

Grâce aux paroles prononcées, le lecteur a l'impression qu'un répit estaccordé et que le temps reprend un cours normal, plus lent.

Les deux vers qui suivent, plus violents, évoquent lamort.

Le verbe « tuer » (v.

5) indique, de façon neutre, si l'on ose dire, un assassinat, mais le nom « massacre » (v.7) suggère un acharnement, une sauvagerie tout à fait exceptionnelle.

A cette intense violence s'ajoute souvent lenombre des victimes. 2.

La promesse d'un monde meilleur a) La nature Feuilles et bourgeons encadrent le dixième vers.

Le pluriel « les cieux » (v.

11) donne de l'ampleur à la vision.

L'eauapporte une fraîcheur salutaire « dans les journées d'été » (v.

11). b) Les hommes Nous avions noté la présence de l'amour dans la deuxième strophe ; ce paragraphe peut à nouveau parler de cesentiment.

A la tendresse s'ajoute l'amitié avec « les poignées de main » (v.

12) qui terminent une strophe et le motmême, « amitié » (v.

13), à la rime avec « été » ! Les rimes de loin en loin créent d'ailleurs une certaine musicalitégrave avec l'emploi fréquent des nasales : « harassant » / « temps » ; « monde » / « bourgeon » / « bon ». c) L'avenir Le poème se termine par le futur, « s'installera », mais les événements qui annoncent l'avenir sont nombreux.L'auteur parle des bourgeons, du temps de la douceur venant, de « cet air tout neuf ».

Ces signes de jeunessecontrastent bien évidemment avec le vieillissement que provoque la souffrance (« tout massacre nous vieillit » (v.7)). 3.

Le rôle du poète a) Opposer la douceur au malheur On remarque l'insistance avec laquelle Guillevic répète « Je dis » ; Le poète est d'abord celui qui parle.

Ce faisant, ilagit et oppose aux massacres, aux violences, la douceur des mots.

L'indépendante fonctionne un peu comme unsignal, elle semble attirer l'attention du lecteur.

L'emploi répété de la première personne souligne l'engagementpersonnel du poète. b) Prévoir la douceur de demain. »

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