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Drieu La Rochelle (Pierre)

Publié le 10/03/2019

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Drieu La Rochelle (Pierre), écrivain français (Paris 1893-id. 1945). C'est, dès l'enfance, un « homme grave », hanté par le suicide. Des parents désunis l'initient à une vie vécue sous le signe de l'argent et de la jalousie (Rêveuse Bourgeoisie, 1937). Trois fois blessé pendant la guerre, son propre sang l'hypnotise : « J'étais un homme, mon sang avait coulé » (Comédie de Charleroi, 1934). De retour du front, en proie à une hantise de l'accomplissement, il se cherche et cherche, parallèlement, une Europe forte (Mesure de la France, 1922 ; le Jeune Européen, 1927) : « double jeu », double méprise. Il lutte dans ses essais contre les moulins à vent du machinisme, du futurisme et du « matérialisme » américain. Face à la décadence des démocraties, il « respire fasciste ». « Trop sensible pour être sensuel » (l'Homme couvert de femmes, 1925), il conte ses expériences amoureuses, et Gilles (1939) en donne le fin mot : « Tu as perdu ton temps avec les femmes, tu ne les aimes pas. » Le Feu follet (1931) offre une vision précisée du suicide, acte de Romain viril (« La vie n'allait pas assez vite en moi, je l'accélère. La courbe mollissait, je la redresse. Je suis un homme »), au moment même où l'aventure du nazisme le subjugue (Socialisme fasciste, 1934). Sous l'Occu-pation, il dirige la Nouvelle Revue française, écrit dans le Figaro, dans Je suis partout. L'engagement politique tourne au désastre, et Drieu se réfugie en littérature (PHomme à cheval, 1943 ; les Chiens de paille, écrit en 1944, publié en 1963) : « Oui j'ai été d'intelligence avec l'ennemi. Ce n'est pas ma faute si cet ennemi n'a pas été intelligent. » Mais il ne s'en sortira pas par une pirouette. Le 15 mars 1945, un mandat d'amener est délivré contre lui : le soir même, il réussit sa quatrième tentative de suicide en dix mois. L'homme de Genève ou Moscou (1928) n'a trouvé nulle part, pas

 

plus à Berlin qu'à Paris, de quoi satisfaire ses rêves de guerrier malade. Contradictions, alternances et alternatives l'ont épuisé. Cet homme blessé laisse une œuvre diverse, où il ne parle en définitive que de lui, de ses poèmes (Interrogation, 1917) jusqu'à son Journal 1944-1945 (1961), et où l'encre de l'œuvre et le sang de l'existence se mêlent étroitement ( Récit secret, 1958 ; Exorde, 1961 ; Mémoires de Dirk Raspe, 1966).

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