DU BOUCHET André : sa vie et son oeuvre

DU BOUCHET André (né en 1924). Pour André Du Bouchet, dont l'œuvre, d’un abord aride et déroutant, manifeste sans aucun doute l’une des entreprises poétiques les plus exigeantes des trente dernières années, et suscite, à son approche, une « fascination inquiète » (Pierre-Alain Tâche), comme pour Yves Bonnefoy — avec qui, en compagnie de Gaëtan Picon et de Louis-René des Forêts, il fonda une revue, l'Éphémère, au titre significatif —, la quête poétique se révèle être celle d’un lieu intenable qui ne se donne, pour se dérober dans un mouvement incessant, que dans la tension soutenue d'un ici et d’un là-bas irrémédiablement séparés et identiques. Pour Du Bouchet, la présence tant cherchée jamais ne se stabilise et l’être ne se dévoile (il s'agit de l'aletheia heideggérienne), dans la brièveté d’un instant, que pour s’évanouir inlassablement, de sorte que la vérité poétique ne fait irruption que « comme le don perpétuel de se détruire » (Jean-Pierre Richard). Le poète est donc à l’image de l’« homme qui marche » giacomettien — Du Bouchet a signalé cette concomitance de l’entreprise de Giacometti et de la sienne (Alberto Giacometti. Dessins, 1969; Qui n'est pas tourné vers nous, 1972) —, dont le but semble être bien plus dans l'avancée elle-même que dans la conquête de ce qui ne saurait être saisi.

Le souci d’aller vers le plus essentiel qui anime André Du Bouchet, l'amène à ne considérer que le plus élémentaire (l'air, le feu, la terre et, dans une moindre mesure, l’eau) et à limiter le nombre de ses thèmes. Cela le conduit à une poésie délibérément pauvre qui cherche à regagner en profondeur ce qu’elle a refusé