DU DEFFAND : sa vie et son oeuvre

DU DEFFAND, Marie-Anne de Vichy-Chamrond, marquise (1697-1780). Épistolière et hôtesse, née à Chamrond, près de Mâcon. Elle épousa en 1718 le peu attrayant marquis du Deffand, officier, châtelain près d’Étampes : un mari « aux petits soins pour déplaire ». Présentée à la Cour, elle mène une vie débauchée, devient la maîtresse du Régent et l’amie de la duchesse du Maine, chez qui elle rencontre le président Hénault, son futur amant. Installée rue de Beaune, puis au couvent de Saint-Joseph (1747), elle reçoit du fond de son légendaire « tonneau » (un fauteuil ainsi nommé à cause de sa forme) une société formée de mondains cultivés : d'Ay-die, le duc de Nivernois, sa parente la duchesse de Choi-seul (« grand-maman »), et d’intellectuels : Montesquieu, Formont, Maupertuis, Morellet, d’Alembert (qui succède à Hénault). En 1754, frappée de cécité, elle fait venir à Paris Julie de Lespinasse, fille adultérine de son frère, comme lectrice et dame de compagnie; son salon atteint alors à son apogée. Mais, en 1764, une crise éclate, et la trop charmante Julie fonde son propre cercle, entraînant avec elle des habitués comme Turgot et d’Alembert. L’entourage de Mme du Deffand devient alors de plus en plus aristocratique, cosmopolite et surtout anti-encyclopédiste. Usée, blasée, totalement aveugle, la marquise demeure indifférente à cette réussite mondaine et aux « machines à ressort » qui hantent son salon; en revanche, ses dernières années seront illuminées par une passion (des « emportements d’amitié ») pour le célèbre auteur du Château d'Otrante, l’Anglais Horace Walpole (1717-1797).