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Edgar Allan Poe

Publié le 04/05/2011

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Né à Boston dans une famille d'acteurs, Poe, orphelin, fut adopté par un couple aisé de Richmond. Il bénéficia d'une excellente éducation en Europe et aux États-Unis, jusqu'à ce que ses parents adoptifs aient bruit de ses dettes de jeu et lui coupent les vivres en 1827. A la suite de cette rupture, aggravée par un chagrin d'amour, il s'engagea dans l'armée. Assuré par son tuteur d'une place à l'Académie militaire de West Point, son désenchantement l'incita bientôt à rechercher l'expulsion pour indiscipline. Il partit pour New York puis s'installa à Baltimore où il commença à écrire des contes, gagnant ses premiers cinquante dollars avec son Manuscrit trouvé dans une bouteille  (1853) acheté par un magazine local. En 1835, il retourna à Richmond et entra comme éditorialiste au Southern Literary Messenger. Il s'y fit un nom de critique littéraire avant d'être licencié, à la suite d'écarts répétés de boisson. Il partit pour New York, puis Philadelphie, travaillant pour des magazines et revues. En 1843, il remporta un prix et un immense succès populaire avec son conte du Scarabée d'or. Deux ans plus tard, il publia son poème Le corbeau, qui lui valut une renommée internationale immédiate. Sujet à de nombreux scandales, Poe resta fidèle à son épouse jusqu'à sa mort en 1847, puis il se fiança à la femme qu'il avait aimée plusieurs années auparavant, à Richmond. Mais son cœur malade résistait mal à son lourd penchant pour l'alcool et il fut terrassé par une crise cardiaque lors d'un repas d'anniversaire.      

 

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)pour lui et lui apporte, c'est le parfum même, l'odeur troublante et vireuse de l'exquise pourriture européenne.

Tout comme, au même moment - le temps ayant achevé la distillation de ses pures essences - Baudelaire et Huysmans peuvent sentir pour la première fois après quinze siècles, comme on respire un flacon débouché, ce que sentait exactement la décadence latine, on dirait que Poe, de l'autre rive, apporte à saisir l'odeur intime de l'Europe ftéchissante sous le poids de ses souvenirs et de ses rêves le discernement maniaque d'un exilé qui hume dans le vent l'odeur de sa patrie.

Helen, tky beauty is ta me Like those .Nïcean barks of yore Thal gently, o' er a perfumed se a The weary, wayw orn wanderer bore Ta his own native shore.

ft was many and many a year aga In a king dom by the se a ...

Ce qu'ajoutent de nostalgie entêtante au souvenir du paradis tahitien vingt mille kilomètres de mer pour l'Européen qui en est revenu, c'est la mesure de la déformation légendaire, fabuleuse, qui d'Annabel Lee à Ulalume prête à l'univers de Poe - qui n'est que le monde où l'écrivain européen respire - cette brume d'inaccessible, ces couleurs immémoriales de paradis perdu et de lune morte, ces senteurs d'hypogée, cette majesté délirante et funèbre.

L'Amérique s'est détournée du visage de ce qu'elle avait condamné sans retour.

L'Amérique ne pouvait pas donner un public à Poe, à moins de perdre son âme toute neuve.

Mais l'Europe - « l'Europe aux anciens parapets » - à la fin a reconnu cette image maladive, affinée, exténuée, terriblement expressive d'elle-même que lui renvoyait le « merveilleux ivrogne de Baltimore ».

Elle l'a adoptée.

C'est par ses admirations surtout que le symbolisme a été grand.

Il a mis presque tout son génie à choisir ses patronages.

Wagner, Baudelaire, Poe : nulle école n'a été plus exemplairement, plus impitoyablement renseignée dès le début sur ses plus intimes exigences -seulement, ce qu'elle voulait, c'était déjà fait : elle ne s'en est jamais remise ni consolée, victime d'une fixation trop précoce de tard-venue.

Les plus beaux poèmes de Mallarmé sont des fleurs de cimetière, des bouquets frileux de la Toussaint : que de tombeaux à visiter! - tombeau d'Edgar Poe - tombeau de Wagner - tombeau de Baudelaire.

C'est une génération d'arrière-saison, une école commémorative.

Elle vit sur un capital.

Ces gens-là dilapidaient le magot : ils avaient hérité d'un oncle d'Amérique.

JULIEN GRACQ. »

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