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ELOGE DE LA FOLIE - (Érasme): la prosopopée de la Folie

Publié le 29/08/2012

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folie

Ainsi la première partie du texte (l 1 à 9) se contente d’exposer que certains aiment entendre ou raconter des histoires imaginaires. On est ici dans le registre de la fable plaisamment racontée pour distraire (« soulage l’ennui des heures «). Cependant, la fin de ce premier paragraphe se termine sur une proposition forte, qui dément la bégninité de la simple distraction : en effet , la Folie évoque que ces histoires peuvent faire partie d’un vaste commerce destiné à apporter un avantage à certains : quant à ceux qui sont visés, on s’aperçoit que les mot « prêtre «, qui a une forte connotation de piété, de service, de don de soi, de représentation de Dieu ainsi que le mot « prédicateur « , littéralement celui qui porte la parole divine, sont assimilés à ceux qui colportent des « fables, des prodiges inventés « visant à leur assurer un « profit «. La première règle évangélique ici, celle de pauvreté, est donc bafouée par ceux chargés de la défendre. Dès le second paragraphe, le fait pour les prêtres d’abuser délibérément la confiance des esprits superstitieux est évoquée par le fait qu’ils vont agir sur leurs « proches «, soit leurs ouailles. Suit la description ironique de l’étendue des croyances et pratiques superstitieuses qui pourraient prêter à sourire dans cette deuxième partie de texte visant surtout à ridiculiser les ignorants (l. 9 à 18). Cependant, la dénonciation prend un tour plus accablant dès lors que l’on atteint à la description des trafics d’indulgences (indulgences = rachat de ses pêchés en versant au prêtre une somme d’argent déterminée par celui-ci, qui « efface « les fautes) .

folie

« Suit, dans le deuxième paragraphe, la description des pratiques et croyances ridicules de tout un chacun (le « on » général utilisé montrant l’universalité des pratiquesparmi un public nombreux : « on salue…, on reviendra..): sont mises en miroir la pratique insignifiante ( voir un St Christophe, rendre visite à St Erasme, dire desparoles bien déterminées (formules magiques ?) à tel saint, faire des offrandes au cheval d’un autre ( on voit que l’objet de culte devient vraiment ridicule ici, puisquemême l’animal est vénéré dans l’espoir d’une faveur divine), en échange de grands bienfaits, disproportionnés avec la modicité de l’action : avoir la vie sauve,gagner un combat, être riche.L’abondance des termes réducteurs montre également que la Folie dénonce le manque d’envergure de ces esprits : « petit présent, petites formules, petits versets »),de même que la longue énumération des bienfaits attendus dénoncent une avidité (bien loin des préceptes religieux) qu’on croit acheter par des offrandes minimes : «des petites formules » contre « richesses, honneurs, plaisirs, abondances etc.

».

L’ironie de la Folie se moque ici de cette avidité stupide qui croit pouvoir tout avoirpour rien. Enfin, le dernier paragraphe emploie un vocabulaire encore plus éloigné de la dignité divine lorsque la Folie évoque des saints, patrons des maux de dents, desfemmes en couches, des objets volés, saint élevés à la dignité de symboles de nations qui les adoptent comme des sortes de mascottes ! « pays revendique pour lui-même un saint particulier ».

La dichotomie entre la grandeur supposée des nations et le ridicule des attributions des saints qu’elles se choisissent pour les représenterprête à rire. b) Une indignation qui perce sous l’ironie.Cependant, sous l’ironie du personnage de la Folie perce en fin d’extrait une indignation qu’on devine ressentie par l’auteur.En effet, le propos de la folie s’emballe, les termes utilisés sont de plus en plus virulents et dénonciateurs : le CL du vice : « rapines, meurtres, parjure, ivrogneries…» aggravé par l’anaphore « tant de « répétée 6 fois (l.

30 à 32) stigmatise la conduite impardonnable des adorateurs superstitieux qui rachètent des indulgences pourse vautrer à bon coût et l’âme en paix dans le vice le plus noir « ..

s’imagine avoir purifié d’un seul coup ce marais de Lerne… ».

ici la métaphore fait allusion à lamythologie herculéenne, marais qui abrita la fameuse Hydre aux multiples têtes et représente ici la profondeur de la décadence humaine à laquelle nulle classen’échappe «commerçant, soldat, juge…).Le propos devient émotionnel : aux phrases déclaratives et plaisantes du début de la prosopopée succèdent des phrases interrogatives et exclamatives qui suiventl’aggravation des comportements humains et reflètent l’émotion de la Folie qui finit, malgré son cynisme, par reconnaître que la folie humaine lui « fait honte ».

Onnotera que les phrases deviennent presque haletantes après le constat qu’une place au paradis auprès du Christ n’est même plus enviable ou « le plus tard possible »au commun des mortels anxieux des bonheurs terrestres plutôt que du salut de leur âme (l.

25 – 26).Sous le propos ironique et léger perce donc une indignation qui confine au désespoir de voir le genre humain aveuglé à ce point par les fausses croyances et oublieuxdes devoirs chrétiens et de son Dieu au profit des vaines richesses terrestres.

Et la décadence est d’autant plus douloureuse à Erasme que cet oubli du devoir chrétienest soutenu, encouragé par l’avidité du clergé qui vend pour une obole le salut des âmes qui lui sont confiées .. »

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