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ETUDE DE AUX LECTEURS MONTAIGNE

Publié le 22/11/2020

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montaigne

Objet d’étude 1, parcours 1 , séance 1 (compréhension du préambule pour préparer les explications linéaires) : analyse linéaire du texte 1 (texte hors corpus dit « texte complémentaire) Montaigne, les Essais, \"Au lecteur\" Montaigne et son lecteur Les quatre premières phrases révèlent la relation que Montaigne souhaite entretenir avec son lecteur, familiarité par le tutoiement, mais aussi désinvolture dans le ton adopté. Après une protestation de sincérité, « un livre de bonne foi », l’écrivain refuse, pour son livre, toute « considération », avec une série de négations : « ne…que », « aucune », « nul », « ni », ne…». Nous notons, certes, l’expression d’une modestie. Il ne souhaite pas la « gloire », s’en sent même indigne : « Mes forces ne sont pas capable d’un tel dessein ». Mais, de l’autre, il semble ne faire aucun cas de ce lecteur : « nulle considération de ton service », « aucune fin que domestique et privée ». Il prend ainsi le contrepied de ce que le lecteur peut attendre d’un écrivain au XVIème siècle : une leçon de sagesse. Aussitôt après, il réduit d’ailleurs ce lectorat à ses « parents et amis », en précisant son but : laisser une trace de lui-même après sa mort. Ainsi à « après m’avoir perdu » s’oppose son but, qu’« ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs ». Un auto-portrait véridique La suite du passage insiste sur la vérité du portrait que Montaigne s’apprête à faire de luimême, notamment par le choix des adjectifs au comparatif : qu’« ils nourrissent, plus entière et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi ». La sincérité est soulignée par l’opposition entre  ce qu’impliquerait le désir de « gloire », embellir son image, hypothèse rejetée par le subjonctif plus que parfait et le conditionnel : « je me fusse mieux paré et me présenterais en une démarche étudiée ;  son objectif de sincérité, accentué par l’énumération, « Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice », complétée par l’insistance « tout entier et tout nu ». L’affirmation énergique où le « je » s’impose dans la structure emphatique (de mise en relief) « car c'est moi que je peins », reprise par « Je suis moi-même la matière de mon livre », confirme la dimension autobiographique des Essais. Or, cela peut choquer à une époque où, comme le dira Pascal au XVIIème siècle, « Le moi est haïssable » : l’homme ne doit-il pas s’effacer, renoncer à tout orgueil, pour se tourner vers Dieu ? Avant Montaigne, seul l’auteur latin, saint Augustin, avait parlé de lui dans ses Confessions (397-401), mais c’était pour avouer ses péchés, raconter sa quête de Dieu en chantant sa gloire. Rien de tout cela chez Montaigne qui ne propose, lui, qu’un autoportrait sincère : « Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve » puisque ce qui l’intéresse, c’est de peindre l’Homme, ses grandeurs et ses limites.

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