Etude de style
Publié le 18/02/2019
Extrait du document
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de simplicité ( je suis très heureuse ) et de registre soutenu ( la bonne inspiration de vous prier ) qui atteste cette
différence.
Même fonction dans le discours du domestique au début.
Aucune trace de discours indirect et une seule
occurrence de discours narrativisé ( Et il jeta le nom… ).
Cette rareté du discours correspond à un code de
l’écriture réaliste de la scène de rencontre (voir Stendhal, Flaubert) : le regard l’emporte sur la parole, les signes
de tous ordres ont plus d’importance que le discours.
2) La restitution de la vie intérieure
En revanche, contrairement à ce qui se passe chez Flaubert ou Zola, le monologue indirect libre est rare
dans cette scène : Quelle était cette dame qui souriait ?.
Maupassant emploie successivement, dans cette
séquence , le monologue i ndirect libre, le psycho -récit ( Il se souvint que…) et le discours direct.
Au § précédent, de manière plus bal zacienne , on a un enchaînement psycho -récit et commentaire
psychologique : Mais Duroy se sentit perclus … (psycho -récit).
Il allait faire … (expli citation psychologique du
narrateur omniscient).
Autre exemple à la ligne 2 : sans comprendre d’où lui venait ….de leurs vêtements .
Les deux -points
assurent la transition du psycho -récit ( se troubla ) au commentaire narratorial ( [lui venait] d’une inconsci ente
comparaison peut -être …).
On trouve du reste un autre balzacisme caractérisé dans l’emploi de l’exophore mémorielle à la fin du
texte : C’était un des visages de femme…
En revanche, o n reconnaît dans l’agencement de certains § psychologiques l’influenc e déterminante de
la prose flaubertienne.
C’est le cas aux lignes 15 à 19.
Charpente binaire articulée autour d’un point -virgule suivi
par un conjonctif très neutre du type et ou mais .
Une telle phrase porte la signature de Flaubert. Pour qui connaît
L’Edu cation sentimentale , la relation très mécanique entre le trait comportemental exprimé au perfectif ponctuel
(Il rougit …) et la réaction intérieure à l’imparfait duratif ( Il se sentait examiné… ) est la manifestation d’un code
inter textuel.
A cette réserve, que les métabole s (examiné, inspecté / pesé, jugé ) ne sont pas flaubertienne s.
La phrase -paragraphe de la ligne 19, quant à elle, l’est encore moins .
Elle use d’un patron de phrase
hypotaxique assez élaboré pour restituer le sentiment d’intense volupté épr ouvé par le personnage.
A cet instant,
le topos de l’échange de regard montre assez que nous sommes à un moment charnière de la rencontre entre le
néophyte et la femme médiatrice.
Maupassant use alors d’une phrase ample, rythmée par des appuis
anaphoriques sur les conjonctifs ( quand…quand / qu’il…qu’il…qu’il ).
A l’inverse de ce qui se passait dans les
paragraphes précédents, la syntaxe se fait plus abondante, plus généreuse et plus expressive.
En témoigne la
multiplication des caractérisations binaires ( éla stique et doux/ nouvelle et charmante ), ternaires avec gradation
(enfoncé, appuyé, étreint ).
Le recours à la personnification du fauteuil dans la tournure passive avec agent ( par le
fauteuil ), à l’hypallage sur caressant , la polysémie de l’expression « prenait possession », tout cela atteste une
volonté d’expressivité qui contraste avec les deux paragraphes précédents .
Tous ces procédés visant à insister sur
la portée symbolique de cette rencontre où le fauteuil érotisé se substitue à la femme et se trouv e associé à
l’espoir de volupté charnelle et sociale qu’elle représente. Ainsi, la phrase paragraphe épouse le trajet de ce rite
initiatique qui transforme Duroy en parvenu.
III - Le portrait
1) Composition
Le bref portrait de Mme Forestier obéit à une lo gique de progression conventionnelle (balzacienne) : il
amorce sur le code vestimentaire ( robe de cachemire ) et s’achève sur le code physiognomonique (exophore
mémorielle : C’était un de ces visages ).
De l’observation à l’interprétation, en somme.
Progress ion qui donne
sens au choix de la focalisation interne : Duroy apprend à déchiffrer la féminité.
Autre effet de focalisation interne : le mouvement du regard.
D’abord, la silhouette, puis un cadrage mi -
corps (des bras jusqu’aux cheveux), pour finir sur un parcours méronymique du visage.
Le portrait dessine donc
un trajet conforme aux étapes traditionnelles, que segmente bien le découpage en paragraphes.
Une vue
d’ensemble du personnage, puis un parcours détaillé des parties du corps (bras, gorge, cheveux, c ou), puis une
analogie entre la bourgeoise et la fille des Folies -Bergères qui assure la transition avec la découverte du visage
comme siège de l’ambiguïté féminine.
De telle manière qu e le portrait dessine un itinéraire de découverte (roman de formation). En témoigne
dans le dernier paragraphe, un modalisateur d’incertitude du type « sans qu’il sût pourquoi », ou des
caractérisation s évasives telles que « en rendait étrange l’expression », ou « paraît dire ou cacher ».
Le lecteur
découvre la femme à trave rs le prisme des mouvements intérieurs du personnage focal.
Il s’agit bien là d’une
forme de réalisme subjectif, qui cohabite avec des éléments expressifs propres au naturalisme..
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