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Etude du Rasoir de Shiga Naoya

Publié le 09/03/2014

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 Si l’œuvre de Shiga Naoya (1893-1971) s’est bel et bien ancrée dans la veine humaniste, à contrecourant de  la déferlante naturaliste qui a eu lieu dès 1910 au Japon, il serait réducteur de ne la définir qu’en ces termes. En effet, sa nouvelle, Le Rasoir, publiée en 1913 est un exemple parfait des contrastes qui coexistent au sein de sa carrière littéraire et il est difficile sans doute d’ignorer l’esthétique naturaliste de l’ère Taisho (1912) qui s’y dissimule.  Shiga Naoya, comme dans d’autres nouvelles,  y explore avec retenue les tours et les détours de la conscience humaine dans un style toujours simple, concis et transparent. Cette démarche teintée de neutralité, n’est alors pas sans rappeler les propos de Kosugi Tengai (1865-1952), considéré comme le fondateur du courant naturaliste japonais : « la nature est ce qu’elle est, ni bonne, ni mauvaise, ni belle, ni laide «.  Ici, Shiga Naoya s’évertue à peindre le portrait d’un barbier du nom Yoshisaburô, en proie à une violente grippe. La maladie devient alors un prétexte, permettant d’entrer dans les méandres de sa psychologie, caractérisée notamment par ses rapports avec les autres personnages. La montée en puissance de la tension dans le récit, laisse entrevoir des relations de plus en plus complexes : du Yoshisaburô patriarche et intransigeant jusqu’au dénouement final dévoilant un rapport à autrui des plus inquiétant.     La nouvelle s’ouvre sur une présentation succincte du contexte des événements. Nous voici dès lors  en présence de Yoshisaburô, barbier de son état, ex...

« naturellement en tant que tel qu'il se comporte, aussi bien envers ses employés que sa femme.

Écrit en 1913, Le Rasoir, semble imprégné de l'idéologie de l'Ie, unité de base de la loi japonaise de l'époque qui consiste en un modèle familial élargi soumis à l'autorité indéfectible d'un chef, représentée ici par la figure de Yoshisaburô. Aux premiers abords, avenant, ce dernier semble veiller sur ses apprentis comme sur ses propres enfants, la preuve en est avec le récit sur ses deux anciens employés : Gen et Jita.

La réapparition de Gen après deux ans d'absence semble s'apparenter au retour du fils prodigue où, Yoshisaburô, en lui redonnant du travail, joue le rôle du père magnanime.

Quant à Jita, c'est le barbier « apitoyé » nous dit-on, qui essayera jusqu'au bout de le remettre sur le droit chemin, non sans avoir fait preuve d'indulgence suite à des vols répétés.  En ce qui concerne son épouse, sa relation avec elle est toute autre : O-Umé semble totalement dévouée à son mari.

Docile et attentionnée, elle ne cherche pas vraiment à aller à l'encontre de ses décisions  quand bien même il n'est pas en état de travailler correctement.

 Dans cette relation matrimoniale, Yoshisaburô est l'archétype de l'homme autoritaire qui dirige toute la maisonnée d'une main de fer.

Sûr de ses compétences, il ne daigne même pas faire attention à O-Umé qui lui conseille de déléguer à un apprenti la commande d'un client.  L'apparition du fameux rasoir en tant que symbole d'autorité va dévoiler une autre facette des relations entretenues par le barbier avec les autres personnages.  Cet élément extrêmement signifiant au récit va mettre en place la mécanique d'une tension toujours plus grandissante portée par les symptômes d'une maladie toujours plus contraignante.  À n'en point douter, le personnage principal est un perfectionniste dans l'âme.

 Fier de ses compétences, il ne veut absolument pas confier l'affutage du rasoir d'un fidèle client à un simple employé.

Le regard critique et le peu d'estime que possède Yoshisaburô vis-à-vis de ses deux apprentis, Kin et Kanéjirô, ne sont d'ailleurs sans doute pas étrangers à cette décision.

Dès le début de la nouvelle, on insiste sur les maigres qualités de ses nouveaux employés.

Le narrateur, dont on sent qu'il est proche de la réflexion du barbier malgré son statut extra-hétéro-diégétique,  parle d'un garçon « à la figure blême, étonnamment dépourvu d'énergie » et d'un autre  «  au crâne effroyablement dolichocéphale » (p106).

 Ici, c'est donc l'image d'un Yoshisaburô critique et intransigeant qui est mis en avant.  Il se refuse à la médiocrité au sein de son travail et exige toujours le meilleur de lui-même avec chaque client.   Mais tour à tour accablé par la maladie, son travail, le manque de. »

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