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Etude linéaire du texte n° 6 : Colette, Sido. (Le Livre de poche pages 49 et 50)

Publié le 03/01/2024

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« ● Etude linéaire du texte n° 6 : Colette, Sido.

(Le Livre de poche pages 49 et 50) ▪ Introduction : ◊[Amorce + présentation et situation du passage]Dans Paysages et portraits, Colette écrit : « Ressusciter ce que je fus ! … Quelle femme n’a espéré le miracle ? Revivre tout ce qu’il y a dans un cœur d’enfant, savourer à nouveau ce qu’il a contenu de sagesse, de pudeur, de diplomatie, de méfiance […] » Tel est le souhait de Colette.

Quand elle écrit Sido, elle cherche bien sûr à dresser le portrait de sa mère, mais si les premières pages cristallisent la figure maternelle, reine de son foyer et de son jardin, la promenade à l’aube qu’on trouve dans les pages 49 et 50 constitue un épisode au sein duquel Colette ressuscite l’enfant d’autrefois, celle à qui Sido permettait d’explorer le monde, à la naissance du jour. ◊[Lecture] ◊[Mouvements] : -1er mouvement (ligne 1 à 5) : L’échappée dans la nature en été. -2ème mouvement (l.

6 à 12 jusqu’à « éclosion ») : la découverte d’un monde originel. - 3ème mouvement (l.

12 de « Ma mère » à la fin) : une enfant adorée et privilégiée. ◊ [Projet de lecture :] En quoi cet extrait oscillant entre autobiographie, conte et mythe, célèbre-t-il le monde de l’enfance dans sa connivence avec la nature ? / En quoi dans cet extrait Colette réussit-elle à ressusciter le passé et à montrer le lien privilégié que l’enfant qu’elle était entretenait avec la nature ? ▪ Etude linéaire : ◘ 1er mouvement (l.1 à 5) : L’échappée dans la nature en été. Cet épisode de l’échappée dans la nature, qui célèbre l’enfance, ressuscite le moment vécu. La première phrase met en place un décor atemporel et mystérieux.

L’anaphore du nom « étés » au pluriel avec le rythme ternaire permet cette mise en place du décor.

L’absence de verbe et le rythme ternaire donne un caractère d’incantation ( = Emploi de paroles magiques) : Colette semble apostropher les étés et les mots résonnent comme une invocation (= prière) : il s’agit d’appeler les souvenirs d’enfance, de faire en sorte qu’ils se réveillent et affluent dans le présent.

La narratrice veut se remémorer les étés de son enfance.

Le pluriel « étés » montre que l’expérience a été vécue plusieurs fois, sur plusieurs années.

Elle cherche à restituer une atmosphère qui était la même d’été en été. La narratrice est présente par la métonymie « le jonc tressé de mes grands chapeaux » : elle n’est pas décrite physiquement et disparaît sous son couvre-chef. Plusieurs sens sont convoqués pour restituer l’atmosphère : la vue à travers le participe passé « réverbérés » et l’adjectif « jaune » mais aussi le toucher puisque le gravier est « chaud ».

Il s’agit de restituer l’émotion d’antan, l’éblouissement qu’elle a connu et la sensation tactile de chaleur. L’allitération en « s » (« traversant », « tressé », « presque » sans ») magnifie l’évocation et montre que les sensations l’envahissent.

En effet, le charme tient aux sensations évoquées et non aux sentiments. 1 En une phrase, Colette réussit à nous plonger dans l’atmosphère de son enfance et à faire ressurgir le passé.

Les points de suspension à la fin de la première phrase permettent au passé de resurgir. La deuxième phrase accentue le lyrisme avec la présence plus prononcée de la première personne à travers les pronoms personnels « j’ » et « me » ou le déterminant possessif « ma ».

La narratrice va évoquer ses sentiments personnels à travers le verbe « aimais » (l.2).

L’adverbe intensif « tant » prouve à quel point elle affectionnait l’aube, à quel point elle était fascinée par ce moment. L’adverbe « déjà » montre que c’est encore valable au moment où Colette écrit ; l’adverbe crée un pont entre le passé et le présent.

L’aube est par ailleurs présentée comme une « récompense », cette métaphore prouve que c’est comme une sorte de cadeau qui se mérite.

Sido apparaît comme une sorte de divinité bienfaisante qui offre l’aube à sa fille. La troisième phrase va présenter la sortie de l’enfant comme une véritable expédition.

La précision temporelle « à trois heures et demie » souligne l’éducation atypique qu’a reçue Colette avec une mère qui acceptait de façon régulière - comme le prouve l’emploi de l’imparfait d’habitude « j’obtenais » ou « je m’en allais » - de laisser sortir son enfant si tôt.

L’enfant part alors en expédition. On note l’humour avec l’adjectif qualificatif « maraîchères » : l’enfant ne part pas vers des terres inconnues, mais vers des terres cultivées.

Ce n’est donc pas une grande aventure, mais l’enfant vit cette excursion comme une véritable expédition. Les terres sont personnifiées puisqu’elles « se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière » : la nature prend vie et agit comme une personne. La destination de l’enfant, présente à travers le rythme ternaire « vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues », rappelle la gourmandise de Colette et le fait que la nature est présentée comme nourricière.

Les fruits rouges sont l’objet de la sortie.

Les groseilles sont « barbues » : nouvelle personnification de la nature mais aussi présentation comme on pourrait la trouver dans un conte. → Ainsi, ce premier mouvement permet le surgissement des étés de l’enfance : on y voit l’enfant qui, comme dans un conte, découvre un monde merveilleux.

Le passé refait surface et toute une atmosphère est retranscrite permettant au lecteur de ressentir ce que ressentait la narratrice. ◘ 2ème mouvement (l.

6 à 12) : La découverte d’un monde originel. Dans ce deuxième mouvement on voit l’enfant privilégiée qui assiste au réveil de la nature. La précision temporelle « À trois heures et demie… » crée un effet de réel mais insiste (puisqu’elle est répétée) sur la singularité de la promenade de l’enfant que sa mère a autorisée à quitter la maison pour aller à la découverte de la nature.

La suite de la phrase brouille le caractère réaliste : « un bleu originel, humide et confus » : la paysage qui se dessine à travers ce rythme ternaire ressemble à un univers de conte fantastique ou de mythe.

La synesthésie « un bleu […] humide » associe la vue et le toucher pour retranscrire une atmosphère particulière.

Un univers fœtal est évoqué avec « originel » « humide et confus » : c’est la naissance du monde à laquelle on semble assister.

L’aube est le moment où la nature va naître. L’atmosphère énigmatique est renforcée par l’image du brouillard qui devient une sorte de personnage à part entière puisque comme un être vivant, il a un « poids ».

La description du brouillard renforce l’idée d’une osmose entre l’enfant et la nature.

Le verbe « baignait » le souligne et peut rappeler aussi ce qui se passe avant la naissance, lorsque le fœtus baigne dans le liquide amniotique.

L’enfant est présentée comme un être de sensations puisque ce sont les parties de son corps qui sont évoquées dans une énumération « jambes…torse… lèvres…oreilles...narines », dans un mouvement de bas en haut, qui évoque les sensations de l’enfant qui se laisse envahir par le brouillard et semble communier avec lui grâce à ses sens, et en particulier grâce à l’odorat, comme 2 le suggère le comparatif de supériorité dans l’expression « mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps ».

Le brouillard est enveloppant, presque maternel et d’ailleurs la phrase suivante précise que l’enfant n’a pas peur : « J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers » (l.9)..... »

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