Devoir de Philosophie

Faut-il compléter la lecture d'une autobiographie par celle d'une biographie ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

.../...

« père : il prétend d'ailleurs ne presque rien savoir sur ce père et le peu qu'il nous en dit est empreint d'un cynismeassez condescendant.

Annie Cohen-Solal, dans sa biographie de Sartre, n'a pas de mal à rétablir la vérité.

Le pèrede Sartre n'était pas cette pâle figure que nous trace son fils mais un esprit brillant à la personnalité affirmée,physiquement assez ressemblant à son fils...

mais Sartre trouvait plus commode de se prémunir contre un modèlepaternel qui lui aurait fait de l'ombre. [2.3.

Les perspectives élargies de la biographie] Placé à une distance affective — et temporelle — suffisante de son personnage, le biographe est à même d'enéclairer la vie — et éventuellement l'oeuvre— en discernant les influences qu'il a subies ou projetées, en mettant enperspective les différents moments de sa vie. L'autobiographe fera revivre son personnage dans une époque, dans son milieu ce qui donnera à son étude plus derelief, de la profondeur de champ. On pourrait se dire: à quoi bon raconter la vie de Montaigne puisque dans les Essais, son projet est de parler de lui- même en toute simplicité ? En fait, les Essais ne sont pas vraiment un journal, tenu régulièrement: Montaigne y livre des réflexions de toutes sortes, un peu au fil de la plume, sans vraiment suivre l'ordre chronologique.

Montaigne nenous y dit pas tout, mais seulement ce qui lui semble important, capable d'inspirer des vues générales, il omet ce quilui semble secondaire; le biographe devra, lui, s'attacher au Montaigne «politique», pas seulement témoin maisacteur dans son siècle; au coeur du conflit des guerres de religion, Montaigne, est protégé du roi Henri III,entretient d'excellentes relations avec le futur Henri IV, remplit plusieurs missions de la plus haute importance, sansque rien n'en apparaisse dans les Essais — : c'est donc un autre Montaigne, complémentaire du premier, que nous découvrirons. [3.

Autobiographie + biographie: un tandem idéal/] [3.1.

La biographie plus complète?) Si l'on considère que l'homme est inséparable de l'oeuvre, on souscrira à cette affirmation de Sainte-Beuve: «Enmatière de critique et d'histoire littéraire, il n'est point, ce me semble de lecture plus récréante, plus délectable et àla fois plus féconde en enseignements de toute espèce, que les biographies bien faites des grands hommes.» Que doit-on entendre par « biographies bien faites...

»? celles oùl'auteur sait faire revivre son personnage comme le romancier fait vivre son héros, ce qui suppose de multiplestalents: la méthode d'un historien, de la psychologie, de l'intuition pour comprendre le personnage de l'intérieur, et...du style, pour décrire les lieux, tracer des portraits, faire voir et entendre, pour ramener à la vie un homme, unefemme mais aussi toute une époque. On a vu que, dans une autobiographie, tout écrivain se compose un peu un personnage, pour se valoriser ou sedévaloriser.

Limage qu'il nous livre de lui-même n'est donc pas nécessairement vraie ou complète.

La biographiepermet alors une familiarité, une intimité qui peut nous rendre l'artiste encore plus attachant, ou nous fairecomprendre — sans l'excuser — ce qui, dans son œuvre, — et dans ses écrits les plus intimes — a pu nous choquer,comme le racisme et l'antisémitisme de Céline. La biographie nous permet de saisir l'homme, semblable à nous, soumis aux mêmes nécessités matérielles.

Certes lesnotes de blanchisseuse de Baudelaire ont peu d'intérêt, mais non les lettres de Proust à sa mère où il met toute sonangoisse d'asthmatique hypernerveux... [3.2.

L'autobiographie dévoile l'être profond] À l'inverse, certaines biographies sont à proscrire lorsqu'elles se transforment en intrusion déplacée dans la vie d'unauteur, en recherche indécente et indiscrète de détails bas. On souscrira alors à l'hostilité que Proust témoignait au credo de Sainte-Beuve : pour l'auteur de la Recherche, le moi créateur est bien plus profond que le moi social et la biographie n'est ni le plus sûr, ni le plus court chemin pouratteindre le coeur de l'oeuvre et comprendre sa naissance. Finalement, la lecture d'une autobiographie nous fait rencontrer ce qui est le plus intime chez l'écrivain : « Le style,c'est l'homme » écrivit le naturaliste Buffon.

« Mon style et mon esprit vont vagabondant de même» reconnaîtMontaigne: il va «à sauts et à gambades» et ce rythme si particulier est la marque de l'indépendance d'esprit, de lafantaisie des Essais.

Au-delà des réserves déjà notées sur la véracité des Confessions, c'est le style de Rousseau qui nous fait toucher sa vérité profonde: « Mon style inégal et naturel, tantôt rapide et tantôt diffus, tantôt sage ettantôt fou, tantôt grave et tantôt gai fera lui-même partie de mon histoire» prévient Rousseau dans un projet depréambule aux Confessions. Qui lit une autobiographie comme un roman acceptera qu'il y reste des espaces ouverts à l'imagination, des zonesd'incertitude et d'ombre.

Mais le biographe met tout en lumière et nous ménage parfois des rendez-vous décevantsavec l'autobiographe...

un peu comme l'adaptation au cinéma d'un roman que l'on a beaucoup aimé. [Conclusion]. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles