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FÉNELON (François de Salignac de la Mothe-Fénelon)

Publié le 18/05/2011

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Vie. — François de Salignac de la Mothe-Fénelon est né au château de Fénelon, dans le Périgord, en 1651. Il appartenait à une noble famille, et il eut toujours, d'un très grand seigneur, les manières et les sentiments. — Entré de bonne heure au séminaire de Saint-Sulpice, où le poussait la plus sincère vocation, il voulait d'abord se consacrer aux missions du Levant. Mais la faiblesse de sa santé l'obligea d'y renoncer; et il fut nommé directeur des « Nouvelles Catholiques «, maison où l'on catéchisait les jeunes filles protestantes converties au catholicisme. Il remplit ces délicates fonctions de 1678 à 1689, avec toute l'intelligence et tout le tact qu'il y fallait apporter. C'est alors qu'il composa son premier ouvrage, le Traité de l'éducation des filles. Fénelon fut ensuite chargé d'une mission auprès des protestants de l'Aunis et de la Saintonge, après la révocation de l'édit de Nantes. Il usa de persuasion et de douceur. C'est en 1689 que le duc de Beauvilliers, gouverneur du jeune duc de Bourgogne, choisit Fénelon comme précepteur des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry, petits-fils de Louis XIV. Bossuet, qui avait Fénelon en grande estime, approuva hautement ce choix. Nous verrons comment le maître réussit avec ses élèves, et quels ouvrages sont sortis plus tard de ces six années de préceptorat. En 1693, Fénelon fut reçu à l'Académie française. Deux ans après, il était nommé archevêque de Cambrai et sacré par Bossuet dans la chapelle de Saint-Cyr. Tout semblait lui assurer l'existence la plus calme, quand l'affaire du quiétisme vint tout gâter. Bientôt, la publication du Télémaque (1699), où chacun vit, avec une malice compromettante pour l'auteur, une satire de Louis XIV et de son gouvernement, acheva la disgrâce de Fénelon, qui resta jusqu'à la fin de sa vie renfermé et comme exilé dans son archevêché de Cambrai. Fénelon mettait toutes ses espérances dans le duc de Bourgogne, et rêvait de devenir quelque jour, sinon son ministre, au moins son directeur à la fois spirituel et politique. La mort du prince (1712) vint ruiner cet espoir de revanche. Fénelon consacra ses dernières années à l'administration vigilante et paternelle de son diocèse, et à une lutte assez vive contre le jansénisme. Il mourut à Cambrai, le 7 janvier 1715.

« stricte et profonde, mais ferme et dégagée de toute dévotion mystique.

Enfin, des exercices physiques de toutgenre, et qui conviennent à un homme qui doit commander les armées, viennent compléter le programmeEn tout cela, la vraie part de Fénelon est l'éducation morale du prince.

Avec une admirable patience, au moyen deleçons tirées des circonstances, d'artifices pédagogiques sans cesse renouvelés, et aussi en faisant appel àl'honneur, à la religion et à l'affection de l'enfant, il parvint à le dompter.

Il y réussit trop peut-être.

Car le duc deBourgogne, devenu homme, fut un peu hésitant et timide.

Mais il était loyal, pénétré de ses devoirs, et si unemaladie prématurée ne l'eût enlevé aux espérances de la nation, il nous eût du moins évité le règne déplorable deLouis XV.Ouvrages composés pour le duc de Bourgogne.

— 1° Les Fables.

— Il ne faut voir, dans ces aimables fictionscomposées en vue de la moralité, que des écrits pédagogiques, et destinés à un enfant.2° Les Dialogues des morts — Renouvelant un procédé illustré par Lucien chez les Grecs, Fénelon suppose que deuxpersonnages célèbres se rencontrent dans les Champs Élysées, (les Enfers des païens) et échangent leurs idées,leurs impressions, leurs théories.

— Tantôt ce sont d'illustres écrivains, comme Virgile et Horace, qui secomplimentent et qui avouent mutuellement leurs défauts, avec une candeur d'outre-tombe; ou Démosthène etCicéron, qui se définissent et s'opposent (ce dialogue est excellent).

Ou bien c'est le brillant et capricieux Alcibiadequi cause avec Socrate, ou avec Périclès, de philosophie et de politique.

(Alcibiade a quelque chose de l'élève, etFénelon est bien persuadé qu'il unit la sagesse de Socrate au génie politique de Périclès.) Puis, ce sont desdialogues sur le vrai patriotisme : Bayard mourant reproche au connétable de Bourbon sa trahison; Comminesapprend à Louis XI qu'un roi est justiciable de la postérité, etc.

Tous les grands rois, Louis XII, François Ier, HenriIV, et les grands ministres comme Richelieu, sont appelés à donner ou à recevoir des leçons, dont le successeur deLouis XIV doit tirer profit.3° Le Télémaque.

— C'est de tous les ouvrages de Fénelon le plus connu.

Sa réputation est même européenne, et iln'est pas de peuple qui n'en possède la traduction.

— Comment le Télémaque fut-il composé ? Fénelon, qui neséparait jamais, dans son système pédagogique, la formation littéraire de ses élèves de leur éducation politique,entreprend de leur faire connaître la poésie grecque, tout en leur apprenant leur métier de roi.

Il imagine decontinuer le quatrième livre de l'Odyssée, celui où l'on voit le jeune Télémaque partant à la recherche de son pèreUlysse.

Tandis qu'Homère mène Télémaque seulement à Pylos et à Sparte, et le fait revenir à Ithaque, où Ulysse lui-même vient de rentrer, Fénelon prolonge les voyages du prince, qu'il conduit successivement chez les Phéniciens, enÉgypte, à Chypre, en Crète, aux Enfers, — et dans l'île de Calypso, où Télémaque raconte lui-même une partie deses aventures.

Fénelon enchâsse dans ce voyage tous les épisodes qu'il peut emprunter aux poètes et auxhistoriens grecs.

Si bien que, pour des élèves, la lecture attentive du Télémaque, dans une édition où les sourcessont indiquées, est des plus instructives.La Politique et la Satire dans le Télémaque.

— Mais on peut dire que le véritable objet de Fénelon n'est pas là.

Ils'agit surtout, à propos de chaque épisode, de donner au futur roi une leçon de morale ou de gouvernement, Etvoilà pourquoi le Télémaque fut considéré, à son apparition, comme une véritable satire du caractère et de lapolitique de Louis XIV.

Il est bien évident que les livres X et XI, dans lesquels le sage Mentor donne une Constitutionà Salente, contiennent les idées de Fénelon : et comme Fénelon n'aime ni la guerre, ni le luxe, ni l'absolutisme royal,l'exposé même de son programme semble dirigé contre la façon dont Louis XIV a vécu et gouverné.

D'ailleurs, cesthéories énoncées dans un roman, Fénelon les confirme dans sa Lettre à Louis XIV, dans l'Examen de conscience surles devoirs de la royauté, dans les Mémoires concernant la guerre de la succession d'Espagne.Fénelon s'est défendu d'avoir voulu faire la satire de Louis XIV.

Mais l'opinion publique voyait le portrait du Roi lui-même dans Idoménée, qui aime à l'excès la guerre, le luxe et le plaisir, — celui du duc de Bourgogne dansTélémaque, —celui de Fénelon dans Mentor, — celui de Louvois dans Protésilas, etc.

Et il est certain que Féneloneut en cela, comme Bourdaloue, un succès qu'il ne prévoyait peut-être pas.

Car il lui fallait bien prévenir ses élèvescontre le faste et la guerre.

Il fallait bien leur inspirer la défiance des ministres durs jusqu'à la cruauté.

Et encore, ilfallait, sans biaiser, les avertir des dangers de l'amour.

Alors pouvait-on empêcher que ces portraits théoriques etpoétiques ne fussent, par la force même des choses, ceux d'un Louis XIV, d'un Louvois, d'une Mine de Montespan ?Le mérite littéraire de l'ouvrage lui a assuré un succès qui survit à l'actualité.

Bien que cette « prose poétique »paraisse à la longue un peu monotone et d'une élégance trop continue, elle n'en a pas moins une souplesse éléganteet distinguée, une saveur d'antiquité rajeunie, qui sont uniques dans notre littérature.Fénelon écrivit encore, probablement pour le duc de Bourgogne, le Traité de l'existence de Dieu.Fénelon prédicateur.

— Comme prédicateur, il n'a laissé que deux sermons : sur l'Épiphanie (1685), sur le sacre del'archevêque de Cologne (1707).

Mais nous avons ses théories sur l'éloquence de la chaire dans ses Dialogues surl'Éloquence.

Nous savons qu'il prêchait lui-même avec beaucoup de simplicité et d'onction.La Lettre à l'Académie.

— M.

Dacier, secrétaire perpétuel de l'Académie française, avait prié les membres de laCompagnie de donner leur avis sur les occupations qui leur semblaient le plus utiles (1713).

Fénelon, de Cambrai,répondit par un Mémoire qui parut assez intéressant pour qu'on en votât l'impression.

Alors, Fénelon demanda lapermission de revoir son manuscrit, et rédigea la Lettre à l'Académie, qui fut publiée seulement un an après sa mort(1716).La Lettre à l'Académie se divise en Io chapitres : — I.

Le Dictionnaire; II.

La Grammaire ; III.

Projet d'enrichir lalangue ; IV.

Rhétorique; V.

Poétique ; VI.

La Tragédie ; VII.

La Comédie ; VIII.

L'Histoire ; IX.

Réfutation dequelques objections ; X.

Les Anciens et les Modernes.Il ne faut pas chercher dans chacun de ces paragraphes un traité méthodique sur la question; c'est plutôt unecauserie aisée, une suite d'observations que Fénelon tire de la lecture des anciens, de son expérience et de songoût.

On y trouve à la fois des opinions critiques très justes et très suggestives (sur la rhétorique, où Fénelonrevient à ses idées des Dialogues, — sur l'histoire), et d'autres plus discutables, quoique mêlées de traits excellents(la poétique, la tragédie, la comédie, et surtout le projet d'enrichir la langue).

Appelé à se prononcer, dans le dernierchapitre, sur la querelle des anciens et des modernes, il se dérobe avec la politesse d'un grand seigneur quicraindrait de désobliger ses adversaires.

Mais son hésitation même est une réponse; et comme il choisit parmi les. »

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