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Figures féminines dans "Le Tour du Monde En 80 Jours" par Jules Verne

Publié le 14/08/2012

Extrait du document

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Comme cet extrait l’illustre, l’homme et l’industrie tentent de contrôler la nature dans le roman, irrégulière par définition. Le Tour du monde en 80 jours foisonne d’exemples qui illustrent ce combat, cette opposition, comme « la marche du navire [qui est] ralentie, attendu l’état de la mer, dont les longues lames brisaient contre son étrave.[19] « Un autre exemple est celui de « la prairie, que le traîneau coupait en ligne droite[20] «, et qui fait également écho au train qui « fend la nature, saute les obstacles […] et figure en même temps la forme du voyage, - ce sillage -, et la parfaite réalisation de l'industrie humaine.[21] « On peut évidemment voir ici, par les objets « masculins « qui viennent fendre, couper la nature – évidemment féminine – une représentation de la sexualité refoulée dans la littérature vernienne. Quoique le narrateur semble constamment pencher en faveur de l’industrie, un extrait comme celui qui suit peut mener à la confusion :  Mais de quel œil Brahma, Shiva et Whisnou devaient-ils considérer cette Inde, maintenant « britannisée «, lorsque quelque steam-boat passait en hennissant et troublait les eaux consacrées du Gange, effarouchant les mouettes qui volaient à sa surface, les tortues qui pullulaient sur ses bords, et les dévots étendus au long de ses rives![22]    En ayant recours à des verbes tels que « troubler « et « effaroucher «, Verne semble émettre une opinion contradictoire selon laquelle l’avènement de l’industrie, qui se fait au détriment de la nature, ne doit pas nécessairement être considéré comme un progrès, comme quelque chose de positif.

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« Mais de quel œil Brahma, Shiva et Whisnou devaient-ils considérer cette Inde, maintenant « britannisée », lorsque quelque steam-boat passait en hennissant ettroublait les eaux consacrées du Gange, effarouchant les mouettes qui volaient à sa surface, les tortues qui pullulaient sur ses bords, et les dévots étendus au long deses rives![22] En ayant recours à des verbes tels que « troubler » et « effaroucher », Verne semble émettre une opinion contradictoire selon laquelle l'avènement de l'industrie, quise fait au détriment de la nature, ne doit pas nécessairement être considéré comme un progrès, comme quelque chose de positif. À la lecture de ce qui précède, il devient évident que le rapport de Jules Verne à la féminité est complexe et problématique.

La présence peu marquée et peu étofféedes femmes dans ses écrits soutient aisément cette thèse.

Le personnage de Mrs.

Aouda dans Le Tour du monde en 80 jours n'y fait évidemment pas exception,surtout puisqu'il est étonnamment sous-développé en regard de l'importante présence dont il bénéficie.

Cependant, le refoulement de la femme est transposésymboliquement dans la nature qui, elle, occupe une place prépondérante dans le roman, voire dans toute l'œuvre de l'auteur.

Le rapport masculin/féminin s'articulealors autour de l'opposition industrie/nature, opposition qui était définitivement d'actualité à l'époque où Jules Verne rédigeait le roman puisque l'on assistait alors àl'expansion véloce du développement industriel et technologique.

Toutefois, il serait intéressant de comparer en quoi les liens entre le rapport féminin/masculin quel'on peut observer dans la société actuelle (émancipation de la femme, évolution des rôles dans les foyers, hypersexualisation des jeunes filles, etc.) et le rapportindustrie/nature (mouvement écologique, mondialisation, capitalisme, etc.) d'aujourd'hui peuvent ressembler ou différer de ceux observés à l'époque de Jules Verne.On vit quand même à une époque où le tour du monde se fait dorénavant en 80 heures – ou moins!-----------------------[1] Jules Verne, Le Tour du monde en 80 jours, Flammarion, Paris, 1978, 286 p.[2] Béatrice Didier, « Images et éclipses de la femme dans les romans de Jules Verne » in Jules Verne Colloque de Cerisy, U.G.E., coll.

10/18 #1333, Paris, 1979, p.327[3] Béatrice Didier, loc.

cit., p.

326[4] Ibid., p.

329[5] Ibid., p.

331[6] Jules Verne, op.

cit., p.

96[7] Béatrice Didier, loc.

cit., p.

332[8] Jules Verne, op.

cit., p.

187-188[9] Ibid., p.

132[10] Ibid., p.

213[11] Béatrice Didier, loc.

cit., p.

332[12] Jules Verne, op.

cit., p.

201[13] Béatrice Didier, loc.

cit., p.

337-338[14] Jules Verne, op.

cit., p.

96[15] Ibid., pp.

95-96[16] Béatrice Didier, loc.

cit., p.

343[17] Jules Verne, op.

cit., p.

330[18] Pierre Macherey, « Archives de l'œuvre » in Le Tour du monde en 80 jours, Flammarion, Paris, 1978, p.

257[19] Jules Verne, op.

cit., p.

223[20] Ibid., p.

213[21] Pierre Macherey, op.

cit., p.

257[22] Jules Verne, op.

cit., p.

99. »

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