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FORNERET Xavier : sa vie et son oeuvre

Publié le 06/12/2018

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FORNERET Xavier (1809-1884). Il y a bien un « cas » Forneret, comme l’écrivit André Breton, qui fut, après Charles Monselet et son article élogieux paru dans le Figaro du 26 juillet 1859, le défenseur et le promoteur de cet énigmatique poète bourguignon, irréductible aux profils connus de la poésie du XIXe siècle. Romantique, Forneret? Certainement, mais au risque des pires excès comme des pires platitudes. Petit romantique? Peut-être, mais à coup sûr à l’écart des groupes de Bousingots ou de Jeunes-France. Précurseur? Évidemment, mais sur la voie étroite, semée de coups de génie et d’impostures, qui va de Lautréamont à l’OULIPO, en passant par Roussel et les surréalistes.

 

L'obstination dans le scandale

 

La vie de Forneret est fort mal connue : les seuls repères en sont les dates de sa carrière d’écrivain et de ses multiples procès de plaideur impénitent. Né à Beaune, dans une riche famille de viticulteurs et de négociants, Xavier Forneret fut loin de connaître la misère qui fut le lot de nombre d’écrivains contemporains. Le premier scandale de son existence est sans doute là, dans cette réalité de la fortune qui le prive de la commisération allouée, en général, aux créateurs infortunés... De l’argent, ce jeune bourgeois excentrique en a suffisamment pour publier en 1834, à Paris, à compte d’auteur et dans une luxueuse édition, un copieux drame romantique intitulé Deux Destinées, et pour récidiver l’année suivante avec l’édition, à grand renfort de publicité, d’une pièce dont il espère la célébrité, l'Homme noir. En vain. Pour sortir de l’ombre, Forneret, sans lésiner sur la dépense, décide de faire jouer sa pièce dans la superbe salle du théâtre de Dijon. Mais le 10 mars 1837 eut lieu là-bas, dans un indescriptible chahut, ce qu’il faut bien appeler une bataille d'Hernani manquée!

 

Lejeune homme, désabusé, va alors multiplier provocations et scandales devant la bourgeoisie beaunoise :

 

signant « l’Homme noir », portant vêtements de deuil et chapeaux extravagants, il passe ses nuits à jouer du violon quand il ne médite pas au fond d’un cercueil d’ébène! Lassé du théâtre, il s’adonne à la poésie avec Vapeurs, ni vers ni prose (1838), aux contes avec Pièces de pièces, temps perdu (1840), ou gribouille de curieuses maximes qu’il intitule Sans titre... (1838), Encore un an de Sans titre, par un homme noir blanc de visage ( 1840) et plus tard Broussailles de la pensée (1870). Si l’on veut bien admettre qu’il exista un esprit « petit romantique », c’est à coup sûr à cette époque que Forneret fut le plus proche des Borel, O’Neddy, Esquiros et autres Lassailly.

« que l'émergence brûlante de la glaciale «dictée du silence » qui le hante intérieurement; c'est aussi parce qu'il connaît trop bien- comme Mallarmé les connaîtra - tous les vertiges et toutes les transes que peut donner la page blanche qu'il ose, le premier, en violer ou en pervertir l'espace et les structures : paginations pertur­ bées, titres déplacés, typographies déroutantes, inflation des blancs ou couleurs tapageuses ...

Charles Monselet avait pressenti ce que ces «effets de silence et de lumière surprenants » pouvaient avoir d'authentiquement novateur derrière leur scandale.

En même temps que le Nerval d'Aurélia, Forneret a pro­ clamé que « les rêves sont les seules réalités de la vie»; avant le Baudelaire du Spleen de Paris, il a entrevu tout le parti littéraire qu'on pouvait tirer de la dérision et de l'humour noir; avant Lautréamont, il a osé torturer la syntaxe et la rhétorique pour les plier aux incongruités de l'imaginaire; avant Rimbaud, il a eu quelquefois d'étonnantes «illuminations »; avant les surréalistes, lui qui a écrit que «la Folie, c'est la Mort avec des veines chaudes» et que « le brouillard est la coquetterie du soleil », il a bien «été surréaliste dans la maxime >> (Bre­ ton); avant RoJssel, Queneau, Roubaud et leurs amis de l'OULIPO, il ��enfin multiplié, pour le meilleur ou pour le pire, les gags et les acrobaties métriques.

Le bilan des novations fera-t-il oublier celui des plati­ tudes et des médiocrités? D'une boutade, Forneret avait joliment prévenu le procès : «En écrivant, j'ai encore, toujours rêvé; ainsi on peut bien dormir en me lisant.

Quand on voit bâiller, naturellement on bâille ...

» BIBLIOGRAPHIE Il n'existe pas de réédition complète des œuvres de Xavier Forneret.

Le lecteur pourra se reponer à l'amhologie parue en 1952 aux éd it ions Arcane.

dans le pre m ie r volume de la collec­ tion « Humour noir».

Slatkine a réédité en 1973, en un volume unique, les trois premiers drames de Forneret : Deux destinées, Vingt-trois trent>,dans le Figaro du 26 ju il.

1859; A.

Breton, « Xavier Forneret >>, dans Minotaure.

n° 10, de 1937, re p ris dans l' Antho­ logie de l'humour noir (se reporter à la réédition de ce texte ch ez J.-J.

Pauv ert, 19'72): P.

Guilly.

«Un préc urse ur du surréalisme : Xavier Forneret •>.

dan s le Monde du 20 août 1975; R.

Sabatier,. »

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