FRAIGNEAU André : sa vie et son oeuvre

Voyant en l’écrivain non un théoricien mais « un fantaisiste susceptible de nous distraire entre deux travaux importants », André Fraigneau s’est tenu à l’écart des principaux mouvements littéraires de ce siècle. Ce dilettantisme ne va d’ailleurs pas sans une certaine ambiguïté; insistant sur l’importance du style, montrant à quel point « toujours le trait signifie, inquiète » (Cocteau par lui-même), il s’est ainsi rapproché du surréalisme, voire des conceptions céliniennes de l’écrit. Mais, parallèlement, ses récits et essais sont envahis de mythologies, qui parfois ont permis d’associer l’écrivain à la «jeune droite littéraire » qui l’entourait après-guerre : pour lui, nul vrai « génie » qui ne soit par essence méditerranéen et ne relève d’une espèce d’apollinisme classique — incarné au mieux par le style « français » d’un Cocteau. Chez Fraigneau cohabitent donc le goût du langage « clair et distinct», cher à l’humanisme traditionnel, mais aussi un certain penchant à l’exotisme et à l’audace : pour lui, le créateur d’élection doit allier la tradition et la « révolte pure ».