Gaston
Publié le 05/03/2017
Extrait du document
«
pâle, vide.
Il marchait entre tous les hommes d’un pas lourd.
Cet
homme est puissant, c’est un sage, un grand, un lion de la
savane.
Il s’est avancé puis le décompte a commencé.
Les souffles
se sont accélérés, la tension est montée, les fusils se sont chargés
et tout cela commença à partir de ce moment précis.
Le coup de sifflet à retentit et nous nous sommes précipité.
Nous
devions traverser à tout prix le « no man’s land » afin d’attaquer
l’ennemi.
J’ai couru, je ne me suis point arrêté, ma gorge me
brûlait et je n’osais regarder autour de moi ces corps
ensanglantés.
Je fixais le Colonel Dax.
Je n’avais pas d’autre choix
que de le suivre, il m’apparaissait comme une lumière scintillante
au beau milieu de ce tableau noir et triste, comme Jésus, mère,
comme l’espoir.
Je le suivais tel un esclave, je perdais peu à peu
toutes mes forces, et malgré tout j’étais encore en vie.
Soudain,
j’entendis un effroyable hurlement près de moi.
J’ai vu mon
compagnon, mon meilleur ami de guerre, mon camarade, se faire
tuer sous mes yeux.
Je me suis arrêté et je me suis précipité vers
lui.
Je l’ai doucement pris par l’épaule et je l’ai soulevé.
Il ne
bougeait pas, ne disait plus un mot, il avait seulement un œil
ouvert et me regardait.
Je pus lire des centaines de choses dans
son regard.
Une gratitude, un remerciement, une confiance
entière en mes bras qui le portait difficilement.
Pardonne-moi de
cette larme versée sur le doux papier, maman.
Je ne peux
m’empêcher de penser à lui.
Charles.
Mon fidèle compagnon de
route…
Après l’avoir pris sur mes épaules, je courus, je ne m’arrêtai plus.
Je ne voyais plus le Colonel.
Les corps s’entassaient et les têtes
découpées roulaient à terre.
Le sang chaud coulait à flot et
salissait mes chaussures.
J’observai autour de moi ces hommes
projetés en l’air à quelques mètres de haut.
Des cris stridents
résonnaient dans mon crâne et je distinguais, au fond, le ciel noir.
Les gouttes de pluie s’abattirent sur le champ de bataille dans un
bruit grinçant.
Je buttais sur les casques verts et les corps morts.
Soudain, je tombai et Charles s’étala sur le sol de tout son long.
Je
me précipitai sur lui et tentai de le protéger avec mon corps de
toutes les nombreuses poussières volantes.
Mes larmes coulèrent.
Ce fut la première fois qu’elle avaient un gout aussi amer.
Un
instant, j’ai perdu toute foie, tout espoir.
Charles essaya d’ouvrir
la bouche mais le sang qui giclait de ses lèvres l’empêcha de
parler.
Il était dans un état déplorable.
L’épaisse fumée me
rentrait dans la bouche et enflammait mes entrailles.
Ses yeux se
fermèrent doucement et son pouls s’arrêta brusquement.
Je
compris tout de suite que mon fidèle Charles était mort.
Je hurlai
et me relevai lourdement, sentant que je devais malgré tout me
dépêcher pour ne pas finir ainsi.
Je courus et reprit mon fusil que.
»
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