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HENRI DE VALENCIENNES : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/12/2018

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HENRI DE VALENCIENNES (xiiie siècle). Henri de Valenciennes, qui apparaît comme le continuateur de Villehardouin, est « un clerc, un auteur de profession, attache à la personne de l’empereur » Henri de Constantinople, sans doute aussi l’auteur d’une Vie de saint Jean l'Evangéliste; et peut-être est-il ce « maître Henri » qui se signala par sa science et ses mœurs et que le pape Innocent III, dans une lettre du 7 septembre 1205, recommanda au patriarche de Constantinople de nommer chanoine de Sainte-Sophie.

 

Son Histoire de l'empereur Henri de Constantinople, qui, écrite entre fin 1209 et 1216, porte sur une brève période (du 25 mai 1208 au mois de juillet 1209), relate des événements capitaux pour l’Empire latin de Constantinople, essentiellement la campagne contre les Bulgares du tsar Boril, qui se termina par la victoire de Philippo-poli le 31 juillet 1208 (§ 504-544), la guerre des Lombards (§ 668-694) — c’est-à-dire une guerre étrangère contre les plus dangereux des ennemis, héritiers du redoutable Johannitza — et une guerre civile contre les successeurs de Boniface de Montferrat à Salonique. Bien composée, puisque chacun des deux grands épisodes se termine par un mariage qui renforce la position de l’empereur Henri — celui de Slav, l’ennemi de Boril, avec la fille d’Henri (§ 549-555); celui de la fille de Michel-Ange Comnène avec le frère d'Henri (§ 689, 694) —, destinée aux cours seigneuriales, aux barons, aux dames et aux chevaliers du Hainaut et de Flandre, ainsi qu’à des amateurs de roman, mais se voulant un récit véridique, cette chronique, que l’on a souvent prise à tort pour un poème dérimé, demeure ambiguë : le meilleur manuscrit, D, qui est de la fin du xme siècle (Fr. 12203), l’annonce ainsi : « Chi commence l’estore de l’empereur Henri de Constantinoble », tandis que le manuscrit F (Fr. 15100), qui est en fait une rédaction nouvelle du xive siècle, se termine ainsi : « Explicit le roumans de Costentinoble tout ».

 

En tout cas, l’œuvre est fortement individualisée, tout entière organisée autour du personnage de l’empereur, lequel s’exprime en de nombreux discours, alors que, dans sa chronique, Villehardouin n’en rapporte aucun. Le portrait sans ombre ni faille que nous donne Henri de Valenciennes de son maître constitue une véritable apothéose d’Henri de Constantinople, empereur de chanson de geste et prince de légende, encore que profondément humain, et Jean Longnon n’a pas eu tort d’affirmer que « c’est seulement le personnage officiel que nous présente le maréchal de Champagne, tandis qu’Henri de Valenciennes nous fait entrer dans son intimité : comme Joinville pour Saint-Louis, il nous le montre familièrement, avec ses défauts mêmes qui font valoir ses grandes qualités ».

« teur prend la Macédoine pour une ville, la bataille de Philippes pour celle de Pharsale, César pour le vaincu.

Attentif aux combats singuliers et aux hauts faits d'ar­ mes, au décor -plaine unie de Philippopoli; armée bulgare rangée le long d'une bruyère; prés inondés par le Vardar en crue; oliviers sous lesquels campe l'empe­ reur -, aux conditions atmosphériques, au côté techni­ que de la guerre et aux réalités byzantines, Henri de Valenciennes se plaît à mettre en évidence le valeureux chevalier dont la prestance est bien celle d'un empereur (§ 519 et 541).

Bon orateur de qui le chroniqueur cite de nombreux discours, admirable entraîneur d'hommes, ayant plaisir à li v rer bataille, courageux au point de ne pas craindre les menaces des ennemis et de poursuivre sa route en dép1t des embûches, se précipitant au milieu des adversaires pour secourir un de ses hommes impru­ demment aventuré, Henri de Constantinople est de sur­ croît un organisateur compétent, qui sait apprécier la force adverse.

Aussi 1 'emporte-t-il sur ses ennemis pour­ tant bien plus nombreux.

Homme de caractère qui se laisse parfois emporter par la violence au point de ren­ verser son siège, on le voit le plus souvent en la compa­ gnie de ses plus hauts barons (§ 546).

Dans un monde manichéen où , courageux, pieux, solidaire et fidèle, Henri de Valenciennes aborde un problème politique et juridique essentiel dans la société féodale.

celui des menaces que 1' individualisme peut faire peser sur la collectivité malgré la valeur de l'individu.

BIBLIOGRAPHIE Πuvre.

-Henri de Va le ncien nes , Histoire de /'empereur Henri de Constantinopl�.

éd.

Jean Longno n, Paris, P.

Geu1hner, 1948 (Documems relatifs à l'histoire des cro is ad es.

1.

Il).

Études.

-Jean Dufournet, «Rob er t de Clari, Villehardouin et Henri de Valenci. »

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