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(incipit) Nox - Les Châtiments de Victor HUGO

Publié le 03/07/2010

Extrait du document

hugo

«C'est la date choisie au fond de ta pensée, Prince, il faut en finir, - cette nuit est glacée, Viens, lève-toi ! flairant dans l'ombre les escrocs, Le dogue Liberté gronde et montre ses crocs. Quoique mis par Carlier à la chaîne, il aboie. N'attends pas plus longtemps ! c'est l'heure de la proie. Vois, décembre épaissit son brouillard le plus noir ; Comme un baron voleur qui sort de son manoir, Surprends, brusque assaillant, l'ennemi que tu cernes. Debout ! les régiments sont là dans les casernes, Sac au dos, abrutis de vin et de fureur, N'attendant qu'un bandit pour faire un empereur. Mets ta main sur ta lampe et viens d'un pas oblique, Prends ton couteau, l'instant est bon : la République, Confiante, et sans voir tes yeux sombres briller, Dort, avec ton serment, prince, pour oreiller«.

Nous sommes ici devant un texte d'incipit. Le texte débute de façon chronologique par le récit du coup d'État du 2 décembre 1851. Victor Hugo doit immédiatement capter l'attention du lecteur car Châtiments est un texte polémique. Il doit ici fixer les rapports de force et se situer par rapport à son adversaire.

Nous étudierons d'abord la double voix du texte avant de montrer la séduction créée par le jeu sur le suspense.

I. La double voix du texte

Le texte mime en quelques lignes le retournement des sentiments de Victor Hugo pour Louis-Napoléon Bonaparte entre 1848 et 1851. Dans un premier temps semble se dessiner une certaine sympathie, une certaine complicité entre le prince et le poète mais rapidement, le mépris et la condamnation apparaissent.

hugo

« 2. Des effets d'atmosphère concourent au suspense de cette nuit de décembre.

Les braves gens dorment tandis que lanuit brasse une étrange activité. Nous sommes au milieu d'une nuit sombre et glacée : «glacée» (v.

2), «le brouillard le plus noir» (v.

7).

Des notionssont étrangement incarnées : la république, la liberté...

La personnification est également une figure du fantastique.

Le contre-rejet sur «République» au v.14 met particulièrement ce terme en valeur tout comme lerythme de trimètre romantique de ce vers (4-4-4). 3.

Le drame Le caractère vivant, oral du récit en fait un début de drame.

Le rythme extrêmement ponctué de la tirade tientnotamment aux impératifs et aux interjections en tête de vers.

Les assonances en «an» viennent égalementmarteler le texte : pensée, en, flairant, longtemps, attends, décembre, surprends, les régiments, attendant, unbandit, un empereur, lampe, l'instant, confiante, sans, serment...

Le rythme des vers se désorganise aux momentscritiques comme au vers 3 qui néglige la césure au profit d'une coupe forte à la quatrième syllabe ou le vers 16 à lacadence insolite (1-5-2-4). Nous ne sommes pas dans l'épopée.

Le choix d'un certain lexique familier en témoigne comme l'attribut de l'oreiller.Nous sommes en plein drame moderne : les escrocs, le dogue, les régiments sac au dos, abrutis de vin et de fureur,le bandit sont des attributs possibles de cette tragédie moderne.

Le public de 1853 encore familier des péripéties etdes expositions tonitruantes du drame ne peut être que sensible à cette entrée en fanfare du poème. Conclusion Ce début de recueil ressemble donc à un début haletant de drame.

La figure du traître est dépeinte de manièrecontradictoire, oxymorique : il s'agit d'un baron-voleur, d'un prince-usurpateur, d'un bandit-empereur.

Le thème dela métamorphose ou du héros ambigu dépeint par exemple dans Hernani est repris : il s'agit ici non pas d'un bandit qui devient prince mais d'un prince qui est aussi bandit.

II faut entendre bandit - non au sens ancien de celui qui estmis au ban - mais comme voleur, usurpateur.. »

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