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Jacques Delille: Les Jardins (extrait)

Publié le 17/01/2022

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Les Jardins (extrait) Remarquez-les surtout lorsque le pâle automne Près de la voir flétrir, embellit sa couronne ; Que de variétés, que de pompe et d'éclat Le pourpre, l'orangé, l'opale, l'incarnat, De leurs riches couleurs étalent l'abondance. Hélas ! tout cet éclat marque leur décadence. Tel est le sort commun. Bientôt les aquilons Des dépouilles des bois vont joncher les vallons ; De moment en moment la feuille sur la terre En tombant interrompt le rêveur solitaire. Mais ces ruines même ont pour moi des attraits. Là, si mon coeur nourrit quelques profonds regrets, Si quelque souvenir vient rouvrir ma blessure, j'aime à mêler mon deuil au deuil de la nature ; De ces bois desséchés, de ces rameaux flétris, Seul, errant je me plais à fouler les débris. Ils sont passés, les jours d'ivresse et de folie ; Viens, je me livre à toi, tendre mélancolie ; Viens, non le front chargé de nuages affreux Dont marche enveloppé le chagrin ténébreux, Mais l'oeil demi-voilé, mais telle qu'en automne, A travers des vapeurs un jour plus doux rayonne ! Viens, te regard pensif, le front calme, tes yeux Tout prêts à s'humecter de pleurs délicieux.

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