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Jean COCTEAU, La Machine infernale (Acte II)

Publié le 22/10/2013

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cocteau

ŒDIPE — Mérope !... Maman !

LE SPHINX — Ensuite, je te commanderais d'avancer un peu et je t'aiderais en desserrant tes jambes. Là ! Et je t'interrogerais. Je te demanderais par exemple: Quel est l'animal qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux pattes à midi, sur trois pattes le soir? Et tu chercherais, tu chercherais. A force de chercher, ton esprit se poserait sur une petite médaille de ton enfance, ou tu répéterais un chiffre, ou tu compterais les étoiles entre ces deux colonnes détruites, et je te remettrais au fait en te dévoilant l'énigme. Cet animal est l'homme qui marche à quatre pattes lorsqu'il est enfant, sur deux pattes quand il est valide, et lorsqu'il est vieux, avec la troisième patte d'un bâton.

ŒDIPE — C'est trop bête !

LE SPHINX — Tu t'écrierais: C'est trop bête! Vous le dites tous. Alors puisque cette phrase confirme ton échec, j'appellerais Anubis, mon aide. Anubis!

Anubis paraît, les bras croisés, la tête. de profil, debout à droite du socle.

ŒDIPE — Oh! Madame... Oh! Madame! Oh! non! non ! non ! non, madame !

LE SPHINX — Et je te ferais mettre à genoux... Allons... Allons... là, là... Sois sage. Et tu courberais la tête... et l'Anubis s'élancerait. Il ouvrirait ses mâchoires de loup !

Œdipe pousse un cri.

J'ai dit : courberais, s'élancerait... ouvrirait... N'ai-je pas toujours eu soin de m'exprimer sur ce mode ? Pourquoi ce cri ? Pourquoi cette face d'épouvanté? C'était une démonstration, Œdipe, une simple démonstration. Tu es libre.

ŒDIPE — Libre ! Il remue un bras, une Jambe . Il se lève, il titube, il porte la main à sa tête.

ANUBIS — Pardon, Sphinx. Cet homme ne peut sortir d'ici sans subir l'épreuve.

LE SPHINX— Mais...

ANUBIS — Interroge-le...

 

ŒDIPE — Mais...

Oedipe a fait la rencontre du Sphinx qui a pris l'apparence d'une jeune fille accompagnée et surveillée par Anubis, le dieu égyptien à tête de chacal. Amoureuse du jeune héros plein de suffisance, elle use d'un pouvoir magique qui paralyse OEdipe. Elle lui fait alors la « démonstration « de ce que devrait être l'épreuve du Sphinx, lui livrant sur le mode de l'irréel la clé de la fameuse énigme.

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« Œdipe a fait la rencontre du Sphinx qui a pris l'apparence d'une jeune fille accompagnée et surveillée par Anubis, le dieu égyptien à tête de chacal.

Amoureuse du jeune héros plein de suffisance, elle use d'un pouvoir ma­ gique qui paralyse Œdipe.

Elle lui fait alors la « démonstration » de ce que devrait être l'épreuve du Sphinx, lui livrant sur le mode de l'irréel la clé de la fameuse énigme.

1 -UNE DÉMONSTRATION ET UN ACCOMPLISSEMENT La « simple démonstration » du Sphinx Ce sont les mots prononcés par le Sphinx lui-même(« C'était une démonstra­ tion, Œdipe, une simple démonstration ») et qui servent de point d'articulation dra­ matique à l'extrait.

«Démonstration» signifie volonté de montrer -ou de démon­ trer -de mettre en scène et de révéler.

Telle est lorientation de ce passage, fortement théâtralisé, où le Sphinx lève le voile sur l'inconnaissable et révèle l'énigme à Œdipe.

Mais la démonstration est aussi celle d'un pouvoir magique qui échappe à l'homme et d'un destin inéluctable.

Ainsi, la démonstration est surtout révélation pour le spectateur.

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