JEAN DE GERSON : sa vie et son oeuvre

JEAN DE GERSON, pseudonyme de Jean Le Charlier (1363-1429). Prédicateur et théologien. Né près de Rethel, au village de Gerson-lès-Barby (dont il prendra plus tard le nom, selon la coutume universitaire), Jean est l’aîné des nombreux enfants d'un petit artisan. Après des études élémentaires à l’abbaye bénédictine de Saint-Rémi de Reims, il reçoit en 1377 la tonsure de clerc et entre comme boursier au collège de Navarre, à Paris. En 1381, il est licencié ès arts, à peu près en même temps qu’un autre jeune Champenois, Nicolas de Clamanges, avec qui il se lie d’une durable amitié. Deux textes récemment retrouvés — une lettre à un protecteur et une églogue sur le Schisme imitée du Bucolicum Carmen de Pétrarque —, datables de 1382, témoignent d’une orientation intellectuelle et d’un niveau de culture surprenants pour l’époque, et obligent à considérer Gerson — classé par divers auteurs parmi les adversaires de l’humanisme — comme le premier en date des humanistes français. Cette tendance continuera d’ailleurs à se manifester à diverses périodes de sa vie, notamment dans une œuvre poétique latine importante à tous égards et dont on a longtemps sous-estimé l’intérêt.

Encore adolescent, il est nommé pour un an procureur de la « nation » de France à l'université de Paris et entame, toujours au collège de Navarre, ses études de théologie; il les poursuivra jusqu’à la maîtrise, qu’il obtiendra en décembre 1392. Dès 1388, son maître, Pierre d’Ailly, l’associe à une délégation universitaire auprès du pape d'Avignon, Clément VII, pour faire condamner les thèses du dominicain Juan de Monzon, qui nie l’immaculée Conception; à cette occasion, le jeune théologien rédige un traité, récemment identifié, dont le prologue constitue un véritable manifeste humaniste. En 1391, il est déjà appelé à prêcher devant le roi. Deux ans plus tard, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, se l’attache comme premier aumônier et le fait nommer doyen du chapitre de Saint-Donatien à Bruges. En avril 1395, Pierre d’Ailly, nommé évêque