Jettatura de Gautier : commentaire de la dernière scène

« Cette scène explicite véritablement le passage à l'acte de Paul.

Il est fermement décidé à mettre fin à ses jours etpersonne ne l'en empêche.

En effet, Vicè reste en retrait et ne tente en aucun cas de le retenir même si elle estquelque peu attendrit par l'attitude de Paul.

Il ne s'exprime plus et ne prononce plus une seule paroles « Quand cesadieux muets furent terminés », l'adjectif qualificatif muets renvoie à cette image du pantin analysé précédemment.Le réseau lexical de la mort matérialisée dans un être fantomatique est apparent tout le long de l'extrait « fantômeaux yeux éteints », cette métaphore illustre bien le fait que Paul n'ait déjà plus rien de vivant, son corps est sansvie, « dernier sommeil », apparitions de marbres », « marche sinistre ».

Toutes ces expressions appuient le fait quela mort est presque inévitable dans ce passage.

La comparaison à une statut de marbre correspond à un étatd'esprit figé de la part de Paul, il ne réfléchit plus, il marche droit devant lui, sans retour possible.

Il ne fait plusattention vraiment à ce qu'il l'entoure, « dérangeant des pierres du pied, trébuchant quelquefois [...]mais avançanttoujours.

» La détermination de Paul fait écho à celle d'Alicia et à l'amour qu'elle lui portait.

Le réseau lexical de la «non » vue de Paul est décrit par le narrateur avec précision et accentue le fait que Paul et Alicia, ont un lien: Paulse perce les yeux avec une lame blanche afin de ne plus infliger son regard de jettatore à sa bien-aimé, « ses yeuxouverts et fixes, aux prunelles atones, avaient une expressions surnaturelles[...] on aurait dit qu'ils voyaient.

» Sonétat d'être humain n'est plus ici.

Il est mort en même temps qu'Alicia. Nous pouvons noter aussi une profonde ressemblance entre cette nature sauvage et mortelle avec l'aversion d'Aliciapour les plantes et les jardins non taillés...

Nous retrouvons ici, une nature déchainée, des éléments révoltés, lapersonnalisation de la mer montre à quel point le relation qu'entretient Paul avec la nature est forte, elle l'appelle«La grande voix de la mer résonnait de plus en plus distincte ».

Il va lui offrir sa vie, à la mer mais aussi à Alicia et netient pas compte des avertissements que lui envoie les goélands et la brise violente, « les goëlands inquietspoussaient des cris plaintifs », « Le fracas des flots, la pluie salée, que la rafale arrachait aux vagues et lui jetait auvisage auraient dû l'avertir du danger » l'enchaînement successif et rapide de ses juxtapositions nous montre à quelpoint la chute de Paul est arrivé brusquement.

Il n'a que faire de tout ces avertissements « il n'en tint aucuncompte […] il continua sa marche sinistre.

».

De plus, nous pouvons dire que la métaphore filée de la mer est unécho aux sentiments éprouvés par Paul. Finalement, Paul et Alicia meurent tout les deux dans la souffrance d'avoir aimé.

La nature rappelle le lien qui leslient. De ce fait, la chute du personnage de Paul marque la fin de la nouvelle car la jettature n'est plus.

L'Amour ne gagnepas contre la Mort dans cette nouvelle.

Gautier a réussi à faire du dénouement de la nouvelle une tragédie: lespersonnages sont en proies à leur desseins funestes et rien ni personne ne pourra contrer cette fin. Nous pouvons nous demander si la relation et les conséquences qui s'en suivent n'auraient pas une ressemblanceavec Roméo & Juliette de Shakespeare, dont la fin tragique pourrait avoir des liens avec la nouvelle Jettatura, carfinalement, l'issue de ces deux jeunes couples et vouée à l'echec quoiqu'il advienne?. »