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José-Maria de Hérédia: Les Conquérants

Publié le 05/03/2011

Extrait du document

1 Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,    2 Fatigués de porter leur misère hautaine,    3 De Palos de Moguer, routiers et capitaines    4 Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.    5 Ils allaient conquérir le fabuleux métal    6 Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,    7 Et les vents alizés inclinaient leurs antennes    8 Aux bords mystérieux du monde occidental    9 Chaque soir, espérant des lendemains épiques    10 L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques    11 Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;    12 Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles,    13 Ils regardaient monter en un ciel ignoré    14 Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.    Les Trophées   

Au XVIe siècle, les premiers grands voyages maritimes vers le « Nouveau Monde «, en particulier, ceux de Christophe Colomb, de Vasco de Gama, de Magellan.

- en géographie : Situez Palos de Moguer, à l'extrême sud de l'Espagne, en Andalousie, sur le gotfe de Cadix. - en littérature : Au XIXe siècle, l'école littéraire du « Parnasse « et quelques données biographiques sur Hérédia, né à Cuba et d'ascendance espagnole.   

« constante des pluriels (ici renforcée par l'absence d'articles).

L'alliance des deux mots « misère hautaine » nousrenvoie au monde du « Siècle d'Or » espagnol avec ses « hidalgos » dont la seule richesse est l'honneur, au milieud'une soldatesque grossière (il est impossible, malgré son emploi figuré, d'éviter le sens littéral de l'adjectif « ivres »,ni celui de « brutal »).

Une troupe de ventre-creux, dévorés de cupidité, évoqués par la comparaison liminaire,admirablement suggestive, avec les oiseaux prédateurs que sont les « gerfauts » et la métaphore presque réalistedu « charnier ». L'ardeur qui les anime s'exprime par les verbes d'action (porter, partir - lui-même accentué par le rejet en début devers -, aller, conquérir).

Leur brutalité, p?r le choc des sonorités : abondance des consonnes occlusives (elles sontsoulignées dans la première strophe), par la juxtaposition des voyelles, voire par les hiatus. - Où vont-ils ? La destination est une illusion (qu'expriment les mots « rêve » et « fabuleux métal ») ; illusion car, croyant partirpour « Cipango », les Conquérants (les premiers du moins), voguaient en réalité vers les « Amériques » ; illusionaussi que le mythe de « L'Eldorado » (le pays de l'or), pays du fabuleux métal ; la périphrase synthétise à la fois lacupidité des aventuriers et l'exactitude de l'illusion : la légende des richesses du Nouveau Monde enflammera encoreles imaginations deux siècles plus tard. Cet irrépressible appel de Tailleurs est exprimé par les verbes « ils partaient », « ils allaient » et surtout parl'expression à la fois prosaïque et poétique des « mines lointaines ». 2e PARTIE : La découverte Alors que le poème dessinait un itinéraire, Hérédia nous épargnera l'arrivée et ses cruelles conséquences ; la poésiesuspend le déroulement de l'histoire. - De l'action au rêve Dans le temps préservé du voyage, par force, la fièvre de l'action s'assoupit.

Le vocabulaire traduit le déploiementde l'imaginaire : « bords mystérieux », « espérant des lendemains...

» et surtout « l'azur...

enchantait leur sommeild'un mirage doré » ; nul doute qu'il ne faille restituer au verbe « enchanter » son sens premier de « ensorceler ».Seul l'adjectif « épique » rappelle fugitivement ce qu'avaient de menaçant les images initiales.

Ce sont des sonoritéstoute nouvelles qui expriment l'alanguissement de l'inaction ; des consonnes sifflantes (« s », « z »)1 et uneremarquable utilisation des voyelles nasales2, donc adoucies. 1) Allitérations : - en « s » : par exemple : Cipango, mystérieux, phosphorescent, Océan ; - en « z » : par exemple : alizés, azur, et les sonorités générées par les liaisons obligatoires : ils allaient, ventsalizés, etc. 2) Assonances : voyelles nasales : - « â » : vents, antennes, penchés à l'avant des blanches caravelles ; - « ô » : conquérire, monde, monter, fond. - Du rêve à la découverte Sans doute est-ce à partir de l'adjectif « lointaines » et à partir du cortège de connotations qu'il charrie que lepoème a basculé dans l'évocation du voyage.

Le vocabulaire presque géographique : « les vents alizés », « la merdes Tropiques », « le monde occidental », rythment la découverte des grands horizons. - La fascination du vaste monde En une subtile mais saisissante mutation, la vision a investi le poème ; le sujet a été supplanté par l'objet.Remarquons que les « Conquérants », les hommes, les héros ne sont plus désignés, brièvement, fugitivement, quepar des possessifs, un pronom (ils).

Ils ne sont plus que regard.

La vision s'élargit jusqu'à devenir presque cosmique,comme si le « monde occidental » était vu de très loin, de très haut, d'ailleurs...

comme si la réalité du mondes'enrichissait d'un monde de reflets marins : « L'azur phosphorescent » et son « mirage doré » évoquant à la foisl'astre et son image, le ciel et la mer...

comme si la vision englobait aussi bien l'univers sidéral (« ciel ignoré », «étoiles nouvelles ») que les profondeurs abyssales (« du fond de l'océan »). CONCLUSION (Suggestions) Rapprocher la vision historique et morale du texte de Montherlant de la vision esthétique et poétique du sonnet deHeredia.. »

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