KEEPSAKE
Publié le 08/01/2019
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KEEPSAKE. Bien que, dans les Misérables, Hugo la fasse remonter à 1817 (I, 3, iii), ce n’est qu’à l’époque du romantisme triomphant que s’est répandue la mode du keepsake, le premier recueil à porter ce titre — le Keepsake français — datant de 1830.
Venu d’Angleterre — c’est en 1828 que fut fondé, à Londres, par l’éditeur F. Mansel Reynolds, The Keepsake —, le phénomène s’est répandu en France, aux États-Unis et en Allemagne où il a sensiblement modifié l’aspect des Taschenbücher qui tenaient lieu d’annuaires poétiques. D’aspect très luxueux, souvent présenté sous cartonnage moiré, le keepsake est une publication annuelle offerte à un être cher dont le nom peut être inscrit dans un cartouche dédicatoire (to keep for some-body’s sake, «garder en souvenir de quelqu’un»). Mêlant étroitement textes et illustrations en taille-douce, le keepsake français consiste souvent en « une alliance entre les arts de l’Angleterre et la littérature de France » (avis de Mme Tastu en tête des Soirées littéraires de Paris, 1832); d’où les sous-titres des livraisons d’alors : le Keepsake du cœur ou Recueil de littérature contemporaine orné de vignettes anglaises (1838), le Selam. Morceaux choisis inédits de littérature contemporaine. Orné de dix vignettes anglaises, etc.
«
éblouis
sur le nom des auteurs inconnus qui avaient
signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes, au bas de
leurs pièces.
« Elle frémissait en soulevant de son
haleine le papier.
..
» (1, 6).
Né avec le triomphe du romantisme, le keepsake s'est
éteint avec la réaction réaliste : dès 1845, la Croix d'Or
déclare que « la mode en est passée; on se lasse de tout,
même des vignettes anglaises, surtout quand on est fran
çais».
Il est vrai que la multiplication des keepsakes
F.
Lachèvre en dénombre plus d'une centaine entre 1823
et 1848, sans compter les autres types de recueils collec
tifs - en avait grandement dénaturé la fonction initiale,
au point que J'on vit tleurir des keepsakes à caractère
«thématique>> religieux (le Keepsake religieux.
Dédié
aux femmes chrétiennes, 1835), maritime (le Brick.
Album de mer, 1836), régionaliste (le Keepsake breton,
1832), etc.
Ainsi, loin de demeurer un lieu de rencontre
entre artistes, le keepsake était devenu le refuge d'au
teurs en mal d'éditeurs.
BIBLIOGRAPHIE Il n'existe pas d'étude littéraire ou sociologique des keepsa
kes.
En revanche on trouvera une recension importante dans
Fr édé ric Lachèvre, Bibliographie sommaire des keepsakes er
autres recueils collectifs de la période romamique.
1823-1848,
Paris.
1929.
réé d.
Genève.
Slatkine Reprints.
1973.
O.
COUTY.
»
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