kenza roi s amuse
Publié le 09/03/2017
Extrait du document
«
Dans Pantagruel , François Rabelais met en œuvre un géant du même nom, dont
actions et discussions cachent un véritable débat politique et philosophique.
Mais le roman propose également des personnages que l'on doit davantage prendre
au sérieux :
Les héros du roman précieux sont totalement fictifs et symboliques.
Les personnages du roman classique sont l'occasion d'explorer le cœur
humain.
Dans La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, le personnage éponyme est
un exemple de vertu et respecte en cela les idéaux de la tradition romanesque.
Toutefois, cette femme est en proie à une passion qu'elle s'évertue à combattre : elle
aime profondément le duc de Nemours, que, même veuve, elle refusera d'épouser,
au nom de l'idéal de cet amour.
Au XIXe siècle : un individu comme les autres
Le XIXe siècle est celui de l'apparition de l'individualité et de la mise en avant de la
bourgeoisie.
C'est à cette époque que le personnage de roman prend sa définition
traditionnelle.
Le personnage est devenu un être complexe.
Il a une identité (un nom, un prénom,
un statut socioprofessionnel, des relations avec d'autres personnages), une histoire
(un passé, des projets d'avenir), un caractère (une personnalité en lien avec son
histoire, ses proches, son statut socioprofessionnel).
Le narrateur s'appuie alors sur :
Un jeu des points de vue
Des passages descriptifs
Des discours rapportés
Le portrait du personnage devient un exercice incontournable.
Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour
de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées.
Sa
face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ;
ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d'église, son corsage
trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où
s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide
sans en être écœurée.
Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses
yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer
renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme
la pension implique sa personne.
Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous
n'imagineriez pas l'un sans l'autre.
L'embonpoint blafard de cette petite femme est le
produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un
hôpital.
Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une
vieille robe, et dont la ouate s'échappe par les fentes de l'étoffe lézardée, résume le
salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les
pensionnaires.
Quand elle est là, ce spectacle est complet.
Âgée d'environ cinquante
ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs.
Elle a
l'œil vitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire
payer plus cher, mais d'ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou
Pichegru, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer.
Néanmoins, elle est bonne
femme au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l'entendant
geindre et tousser comme eux.
Qu'avait été monsieur Vauquer ? Elle ne s'expliquait
jamais sur le défunt.
Comment avait-il perdu sa fortune ? Dans les malheurs,
répondait-elle.
Il s'était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour
pleurer, cette maison pour vivre, et le droit de ne compatir à aucune infortune, parce
que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu'il est possible de souffrir..
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