La bestialité dans « La bête humaine » de Zola
Publié le 08/05/2012
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Le titre du roman d'Emile Zola est particulièrement intéressant. Pour rédiger ce dossier, je me suis dans un premier temps, interrogée sur ce que ce titre peut nous révéler. En effet, je me suis documentée à propos des différents titres envisagés par Zola, avant qu'il n'opte définitivement pour celui de La Bête Humaine. A travers le titre, l'auteur cherchait avant tout un moyen de véhiculer des idées, des thèmes récurrents qui jalonnent son roman.
Ainsi, il a envisagé successivement des titres autour des thèmes suivants :
- la bestialité : "le réveil du loup", "les carnassiers", "les fauves", "l'homme mangeur de l'homme"
- la violence : "détruire", "la soif de sang", "l'homicide", "pour le plaisir"
- l’hérédité : "le meurtre ancestral", "né pour tuer", "l'ancêtre inconnu"
- le progrès : "le monde en marche", "sous le progrès", "civilisation"
Derrière ces recherches d'un titre qui puisse réunir toutes ces idées et ces thèmes à la fois, se cache donc le titre final choisi par Zola, La Bête Humaine. Ce choix est très minutieux, dans le sens où il réunit en seulement trois mots l'essence même de l’œuvre de son auteur.
A la lecture de ce titre, nous pouvons être tenter de penser qu'il n'illustre que la bestialité de l'homme. Alors qu'en réalité, si Zola a fait ce choix, c'est pour permettre d'ouvrir la dimension de l'interprétation à ses lecteurs, mais également la pluralité de sens qui se trouve dans ces trois mots.
Zola voulait que son titre illustre: "le chemin de fer comme fond, le progrès qui passe devant la bête humaine déchaînée [...] C'est le progrès qui passe, allant au XXème siècles." (Extrait du Bestiaire de Zola, Revue Europe par P. Bonnefis 1968)

«
1.
la bestialité de l'homme
La bête humaine sommeille en chacun de nous.
Nous apprenons à la dompter du mieux que nous
pouvons.
La Bête humaine parle de gens qui n'ont pas su la maîtriser et qui agissent selon leurs nerfs et leur
sang.
Ce n'est pas sans ressembler à Thérèse Raquin, où les deux personnages principaux sont
aussi des bêtes humaines.
En fait, ces deux romans se ressemblent de par cet aspect.
Mais le
roman étudié dans ce dossier relate des pulsions moins intériorisées, ce qui amène à un roman
jonché de morts, tueries, accidents, meurtres; un bain de sang, duquel le lecteur ressort ébranlé,
lui aussi inévitablement marqué par ces horreurs.
On peut se demander si ce livre n'est pas
exagérément axé sur la violence, si Zola n'a pas dépassé certaines limites qui font basculer un
roman de qualité littéraire vers un livre qui sert à assouvir les penchants morbides du public.
Le
lecteur risque en effet d'éprouver parfois quelques difficultés à comprendre la nécessité de
tellement de sang, d'horreurs, de crimes gratuits.
Dans ce roman, on retrouve quelques thèmes relativement simples qui accompagnent le lecteur
tout au long du roman.
Ces thèmes sont :
- le crime : on retrouve la fameuse tare héréditaire de Lantier qui se manifeste sous cette envie
indomptable d'égorger des femmes.
- le mouvement : c'est un roman qui est dynamique, où les personnages agissent, bougent, se
déplacent.
- la machine.
(Nous reviendrons sur la locomotive dans une seconde partie)
Mais le dénominateur commun est l'explication du titre du roman : La bête humaine : l'homme
primitif.
En chacun de nous, plus ou moins étouffé par la civilisation, se tapit un instinct de mort
dont l'origine est incertaine; Jacques, à plusieurs reprises, se pose cette question (« Posséder, tuer,
cela s’équivalait-il, dans le fond sombre de la bête humaine ? » page 228) angoissée.
Tout ce
passe en lui comme si cet être primitif, surgi dans les moments de crise d'origine sexuelle,
agissait à sa place (« l’affreux mal le reprenait, un tel vertige, qu’il s’en dégageait vite, glacé,
terrifié de n’être plus lui, de sentir la bête prête à mordre.
» page 309 »).
Dès Le Roman expérimental, Zola avait dénoncé ce fond d'animalité présent en tout homme: «Le
terrible est que nous arrivons tout de suite à la bête humaine, sous l'habit noir comme sous la
blouse.
En haut, en bas, nous nous heurtons à la brute.» Et voici que, presque au terme de la série
des Rougon-Macquart, il a décidé de fondre en un seul personnage les deux hérédités : celle de la
tare familiale, qui trouve chez Jacques sa plus horrible expression, et l'héritage primitif qui la
double et peut-être en accentue les effets.
Car en évoquant la bête dans le titre, Zola parle avant tout de celle qui sommeille en Jacques
Lantier et qui le pousse à tuer les femmes qui s’offrent à lui.
Il passe de l’homme moderne,
évolué à un être primitif.
Jacques Lantier est le personnage principal de l’ œuvre La Bête Humaine, d'Emile Zola.
Issu de la
branche Macquart de la grande famille de Zola, il travaille comme mécanicien sur sa locomotive.
»
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