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la charogne de Baudelaire

Publié le 29/09/2015

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baudelaire
Dans ce poème comme dans celui de Baudelaire, le mouvement du texte est le même ainsi que, en apparence, le propos. En effet, dans un premier temps, le poète présente l?objet de sa vision, ici la fleur, dont il suppose toute la splendeur. De même, au début du texte de Baudelaire, la carcasse a l?air «superbe« (v.13), et est présentée dans un cadre bucolique (de nature). Puis, le poète constate la dégradation de la fleur ou de la charogne et dans un dernier temps s?adresse à la femme aimée pour la mettre en garde contre le temps qui passe et faire de l?objet observé le miroir de cette femme destinée, comme tout être, à mourir. Ainsi, le propos semble le même: la femme aimée doit voir sa propre image future dans la décomposition de la nature: c?est le principe de la Vanité (le spectacle du monde n?est montré que pour mieux faire apparaître le néant à l??uvre, la mort qui vient inévitablement.On peut diviser le texte en différentes parties:- v.1- 4: adresse à la femme aimée et contexte du souvenir invoqué- v.5-16: description de la charogne, méliorative malgré le spectacle répugnant- v.17-24: perte d?unité de la charogne par les larves- v.25-36: décomposition de la charogne- v.37-48: adresse à la femme aimée promise à même mort et même décomposition Le mot \"transmutation\" vient du vocabulaire de l'alchimie : il s'agit de changer un matériau en un autre,plus précieux. Chez Baudelaire la boue est transformée en or. L??uvre (poétique ou en prose) de Baudelaire est une méditation sur la laideur et sur la capacité de la poésie à en faire de la beauté. Ainsi faut-il comprendre ce vers d?un épilogue inachevé des Fleurs du Mal: «Tu m?as donné ta boue et j?en ai fait de l?or«. Cependant, vous pouvez remarquer immédiatement que Baudelaire utilise un topos en le poussant à bout: ce n?est plus une rose déflorée que l?on voit mais une charogne! Ainsi, le topos est partiellement détourné: le beau même décomposé laisse place au laid, au répugnant, à l?horrible. Ainsi, Baudelaire substitue à la célébration de la beauté éphémère de la rose et de la femme, la célébration du laid, de l?horrible, de ce qui est mort . Ainsi,Baudelaire pose la question du beau dans l?art: l?art doit-il nécessairement célébrer la beauté? Peut-on célébrer le laid avec une forme belle? [ On pourra ainsi se demander comment Baudelaire détourne le topos littéraire de l?adresse à la femme aimée dans une vanité pour se livrer à une célébration paradoxale du laid, du répugnant et du mort (de la mort?). I ? De la vanité à la description macabre La vanité est un type de tableau très courant au XVIe siècle dans la peinture baroque. Son propos est moral: il s?agit de rappeler à celui qui regarde qu?il doit mourir et ne sera bientôt plus rien, quels qu?aient été ses biens et sa puissance durant sa vie. Ce message est résumé par la formule latine: memento mori, souviens-toi que tu va...


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« de la charogne. L’horreur de la vision est renforcée par la vision de la perception de la femme: «vous crûtes vous évanouir». 1.3 ) De la perte d’unité à la disparition de la charogne Dans les strophes 5 et 6, le poète s’attache à montrer la perte d’unité de la charogne: en fait, ce que l’on pouvait encore voir dans les strophes précédentes disparaît sous le grouillement des larves: métaphore guerrière des armées de larmes – «noirs bataillions / De larves » (l’horreur est soulignée par le rejet)-, comparaison avec l’eau:«qui coulaient comme un épais liquide», «comme une vague», verbes de mouvements – «descendait, montait»,«s’élançait».

Le nombre exubérant de larves est encore renforcé au vers 21 par la reprise «tout cela» et au vers 25 par «ce monde».

Avec ironie, le poète montre la carcasse reprenant un aspect vivant, traversée par la vermine:«vivants haillons» - (une) hypallage: figure de style qui consiste à rapporter à certains mots d’un énoncé ce qui devrait logiquement être attribués à d’autres - , «enflé d’un souffle vague», «vivaient en se multipliant». Dans les vers 29 à 36, le poète présente la disparition progressive de la charogne rendue par l’usage de l’imparfait à valeur durative : «Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve». Le poète utilise la métaphore,de l’ébauche de la peinture, qui sera à interpréter.

Les chairs que l’on voyait encore puis qui étaient ensevelies sous les larves ont désormais disparu pour laisser place au « squelette», v.35. Ainsi, quoique le poète présente une découverte soudaine, dont la temporalité est précise, c’est la décomposition progressive de la charogne que l’on voit.

Baudelaire use des effets réalistes, de la personnification et des effets de surprise pour rendre visible cette charogne.

Le texte se fait même visionnaire et dépasse le simple réalisme pour créer une hallucination, une vision onirique (les armées de larves dévorant le cadavre).

Baudelaire rompt ainsi avec la tradition poétique en mettant au cœur de son poème non pas la femme aimée comme le faisait Ronsard, mais la charogne elle-même, vision d’horreur.Ainsi, l’ironie est visible, tant dans l’adresse à la femme aimée que dans le propos sur la nature. II – Une déclaration d’amour...ironique 2.1 ) Un couple uni Le poème débute par l’inscription du couple: le poète s’adresse directement à elle par l’emploi de «vous»,l’appel au souvenir commun – «rappelez-vous l’objet que nous vîmes» et l’exhortation – «dites», v.45.

La femme est également désignée dans le poème de façon méliorative: «mon âme» (v.1), «étoile de mes yeux, soleil de ma nature» (v.39), «Vous, mon ange et ma passion» (v.40), «ô la reine des grâce» (v.41), «ô ma beauté» (v.45).

On voit dans ces citations l’usage de la métaphore des astres mise en valeur par le parallélisme de construction.

L’usage du pronom personnel «nous» et l’adjectif possessif «mon» ou «ma» associé à des termes comme «passion»(diérèse au vers 40) montre un lien affectif exclusif . 2.2 ) L’ironie à l’égard de stéréotype amoureux Cependant, cette figure féminine est trop curieusement associée à la charogne pour que sa vision ne soit pas ironique.

Ainsi, au vers 37, le poète compare cette femme à la charogne en ravalant la femme au rang d’ordure: «et pourtant vous serez semblable à cette ordure».

Dès lors les vers 39 et 40 ne peuvent s’entendre que sur le mode ironique, d’autant plus que «passion» est lié à l'infection» par la rime et même par la diérèse, dans chaque cas. Dans les vers 41 à 44, la poète insiste sur l’antithèse entre «reine des grâces» et «moisir parmi les ossements». Dans la dernière strophe, on observe un glissement du motif de l’amour à celui de la mort, d’Eros à Thanatos,puisque ce sont désormais les vers qui embrasse la femme aimée.

De fait, l’amour lui-même semble mort, dans le,dernier vers: «de mes amours décomposés!».

En réalité, l’adresse à la femme aimée, suit, dans les trois dernières strophes le mouvement de dégradation que l’on avait déjà dans les strophes consacrées à la charogne: la femme devient semblable à l’ «infection», puis disparaît sous terre, dévorée par la vermine. Ces éléments montrent l’aspect parodique de la déclaration d’amour à la femme.

La poésie humaniste sublime la beauté de la femme; mais ici, le poète la assène cruellement sa fin prochaine et sa décomposition! L’ironie montre cependant une réflexion sur l’art poétique. III – L’ironie à l’égard du spectacle de la nature et une réflexion sur l’acte poétique 3.1 ) L’ironie à l’égard des clichés poétiques L’ironie à l’égard des poèmes dédiés à la femme aimée sous forme de Vanités est perceptible dans les brusques changements de registre de langue et de style: on passe ainsi assez systématiquement d’un style élevé et noble à un style bas, qui donne dans le vulgaire au vers 3, dans l’érotique, dans la deuxième strophe, dans le prosaïque au vers 10, dans l’horrible aux vers 15 et 16.

A chaque fois, ces changements provoquent un effet de surprise mais aussi un effet déceptif au regard des attentes du lecteur devant la description méliorative de la nature et le thème du couple. De même, comment ne pas voir une distance ironique dans la complaisance avec laquelle le poète décrit la charogne,usant d’un luxe douteux de détails dans la deuxième strophe et d’une description horriblement enthousiaste dans les vers 17 à 24: on frôle ainsi la vision épique (frôle seulement, ne faites pas de la strophe 5 un combat!) et son caractère onirique est particulièrement fort.

De même, Baudelaire joue sur les clichés poétiques: la célébration de la Nature(que l’on retrouve sans ironie dans le poème « Correspondances» des Fleurs du Mal) qui ici devient un agent de pourrissement (v.11-12), la vision du corps et de l’âme, du corps animé par le souffle de l’esprit,thème romantique et emprunté à la Bible: dans les vers 23-24, le souffle devient...le mouvement des vers! Le poète reprend aussi la célébration du mouvement et de la musique du. »

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