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LA DOLONIE - Chant X de l'ILIADE - HOMERE

Publié le 17/03/2011

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iliade

   Le chant X est un chant épisodique, qui pourrait être supprimé, sans que Faction principale souffrît aucun dommage. Ce ne serait point une raison suffisante pour en rendre l'origine suspecte. Une scholie nous dit que « cette rhapsodie avait eu son existence indépendante, qu'elle ne faisait point partie de l'Iliade, et qu'elle avait été insérée dans le poème par Pisistrate «. Nous ignorons sur quelle autorité se fondait le scholiaste du manuscrit T, auquel nous devons cette note, et la référence à Pisistrate n'est pas de nature à la recommander beaucoup à ceux qui croient légendaire le rôle attribué à ce tyran athénien dans l'histoire de l'Iliade. D'autre part, les caractères intrinsèques du chant nous inclinent à croire que la tradition qu'il a recueillie n'était pas sans fondement.   

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« bien polie alla se ficher dans le sol.

Dolon s'arrêta, tremblant, balbutiant ; ses dents s'entre-choquaient dans sabouche ; il était vert de peur.

Ils l'atteignirent, essoufflés, et leurs mains le saisirent.

Il fondit en pleurs et leur dit :« Prenez-moi vivant ; et je me rachèterai, car j'ai chez moi de l'airain, de l'or et du fer précieux.

Mon père vous enoffrirait une immense rançon, s'il apprenait Que je suis vivant, près des vaisseaux des Achéens.

» L'astucieux Ulysselui répliqua : « Prends courage ; et ne pense pas à la mort.

Mais tu vas me dire et m'expliquer exactement ce quevoici : comment se fait-il que tu ailles ainsi, seul, vers nos vaisseaux, dans les ténèbres de la nuit, loin du bivouac,quand tous les autres mortels dorment ? Est-ce qu'Hector t'a envoyé espionner tout ce qui se passe, vers lesvaisseaux creux ? ou est-ce de ton propre mouvement que tu viens ? » Dolon lui répondit alors, en tremblant de tous ses membres : « Pour mon malheur, dans ma folie, je me suis laissépousser par Hector ; il m'a promis de me donner les chevaux aux bons sabots de l'illustre Péléide, avec son charbrillant d'airain.

Et il m'a dit d'aller, dans les ténèbres de la nuit, de m'approcher de l'ennemi et de tâcher de savoir siles vaisseaux légers sont bien gardés comme auparavant, ou si, déjà vaincus par nos bras, vous méditez entre vousla retraite, et ne pensez pas à vous garder de nuit, parce que vous êtes recrus de fatigue.

» L'astucieux Ulysse luirépondit avec un sourire : « Ce n'est pas une mince récompense que ton cœur désirait ! les chevaux du sage Éacide! Sais-tu qu'ils sont malaisés à gouverner et à atteler, pour les mortels, pour tout autre du moins qu'Achille, qu'a misau monde une mère immortelle ? Mais dis-moi et explique-moi exactement : où, en venant ici, as-tu laissé Hector,pasteur des hommes ? Où sont ses armes de guerre ? où sont ses chevaux ? Où sont les sentinelles des Troyens, etleur campement ? Que méditent-ils entre eux ? Veulent-ils demeurer ici près des vaisseaux, loin de la ville, ou yrentreront-ils, satisfaits d'avoir vaincu les Achéens ? » Dolon, fils d'Eumédés lui fit cette réponse : « Hé bien l je vaist'expliquer tout cela exactement.

Hector, au milieu de ceux qui sont de bon conseil, délibère, près du tombeau dudivin Ilos, loin du tumulte.

Quant aux sentinelles sur lesquelles tu m'interroges, héros, on n'en a choisi aucune pourprotéger et garder le camp.

Dans tout ce qu'il y a de foyers troyens allumés 1, ceux à, qui cette tâche incombeveillent et s'exhortent mutuellement à faire bonne garde.

Mais au contraire leurs illustres alliés dorment ; ils laissentaux Troyens le soin de veiller, eux, qui n'ont pas près d'eux leurs femmes et leurs enfants.

» L'astucieux Ulysse lui répondit : « Comment dorment-ils maintenant ? Sont-ils mêlés aux bons écuyers Troyens, ousont-ils à part ? Précise-moi cela ; que je le sache bien.

» Dolon, fils d'Eumédés, lui fit cette réponse : « Je vais t'expliquer tout cela très exactement.

Du côté de la mer sontles Cariens et les Péoniens à l'arc recourbé ; avec les Lélèges, les Cariens, et les divins Pélasges ; le côté deThymbrée est échu aux Syriens, et aux nobles Mysiens ; aux Phrygiens, qui combattent à cheval et aux Méoniensqui ont sur leur casque une crinière.

Mais pourquoi me demandez-vous ainsi tous ces détails ? Si vous avez envie devous glisser dans la masse des Troyens, il y a ici les Thraces qui viennent d'arriver ; ils sont les derniers de tous, etil y a parmi eux Rhésos, leur roi, fils d'Eionées.

Il a les plus beaux et les plus grands chevaux que j'aie jamais vus ; ilssont plus blancs que la neige, et courent comme le vent.

Son char est bien garni d'or et d'argent ; il est venu avecdes armes d'or, gigantesques, merveilleuses.

Il semble qu'elles ne soient pas faites pour des hommes, mais pour desdieux immortels.

Maintenant, menez-moi à vos navires, coureurs rapides de la mer, ou attachez-moi et laissez-moiici, dans des liens impitoyables, jusqu'à votre retour, jusqu'à ce que vous ayez contrôlé mes dires, si je vous ai dit lavérité, ou non.

» Diomède, en le regardant en dessous, lui fit cette réplique : « Ne t'imagine pas, Dolon, nous échapper.

Tu nous as, ilest vrai, bien renseignés, après être tombé en nos mains.

Mais si nous te laissons te racheter ou partir, tureviendras un jour vers les vaisseaux légers des Achéens ou nous espionner, ou nous combattre en face.

Si, aucontraire, ma main ne t'épargne pas et t'enlève la vie, tu ne risqueras plus de faire aucun mal aux Argiens.

» Il dit, et tandis que Dolon voulait prendre son menton à pleine main pour le supplier, il bondit et poussa, au milieu desa nuque, la pointe de son glaive; il lui coupa les deux muscles du cou ; Dolon poussa un cri, et tomba le front dansla poussière.

Ils enlevèrent de sa tête le bonnet de blaireau, prirent la peau de loup, son arc flexible et sa grandelance.

Et le divin Ulysse les offrit, les mains levées, à Athéné, déesse du butin, en lui adressant cette prière : «Accepte, Déesse, cette offrande ! A toi, la première sur l'Olympe, entre tous les immortels, ira notre prière.Maintenant guide-nous encore vers les chevaux et le campement des gens de Thrace.

» Il dit, et les soulevant bien haut, il plaça les dépouilles sur un tamaris. L'épisode est intéressant.

On a cru voir dans les particularités de l'armement (bonnets et manteaux de peaux debête), une confirmation de son origine récente.

Peut-être la situation (expédition nocturne) suffirait-elle à lesexpliquer, comme elle rend moins surprenant le fait qu'après avoir massacré Rhésos, Ulysse et Ajax s'enfuientmontés sur les chevaux de leur victime, alors que les poèmes homériques ignorent partout ailleurs l'équitation et queles chevaux n'y sont employés qu'à mener les chars.

Mais il faut noter aussi qu'Athéné y apparaît comme protectriced'Ulysse, un peu comme dans l'Odyssée, bien que moins nettement, et que Rhésos et ses Thraces ne sont l'objetd'aucune mention ni allusion dans aucune autre partie du poème.. »

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