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La figure du criminel dans la Bête humaine chez Zola

Publié le 25/07/2012

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La seconde affaire eut lieu le 6 décembre. Un corps, atteint de trois coups de feu durant son sommeil, retrouvé sans vie dans le compartiment d’un train en provenance de Mulhouse qui venait d’arriver à Paris. La victime, M. Poinsot, était président de chambre à la cour impériale de Paris ; on parla alors de vengeance perpétrée contre cet homme politique. L’auteur de ce dernier crime, poursuivi sous le nom de Jud, s’était également révélé être l’auteur de la tentative d’assassinat datée du 16 septembre de la même année. Des similitudes frappantes existent entre ces deux affaires et le premier meurtre qui survient dans la Bête humaine, celui perpétré par Roubaud à l’encontre de Grandmorin.

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« * Flore : fille de Phasie, elle connaît depuis sa petite enfance Jacques Lantier.

Après des retrouvailles par « hasard » avec cet ami d'enfance, Flore fera part de sonattirance envers lui.

Mais de nouveau hanté par cette force contre laquelle il ne peut lutter, il sera contraint de prendre la fuite pour ne pas tuer Flore.

Elle, étant folleamoureuse de lui et jalouse de sa maîtresse Séverine, préparera un crime en voulant tuer Séverine pour avoir Jacques.

Cet acte, purement passionnel, d'un amourfrustré, échouera et provoquera la mort de Flore elle-même, étant pleine de remords de ses actes. * Jacques Lantier : la vraie bête humaine.

Chez lui, le penchant au crime est justifié par le lourd fardeau héréditaire, par l'alcoolisme et la maladie, d'où surgit lasensibilité alcoolique (la moindre goutte le rendrait fou).

Mais selon Lombroso, il ne fait pas partie de la catégorie du criminel-né.

L'auteur a fait fausse route « en luiconcédant une vraie jouissance sexuelle, normale, pour quelque temps, avec Séverine, sans aucune arrière-pensée de meurtre »Tandis que ces malheureux criminels n'éprouvent jamais d'intermittence dans leur maladie.

Il est vrai que les criminels-nés sont impassibles à la douleurcontrairement à Jacques qui est toujours pleins de remords pour chaque crime, même pour les crimes non exécutés comme lorsqu'il rêvait de tuer Flore.

Enchoisissant la fuite à cause de la tentation de tuer Flore, il fait preuve de libre arbitre ; certes l'influence du milieu et l'atavisme sont la construction d'une personnemais elle-même reste maîtresse de sa personnalité.

C'est pour cela qu'il parviendra à épargner Flore, Séverine une première fois, et Roubaud.

Et c'est en se révoltantcontre son lourd bagage héréditaire qu'il réussit à ne pas tuer Roubaud.

Mais aussi car c'est un homme et Jacques n'est voué au destin que pour tuer de jeunesfemmes. * Séverine, quant à elle, réussit à ne pas éveiller la bête en Jacques tant qu'elle ne lui montre pas de la chair, qui est l'élément déclencheur de la folie criminelle deJacques.

Sa force supérieure reste dans ce cas-là en état de latence mais se réveillera suite à l'évocation du crime de Grandmorin.

Car l'émergence de la véritéparticipe à l'éclosion du criminel.

Et la monomanie sexuelle sanguinaire de Jacques reprendra le dessus lors de la découverte de la chaire de Séverine.* Selon Zola, Jacques serait le parfait exemple du criminel-né car à l'origine ou au bout de tout instinct, il s'agit de tuer et peut-être aussi d'être tué.

Mais comme le ditLombroso il se trompe dans cette redéfinition du criminel.

Jacques a certes quelques traits physiques (absence de barbe, abondance des cheveux, pâleur du teint,mâchoire forte) mais du fait qu'il ait le contrôle de lui en prenant la fuite et qu'il ne soit ni violent, qu'il n'ait pas commis de crimes dans son enfance, on ne peut leclasser dans les criminels-nés. L'affaire Jud/PoinsotPour son roman, Zola s'est non seulement inspiré des thèses de Cesare Lombroso et d'Enrico Ferri concernant l'anthropologie criminelle, mais aussi de deux affairessurvenues en 1860, sur des lignes de chemin de fer français.

La première affaire eut lieu le 16 septembre et fait état d'un étranger voyageant en première classe qui futretrouvé sur la voie, agressé en pleine nuit dans son compartiment.

Grâce aux soins prodigués par les médecins, il survécut et put ensuite raconter ce qui lui étaitarrivé ; il avait beaucoup d'argent sur lui et avait été complètement dépouillé par un inconnu infiltré dans sa voiture.La seconde affaire eut lieu le 6 décembre.

Un corps, atteint de trois coups de feu durant son sommeil, retrouvé sans vie dans le compartiment d'un train enprovenance de Mulhouse qui venait d'arriver à Paris.

La victime, M.

Poinsot, était président de chambre à la cour impériale de Paris ; on parla alors de vengeanceperpétrée contre cet homme politique.

L'auteur de ce dernier crime, poursuivi sous le nom de Jud, s'était également révélé être l'auteur de la tentative d'assassinatdatée du 16 septembre de la même année.Des similitudes frappantes existent entre ces deux affaires et le premier meurtre qui survient dans la Bête humaine, celui perpétré par Roubaud à l'encontre deGrandmorin.

Zola s'est en effet inspiré de ces cas, de la cabine de première classe au rang de « président » en passant par l'attaque de nuit à la marre de sang dans lecompartiment.

C'est dans le but que le meurtre semble le plus réaliste possible que Zola s'inspire d'événements qui se sont réellement produits.ConclusionDans son roman, Zola exploite abondamment la figure du criminel, inspiré par les thèses d'anthropologues de l'époque.

Zola estime que Jacques est l'exemple-mêmedu criminel-né.

Il croit pouvoir supprimer le libre-arbitre chez Jacques, parce que celui-ci est destiné à tuer Séverine.

Mais à travers son roman, il se contredira enmontrant que Jacques ne parvient pas à tuer Roubaud, parce que sa conscience, à ce moment, reprend le dessus.

C'est là une grande erreur que commet Zola, erreurque certains, tels que Lombroso, lui signifieront. --------------------------------------------[ 2 ].

ZOLA Emile, La Bête humaine, éd.

Folio classique, 417p[ 3 ].

Zola, la Bête humaine, préface de Gilles Deleuze.[ 4 ].

ZOLA, Emile, La Bête humaine, éd.

Folio classique, 64-65pp[ 5 ].

¹ La Revue des revues, critique de Zola, IV, n°23, juin 1982.² ZOLA, Emile, La Bête humaine, éd.

Folio classique, p.3914 La Revue des revues, critique de Zola, IV, n°23, juin 1982.[ 6 ].

Zola Emile, l'affaire de Jud/Poinsot-1860, Rober Laffont, Bouquins 1993, p.1399-1401. »

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