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LA GENÈSE DU CID DE CORNEILLE

Publié le 11/03/2011

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corneille

   Comment la tragédie française est sortie    du drame espagnol.    D'après les Recherches sur les théâtres de France de Beauchamps, on a raconté cent fois que le sujet du Cid avait été signalé à Corneille par un certain M. de Chalon, ancien secrétaire des commandements de la reine-mère, qui s'était retiré à Rouen, après avoir quitté la Cour. Il lui aurait offert de lui apprendre l'espagnol et, en attendant, de lui traduire lui-même quelques scènes de Guillen de Castro.    Cette anecdote n'est pas tout à fait sûre. L'autorité de Godard de Beauchamps est généralement discutable. Il prétend s'appuyer sur le témoignage d'un certain P. de Tournemine, ancien régent au collège des Jésuites de Rouen ; mais il est né en 1689, il écrit au XVIIIe siècle : il n'a pu recueillir qu'une tradition.

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« transports de fierté et de joie ; mais le temps presse, il faut qu'il lui impose un nouveau devoir.

Les Mores ontfranchi les frontières de Castille, ils ravagent les campagnes ; le vieillard a réuni cinq cents de ses parents quiattendent, bien armés, montés sur de forts chevaux.

Bonne occasion pour Rodrigue de montrer au Roi, de montrer àtous que son bras peut servir son pays comme il a lavé son injure. Dans la campagne ^devant un château de la Reine.

L'Infante, sur un balcon, rêve devant le paysage : elle admiresur la montagne la forêt de chênes, où rugit le lion, et les champs où les jeunes boutons verdissent, où chante letendre oiselet.

Elle pense aussi à Rodrigue, et justement il vient à passer sur la route, à la tête d'une troupe decavaliers : aux galanteries raffinées dont il la salue elle répond par des vœux si tendres qu'ils laissent deviner sonamour secret. Champ de bataille dans la sierra d'Oca.

Quelques scènes du combat de Rodrigue et des Mores, les unes représentéessur le théâtre, les autres décrites plaisamment par un berger qui s'est caché dans les branches d'un arbre. Une salle dans le palais du Roi.

Une leçon d'escrime du prince Don Sanche.

Il s'emporte contre le maître d'armes quilui a porté le fer au visage : il voit là une première confirmation d'un horoscope qui lui a annoncé une fin tragique.

Lavue d'un épieu ensanglanté aux mains de sa sœur, l'infante Dona Urraca, qui revient de la chasse, l'épouvanteencore, comme un sinistre présage.

(Ces deux passages n'ont aucun rapport avec l'action présente, ils sont là pourfaire prévoir l'assassinat du prince par Bellido de Olfos, qu'on verra dans la pièce suivante : Les Prouesses du Cid). Entrée d'un des quatre rois mores que Rodrigue a faits prisonniers : il débite, avec un enthousiasme peuvraisemblable, un éloge hyperbolique de son vainqueur ; il l'appelle Mon Cidy mon seigneur, et le roi juge que ce nomconvient bien au jeune héros, il le lui décerne comme un titre d'honneur. En longs habits de deuil, suivie de quatre écuyers également vêtus de noir, Chimène vient renouveler ses plaintes :le souverain n'a pas encore fait justice et pourtant, dit-elle, « il y a aujourd'hui trois mois que mon père est mort »(ce qui nous prouve qu'entre les dernières scènes de cette Journée bien des semaines ont dû s'écouler).

Le roisonge moins que jamais à se priver d'un serviteur comme Rodrigue : il lui commande de s'éloigner, mais en lecongédiant il l'embrasse.

« Ennemi que j'adore ! » murmure Chimène. Troisième journée.

— Une salle du Palais.

Désaccords dans la famille royale.

L'Infante se plaint de l'humeur violentedu prince héritier Don Sanche et de l'inimitié qu'il lui témoigne.

Son père vieillit : que deviendra-t-elle après sa mort ?Le Roi lui promet de lui léguer par son testament quelques villes fortes où son indépendance sera assurée. Pour la troisième fois Chimène vient demander justice.

Importuné par ces démarches obstinées, devinant l'amourqu'elle essaie de cacher, le Roi a l'idée de la mettre à l'épreuve ; par son ordre, on vient annoncer la mort deRodrigue.

Chimène gémit, elle défaille : elle s'est trahie.

— Mais, aussitôt qu'on l'a rassurée, dans une révolte de safierté blessée, pour se punir de n'avoir pas su garder son secret, elle jure qu'on a mal interprété sa faiblesse, c'estl'excès de la joie qui en était la cause : « Et pour prouver que je dis vrai, qu'on fasse crier en public, dans lesvillages comme dans les villes, dans les champs et sur les mers, qu'à celui qui m'apportera la tête de Don Rodriguede Bivar je donnerai, avec ma personne, tous les biens de ma maison...

» Sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.

Rodrigue est parti en pèlerinage : le voilà qui passe sur la route.

D'unfossé bourbeux une voix s'élève : un lépreux est tombé là, depuis deux jours il est sans nourriture, il implore unsecours, il tend un bras hideux que ronge le mal sans pitié.

Les compagnons de Rodrigue reculent, saisis d'horreur ;mais lui, le jeune héros, il descend de cheval, il retire le misérable en le prenant par les mains, il jette un manteausur sa chair ulcérée, il partage avec lui son repas, il mange avec lui dans la même assiette, il lui propose enfin deveiller sur son sommeil.

Mais ce sont ses yeux, à lui, qui se ferment, une force mystérieuse a clos ses paupières ;quand il les rouvre, ce n'est plus le lépreux qu'il a devant lui, c'est Saint Lazare, le patron de l'Espagne, SaintLazare, dans sa robe blanche : le saint, en revêtant un moment cette forme repoussante, a voulu l'éprouver, savoirsi, grand par la bravoure, il l'était aussi par la charité.

La preuve faite, il le bénit et lui promet toutes les gloires. Dans le palais du Roi.

Le souverain annonce à ses conseillers que son voisin, le roi d'Aragon, réclame la possessionde la ville de Calahorra, mais qu'avant de s'en emparer par les armes il propose de faire régler le litige dans uncombat singulier où deux champions soutiendront les droits des deux royaumes.

Et juste à ce moment se présentecelui qu'Aragon a choisi, Don Martin Gonzalez, géant formidable dont l'aspect seul fait frémir les plus fermes cœursde Castille.

Les jeunes gens se dérobent : heureusement le Cid est là ; il est revenu de son pèlerinage, il s'offre poursauver la ville et pour sauver l'honneur.

Les menaces arrogantes de l'Aragonais ne le déconcertent pas : le combataura lieu sur la frontière.

Avant de s'éloigner, Don Martin se déclare aussi le champion de Chimène, puisqu'un éditcrié en public a promis sa main à qui rapporterait la tête de Rodrigue. Dans l'appartement de Chimène.

Elle vient d'apprendre que sa cause sera trop bien défendue.

Elle voit déjà Rodriguemort et mort par sa faute.

Elle maudit son imprudente promesse, elle pleure ; mais elle ne peut plus se dédire, il esttrop tard. Une salle dans le Palais.

Quelques jours se sont écoulés.

Tandis que le spectateur attend avec angoisse l'issue ducombat, on l'oblige à assister à un interminable débat politique.

Le Roi sent peser sur lui, de plus en plus, le poids dela vieillesse, il s'inquiète de voir sa famille désunie, il se demande ce que deviendra son royaume quand il auradisparu.

Il interroge ses conseillers les plus fidèles, enfin appelant son fils aîné Don Sanche, dont l'ambition surtout. »

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