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LA LANGUE FRANÇAISE AU XVIIe SIÈCLE

Publié le 29/03/2012

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Boileau, par sa trop célèbre formule, invite à penser que tout commença avec Malherbe, sans qui peutêtre rien n'aurait eu lieu de ce profond travail sur la langue qui marque le XVIIe siècle. Nul ne saurait contester l'importance du poète grammairien, mais Malherbe ne fait qu'accentuer et sanctionner un mouvement amorcé dès longtemps.

Certes, la vaste entreprise de la Pléiade avait en grande partie réussi, mais le public ne suivit pas jusqu'au bout les poètes novateurs. Une fois défendue et illustrée la langue française, une fois assurées sa solidité et son autonomie, il parut moins urgent d'en augmenter encore la richesse. Ronsard lui-même - conscient d'une évolution du goût - retranche des dernières éditions de ses oeuvres certains mots nouveaux ou patoisants. Bien avant la fin des guerres de religion, un effort de sélection du vocabulaire occupe les poètes et, somme toute, quant à la doctrine, il n'y a pas un grand fossé entre Desportes et Malherbe. Peu à peu était né le souci de limiter et de guider la croissance drue de la langue....

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« 36 MANUEL D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE Réforme et purification 1.

Malherbe: de la poésie à la grammaire.

Lorsque Malherbe s'installe à la cour en 1605, il trouve donc un terrain favorable à ses exigences strictes.

On connaît son intransigeance bougonne et ses critiques tranchantes quand il s'avise d'examiner un poème d'un autre auteur.

Mais ce qui importe ici, c'est que toutes les remarques de détail de son Commentaire sur Desportes impliquent un système cohérent qui, s'il s'applique d'abord à une réforme de l'instrument poétique, affecte de surcroît la langue dans son ensemble.

Il va loin dans ses décrets.

Régent des mots, il en révoque plus qu'il n'en élève et sait toujours veiller à leur exacte ordonnance.

Par souci de pureté, il en arrive à une sévère épuration qui vise surtout les dérivés et les composés tant chéris par la Pléiade.

Par goüt de la clarté, il requiert une parfaite symétrie et harmonie des compléments: si plusieurs sont régis par la même préposition, on la répétera devant cha­ cun d'eux.

Plutôt que de laisser place aux ambiguïtés, mieux vaut alourdir la phrase.

Si Malherb2 proionge un mouvement qu'il n'a pas fait naître, i 1 sait 1 ui donner une voix ferme et sans réplique.

A en croire l'anecdote, il sacrifierait volontiers Ronsard à son goût de la perfection.

Ceux qui lui succéderont feront souvent montre de plus de tolérance dans leurs commentaires ei diront s'efforcer d'obéir à l'usage plus que de le régir; tous ces honnêtes gens pourtant doivent beaucoup à l'irascible et inso­ ciable «bonhomme'· Son extrémisme a frayé le chemin à leur modération.

2.

Les premières Précieuses et l'affinement des mœurs.

Quoi qu'il fasse, Malherbe garde un air de pédant et, seul, il n'aurait pu l'emporter si, tout autour de lui, courtisans et gens de lettres n'avaient eu le souci de donner de l'ordre et du prix à la langue.

Là où Malherbe prétend • dégasconner.

la cour pour purifier la poésie, les femmes de la bonne société pensent que choisir les mots conduit à polir les mœurs.

Animés de soucis différents, leurs efforts convergent sur bien des points.

La « querelle des femmes • avait encore occupé le XVI' siè­ cle et il suffit de relire, dans I'Heptaméron de Marguerite de Navarre, les propos des Devisants pour comprendre que la cour­ toisie n'était plus toujours la règle.

Les Dames veulent donc. »

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